La géo-information, un “traceur” du développement durable

Dossier : Géo-information et SociétéMagazine N°662 Février 2011
Par Jean DENEGRE (63)
Jean Denè­gre (63), coor­di­na­teur du dossier

L’in­for­ma­tion géo­graphique numérique, ou géo-infor­ma­tion, est dev­enue aujour­d’hui une com­pagne insé­para­ble de l’homo infor­mati­cus, auquel elle com­mu­nique non seule­ment ses coor­don­nées sur la sur­face ter­restre — on par­le alors de géolo­cal­i­sa­tion — mais aus­si celles des objets et phénomènes qui l’entourent.

Depuis vingt ans, on a ain­si vu la géo-infor­ma­tion s’in­viter suc­ces­sive­ment dans les bureaux, les véhicules, les machines agri­coles, les télé­phones mobiles, les sacs à dos des ran­don­neurs, et même s’ac­crocher à cer­tains ani­maux migra­teurs. Autant dire à terme s’in­té­gr­er à l’ensem­ble des activ­ités humaines et à leur envi­ron­nement. Ingré­di­ent incon­tourn­able du développe­ment durable, elle est à la fois pro­logue et épi­logue de toutes nos inter­ven­tions sur la planète, et ” traceur ” implaca­ble des résul­tats, bons ou mau­vais, de celles-ci.

Out­ils au ser­vice du débat pub­lic, les Sys­tèmes d’in­for­ma­tion géo­graphique (SIG) ont émergé grâce à trois tech­nolo­gies majeures (l’in­for­ma­tique, le spa­tial, les télé­com­mu­ni­ca­tions) qui ont engen­dré une nou­velle tech­nolo­gie à part entière, la géo­ma­tique.

Le rôle des SIG est désor­mais recon­nu à tous les étages de l’É­tat, des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, des insti­tu­tions européennes et inter­na­tionales, des entre­pris­es et des par­ti­c­uliers. Un point noir toute­fois : l’Eu­rope est certes le con­ti­nent le plus équipé au monde en géo-infor­ma­tion, mais aus­si une mosaïque dis­parate de géodon­nées, mar­quées par leurs spé­ci­fi­ca­tions d’o­rig­ine. D’où l’adop­tion en 2007 de la direc­tive européenne Inspire, imposant aux États mem­bres d’har­monis­er la descrip­tion de celles-ci et d’en faciliter l’accès.

Dans ce con­texte, la sit­u­a­tion française est con­trastée. Le XXe siè­cle a été mar­qué par le suc­cès plané­taire des images du satel­lite Spot, lancé par le CNES en 1986, et par la cou­ver­ture com­plète du ter­ri­toire par la nou­velle carte topographique au 1:25 000, con­ver­tie en base nationale de don­nées topographiques (BD TOPO®), réal­isée par l’IGN en moins de vingt ans. Le XXIe siè­cle a vu s’ou­vrir le Géo­por­tail en ligne en 2006 et s’achev­er le Référen­tiel à grande échelle (RGE) en 2008, inté­grant les géodon­nées topographiques, pho­tographiques, par­cel­laires (dérivées du cadas­tre) et les adress­es postales, dont les con­di­tions de dif­fu­sion vien­nent d’être notable­ment facil­itées. En par­al­lèle, le Plan cadas­tral français a été pro­gres­sive­ment infor­ma­tisé, avec le con­cours financier des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, puis mis en ligne en 2008 sur un site Web dis­tinct du Géo­por­tail. Revers de cette médaille, il existe main­tenant deux ver­sions dif­férentes du par­cel­laire cadas­tral numérique. Cette dual­ité embar­rasse cer­tains util­isa­teurs et n’a d’ex­em­ple dans aucun autre pays européen.

N’est-il pas grand temps qu’une nou­velle direc­tive Inspire, française cette fois, décide enfin de fusion­ner ces deux pro­duc­tions en un seul géoréféren­tiel national ?

Poster un commentaire