Le satellite assure une couverture globale

Dossier : Géo-information et SociétéMagazine N°662 Février 2011
Par Alain BAUDOIN (66)
Par Philippe MUNIER (72)

REPÈRES

REPÈRES
L’ob­ser­va­tion est dev­enue aéri­enne en 1858 avec Félix Tour­na­chon, dit Nadar, et ses pre­mières pho­togra­phies pris­es d’un bal­lon. Dès 1959 les satel­lites améri­cains Key Hole et les son­des sovié­tiques Cos­mos pre­naient des images à des fins de ren­seigne­ment mil­i­taire. Il faut atten­dre 1972 pour qu’un satel­lite dédié à l’é­tude des ressources ter­restres, ERTS (Earth Resources Tech­no­log­i­cal Satel­lite), soit lancé par la NASA. Ses images d’une réso­lu­tion de 80 m furent les pre­mières à être dif­fusées dans le monde entier. Depuis, de nom­breuses agences spa­tiales ont égale­ment dévelop­pé des pro­grammes d’ob­ser­va­tion de la Terre, notam­ment le CNES qui a dévelop­pé 5 satel­lites Spot et 4 satel­lites Helios, l’E­SA avec ERS1 et 2, Envisat, SMOS et Cryosat, sans oubli­er les satel­lites dévelop­pés pour Eumet­sat : 7 Météosat, 2MSG, 1MetOp. Men­tion­nons aus­si des pro­grammes indi­ens et japonais.

La France pio­nnière en matière d’observation
1986 : Spot 1, pre­mier satel­lite civ­il à 10m de réso­lu­tion (NB) et 20 m (couleurs).
1998 : Spot 4, pre­mier instru­ment d’ob­ser­va­tion glob­ale de la végé­ta­tion à 1 km de résolution.
2002 : Spot 5, pre­mier instru­ment dédié à la car­togra­phie pré­cise 3D (10 m) du globe.

Les satel­lites réalisent des pris­es de vues avec des cap­teurs optiques analysant le ray­on­nement solaire réfléchi par le sol dans un plus ou moins grand nom­bre de ban­des spec­trales. Ils peu­vent égale­ment utilis­er des radars.

Les pre­miers offrent l’a­van­tage d’une inter­pré­ta­tion plus facile et d’une plus grande richesse d’in­for­ma­tions sur la biosphère, les sec­onds per­me­t­tent des obser­va­tions de jour comme de nuit et au tra­vers des nuages.

Une couverture globale

Il faut com­pléter l’ob­ser­va­tion spa­tiale par des mesures ter­restres et aéroportées

Les satel­lites offrent un cer­tain nom­bre d’a­van­tages : cou­ver­ture glob­ale de la sur­face ter­restre, vision syn­op­tique de larges ter­ri­toires, dis­cré­tion des obser­va­tions en s’af­fran­chissant des fron­tières, etc. Mais l’ob­ser­va­tion spa­tiale four­nit rarement l’in­té­gral­ité des don­nées néces­saires pour fournir une infor­ma­tion per­ti­nente. Il faut presque tou­jours la com­pléter par des don­nées et mesures ter­restres et aéroportées.

Depuis Spot 1 lancé en 1986, les cinq satel­lites de la fil­ière ont acquis plusieurs mil­lions d’im­ages, cou­vrant ain­si tous les con­ti­nents. Sur ces cinq satel­lites, deux sont encore opéra­tionnels, Spot 4 et Spot 5. La société Spot Image, créée en 1981, est dev­enue le pre­mier dis­trib­u­teur d’im­ages spa­tiales au monde, allant jusqu’à béné­fici­er de con­trats impor­tants de la part de la défense améri­caine au moment de la guerre du Golfe.

Pas de marché commercial

Une mod­éli­sa­tion 3D
L’in­stru­ment HRS de Spot 5 réalise des cou­ples stéréo­scopiques sur une bande de 120 km de large. Grâce à des méth­odes de traite­ment dévelop­pées par l’IGN il est pos­si­ble de cal­culer l’alti­tude du sol avec une pré­ci­sion d’en­v­i­ron 7m. Plus de 50 mil­lions de km2 sont déjà cou­verts par le pro­duit “Ref­er­ence 3D”, coédité par Spot Image et l’IGN.

Après avoir espéré un développe­ment du marché com­mer­cial suff­isant pour rentabilis­er les investisse­ments con­sen­tis pour dévelop­per les infra­struc­tures spa­tiales, à l’in­star de ce qui s’est passé dans le secteur des télé­com­mu­ni­ca­tions, il a fal­lu admet­tre que cela était très difficile.

