Cours de français au CISED

Accompagner les travaux universitaires des étudiants étrangers

Dossier : ExpressionsMagazine N°724 Avril 2017
Par Jacques DENANTES (49)
Par Claude SEIBEL (54)

Aux portes de l’université Paris-VIII — Saint-Denis, le CISED, logé dans un pavil­lon, espace ouvert et accueil­lant, apporte aux étu­di­ants étrangers le sou­tien dont ils ont besoin dans leur cur­sus universitaire. 

Nous avons ren­dez-vous avec le directeur du CISED, Chris­t­ian Mel­lon, jésuite. Il partage son temps entre le Cen­tre de recherche et d’action sociales (Ceras) et ce lieu où sont accueil­lis des étu­di­ants de l’université de Saint-Denis (Paris VIII), étrangers pour la plupart. 

“ Ce sont souvent des enseignants de l’université proche qui conseillent aux étudiants de prendre contact avec le CISED ”

Ces jeunes trou­vent au CISED une aide et un accueil appré­ciés, un lieu de con­vivi­al­ité, et surtout de nom­breux ser­vices qui facili­tent leurs études en France. Il s’agit d’un « coup de pouce » pour les études qu’ils entreprennent. 

D’initiative catholique, le CISED est ouvert à tous les étu­di­ants de Paris-VIII, quelles que soient leurs croy­ances philosophiques ou religieuses. 

On y veille à ce qu’il n’y ait aucun prosé­lytisme et que règne un cli­mat de tolérance et de con­fi­ance réciproque. 


Le CISED pro­pose des cours de français inten­sifs, indi­vidu­els ou collectifs.

UN SOUTIEN PRÉCIEUX POUR LA MAÎTRISE DU FRANÇAIS

Depuis févri­er 2000, cette asso­ci­a­tion, dynamique, est fréquen­tée chaque année par des cen­taines d’étudiants (290 en 2016- 2017) qui vien­nent se ren­con­tr­er et se faire aider par une soix­an­taine de bénévoles. 

Son prési­dent est actuelle­ment Alain Goy (66). Ce sont sou­vent des enseignants de l’université proche qui con­seil­lent aux étu­di­ants de pren­dre con­tact avec le CISED : c’est le cas en par­ti­c­uli­er du cen­tre de français langue étrangère (FLE), qui fait con­fi­ance aux bénév­oles du CISED pour amélior­er une maîtrise insuff­isante de la langue française grâce à des cours inten­sifs, col­lec­tifs ou individuels. 

UNE AIDE À LA RÉDACTION DES TRAVAUX UNIVERSITAIRES

L’activité la plus impor­tante du CISED, c’est l’accompagnement des étu­di­ants dans la rédac­tion de leurs travaux uni­ver­si­taires. Les bénév­oles con­sacrent de longues heures à relire avec eux leurs presta­tions écrites, à dis­cuter du plan de leurs mémoires ou de leurs thès­es, à leur pro­pos­er les mots les plus appro­priés dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle. 

Le CISED s’interdit toute inter­férence avec l’apport des enseignants-chercheurs de l’université ; ses bénév­oles sont d’ailleurs rarement com­pé­tents dans le domaine que tra­vaille leur étu­di­ant ; leur aide con­siste essen­tielle­ment dans la mise en forme. Des con­tacts avec les enseignants sont pos­si­bles si l’étudiant se heurte à des prob­lèmes particuliers. 

Le goûter de 16 heures au CISED
Le goûter de 16 heures est un ren­dez-vous de con­vivi­al­ité très fréquenté.

L’UNIVERSITÉ PARIS-VIII EN QUELQUES CHIFFRES

L’université Paris-VIII — Saint-Denis, anciennement université de Vincennes, a été créée le 1er janvier 1969. C’est en 1980 qu’elle est installée à Saint-Denis. En réponse aux revendications de Mai 68, le général de Gaulle avait choisi de doter la faculté d’une très large autonomie pédagogique et financière.
Parmi les 12 UFR de l’université, on trouve l’UFR Langues et Cultures étrangères avec dix départements pour dix langues différentes, l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique avec un département cinéma et l’UFR Sciences de l’éducation avec le centre français langue étrangère (FLE).
L’université accueille 27 000 étudiants dont de nombreux étrangers (27 % environ) ainsi que des Français d’origine étrangère (50 % environ).