Les sociétés privées améri­caines qui dévelop­pent et exploitent les satel­lites THR vivent d’abord des com­man­des très impor­tantes de la défense améri­caine. La majorité des util­isa­teurs des sys­tèmes comme Spot sont encore des organ­ismes publics. L’ESA a, pour sa part, adop­té une poli­tique d’ac­cès libre et gra­tu­it aux don­nées de ses futurs sys­tèmes, les Sen­tinelles.

Un plan gouvernemental
Le min­istère de l’É­colo­gie, de l’Én­ergie, du Développe­ment durable et de la Mer pré­pare un plan d’ap­pli­ca­tions satel­li­taires des­tiné à favoris­er l’usage des don­nées d’o­rig­ine spa­tiale. Des actions de sen­si­bil­i­sa­tion, de développe­ment des com­pé­tences et des bonnes pra­tiques doivent être mis­es en oeu­vre au sein des dif­férentes direc­tions du Min­istère pour prof­iter notam­ment des nou­velles sources de don­nées (Pléi­ades, GMES).
Le satel­lite paysan
8 000 agricul­teurs français utilisent Farm­star, un ser­vice pro­posé par Infoter­ra, fil­iale d’EADS, asso­cié à la Société Arvalis-Insti­tut du végé­tal, pour amélior­er la rentabil­ité tout en respec­tant l’en­vi­ron­nement. Les images du satel­lite Spot 5 asso­ciées à des don­nées cli­ma­tiques et agronomiques leur per­me­t­tent de mieux dos­er les apports d’en­grais, suiv­re le développe­ment des cul­tures et traiter les prob­lèmes phytosanitaires.

Des coopérations internationales

La majorité des util­isa­teurs des sys­tèmes comme Spot sont encore des organ­ismes publics

Une orbite qui suit le Soleil
Pour opti­miser ses obser­va­tions, le satel­lite est le plus sou­vent placé sur une orbite qui répond à des exi­gences par­ti­c­ulières : elle doit être qua­si cir­cu­laire pour que le satel­lite reste à la même dis­tance du sol et que la réso­lu­tion des images ne varie pas trop. Elle est hélio­syn­chrone, ce qui sig­ni­fie que le plan orbital tourne de 360° en un an, pour avoir chaque jour, à une lat­i­tude don­née, la même heure solaire d’observation.

La pour­suite du pro­gramme Spot est assurée à la fois par le CNES qui développe Pléi­ades avec un finance­ment essen­tielle­ment éta­tique et par Astri­um qui finance Spot 6 et Spot 7.

Pléi­ades est la com­posante optique du pro­gramme Orfeo qui fait l’ob­jet d’un accord inter­gou­verne­men­tal fran­co-ital­ien. Le développe­ment des deux satel­lites Pléi­ades fait l’ob­jet d’une coopéra­tion avec l’Autriche, la Bel­gique, l’Es­pagne et la Suède. Pléi­ades sera exploité con­join­te­ment par un opéra­teur civ­il, Spot Image, et par le min­istère de la Défense.

Après trente ans d’in­vestisse­ments dans la fil­ière Spot, couron­née par le suc­cès tech­nique et com­mer­cial de Spot 5, le CNES passe le relais à l’in­dus­trie, en cédant ses parts dans le cap­i­tal de l’opéra­teur Spot Image à Astri­um. Suite logique, mais aus­si pre­mière mon­di­ale, Astri­um et Spot Image finan­cent sur fonds pro­pres Spot 6 et Spot 7, assur­ant ain­si la péren­nité de l’ap­pro­vi­sion­nement en images à large champ des nom­breux clients util­isa­teurs d’images.

Un pro­gramme européen de sur­veil­lance mondiale
La mise en œuvre ini­tiale du pro­gramme de sur­veil­lance mon­di­ale pour l’en­vi­ron­nement et la sécu­rité (GMES) pour la péri­ode 2011–2013 vient d’être adop­tée par le Par­lement européen. GMES doit assur­er la sur­veil­lance con­tin­ue de l’é­tat physique des océans et des écosys­tèmes marins, le con­trôle de la qual­ité de l’air et de la com­po­si­tion chim­ique de l’at­mo­sphère, et le suivi de l’oc­cu­pa­tion des sols et des écosys­tèmes ter­restres. GMES doit égale­ment amélior­er la ges­tion des sit­u­a­tions d’ur­gence et des répons­es human­i­taires et apporter des infor­ma­tions utiles dans le domaine de la sécu­rité, en par­ti­c­uli­er la sur­veil­lance mar­itime, le con­trôle des fron­tières et l’ap­pui aux actions extérieures de l’U­nion. Il sera enfin pos­si­ble d’amélior­er les con­nais­sances sur le change­ment cli­ma­tique et d’an­ticiper ses effets grâce à la mise à dis­po­si­tion d’indi­ca­teurs basés sur de longues séries de don­nées et à l’élab­o­ra­tion de scé­nar­ios d’évolution.

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