… ET TOUT UN PANEL D’AIDES DIVERSES

L’aide du CISED prend aus­si d’autres formes : même si les sit­u­a­tions admin­is­tra­tives sont sou­vent réglées avant l’arrivée en France, cer­tains étu­di­ants ont besoin d’être aidés pour rédi­ger des let­tres admin­is­tra­tives, des CV, des let­tres de moti­va­tion… Pour la réso­lu­tion des prob­lèmes de loge­ment, un bénév­ole du CISED peut aigu­iller l’étudiant vers les ser­vices responsables. 

D’autres, con­fron­tés à des dif­fi­cultés psy­chologiques, peu­vent les évo­quer avec deux psy­cho­logues pro­fes­sion­nelles qui offrent bénév­ole­ment de nom­breuses « vaca­tions » au cours de la semaine. Le maniement des out­ils infor­ma­tiques fait aus­si par­tie des apports du CISED, afin que cha­cun puisse les utilis­er en autonomie. 

Tous ces ser­vices sont gra­tu­its pour les étu­di­ants mem­bres de l’association (la coti­sa­tion annuelle est de 30 à 50 €, selon le niveau d’études).

UNE RUCHE INTERNATIONALE

Le lieu ressem­ble un peu à une « ruche », avec de nom­breuses petites salles où on ren­con­tre des appren­tis lecteurs, des bénév­oles entourés de quelques jeunes, des util­isa­teurs d’Internet… La con­vivi­al­ité est ren­for­cée par des temps de détente, par exem­ple un mégagoûter à 16 heures, très fréquenté. 

“ Une soixantaine de bénévoles à la rencontre de jeunes venant de 60 pays du monde ”

Le CISED occupe une petite vil­la à 60 mètres de l’entrée de l’université : le lieu est idéale­ment placé ! En 2015, la sur­face a été con­sid­érable­ment accrue, grâce à un legs reçu d’un enseignant de l’université, qui a per­mis de dou­bler la sur­face d’origine ; l’architecte a su remar­quable­ment accentuer la con­vivi­al­ité du lieu autour de l’accueil et des repas partagés. 

Nous ren­con­trons ain­si une jeune Japon­aise, Mado­ka M., qui est en for­ma­tion dans le départe­ment « ciné­ma » de l’université. Ce départe­ment pres­tigieux attire de nom­breux étu­di­ants étrangers qui acquièrent une bonne con­nais­sance du ciné­ma français. 

UN BUDGET MODÉRÉ GÉRÉ PAR LES JÉSUITES

Le fonc­tion­nement du CISED repose entière­ment sur une soix­an­taine de bénév­oles, qui y con­sacrent quelques heures par semaine, voire une journée entière. Ils vien­nent de toute la région parisi­enne et sont en général retraités (jeunes ou moins jeunes) ; quelques act­ifs ont choisi cette forme de bénévolat qui leur fait partager la vie de jeunes venant de 60 pays du monde. 

TÉMOIGNAGE

Une Algérienne, enseignante de philosophie, Zhor H., fait une thèse sur Husserl à l’université d’Alger, avant de reprendre son poste au lycée de Tiaret. Pour elle, le défi est important : elle travaille sur un philosophe germanophone, traduit en français, mais sa thèse, rédigée en arabe, recourt à des concepts qui n’ont jamais été traduits dans cette langue.
Son stage de longue durée à Saint-Denis (dix-huit mois) est appuyé par le CISED, qu’elle présente comme un « lieu d’amour »… « d’amitié », dit plus modestement le directeur !

Une seule salariée assure l’accueil, 20 heures par semaine : une Maro­caine, égale­ment étu­di­ante à l’université de Saint- Denis. La mai­son com­porte aus­si un stu­dio, que le CISED loue à un étu­di­ant, en ce moment un réfugié poli­tique du Bangladesh. 

Le bud­get du Cen­tre n’est pas très élevé (75 000 €), ce qui s’explique par la par­tic­i­pa­tion impor­tante des bénév­oles et par le fait que la mai­son appar­tient aux jésuites, qui la met­tent gra­cieuse­ment à la dis­po­si­tion du CISED. 

Il n’y a pas de sub­ven­tion publique. Les coti­sa­tions des étu­di­ants ne représen­tent que 15 % du bud­get. Celui-ci est cou­vert annuelle­ment par les 4 struc­tures fon­da­tri­ces du CISED : le diocèse de Saint- Denis, les jésuites, les religieuses aux­il­i­atri­ces et la Com­mu­nauté de vie chré­ti­enne (CVX).

Peu à peu, des Cen­tres ana­logues se met­tent en place en France, auprès d’autres uni­ver­sités (Lyon, Mar­seille, Greno­ble), mais égale­ment au Maghreb (Alger, Con­stan­tine, Casablanca). 

La maison de CISED

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