À LA RECHERCHE DE L’INTÉRÊT EUROPÉEN

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°640 Décembre 2008Par : Un ouvrage collectif dirigé par Philippe Herzog (59)Rédacteur : Hervé GOURIO (59)Editeur : Paris – Éditions Le Manuscrit 20, rue des Petits Champs, 75002 Paris. Tél. : 08.90.71.10.18.

Con­fronta­tions Europe, Asso­ci­a­tion fondée par Philippe Her­zog et Claude Fis­ch­er en 1992 avec le sou­tien d’un grand nom­bre de lead­ers économiques, poli­tiques et syn­di­caux, occupe actuelle­ment une place impor­tante et orig­i­nale par­mi les think tanks (cer­cles de réflex­ion et d’influence) européens. Cela tient bien sûr au rôle très act­if de par­lemen­taire européen joué par Philippe Her­zog entre 1989 et 2004 mais aus­si à l’accent mis sur la société civile et l’économie en Europe plutôt que sur les ques­tions pro­pre­ment poli­tiques qui ont si sou­vent la pri­or­ité dans le débat sur l’Europe, au moins en France.

Par­mi les nom­breuses pub­li­ca­tions de l’Association, l’ouvrage d’aujourd’hui se dis­tingue par son ampleur et sa pro­fondeur ( www.confrontations.org). Il réu­nit 18 con­tri­bu­tions d’experts incon­testa­bles venant d’horizons très divers à pro­pos d’une ques­tion fon­da­men­tale, mal­heureuse­ment trop nég­ligée : l’Union européenne a‑t-elle des intérêts com­muns qui sur­plombent les intérêts de ses com­posantes et en par­ti­c­uli­er des pays mem­bres ? Com­ment définir l’intérêt européen ? Que cette ques­tion ne soit pas pri­or­i­taire en ces temps de mon­di­al­i­sa­tion accélérée est un témoignage ironique de l’introversion du proces­sus et des acteurs de la con­struc­tion européenne.

Couverture du livre : A la recherche de l'intérêt européenCon­fronta­tions y a con­sacré une année d’efforts dans des réu­nions où cha­cun des con­tribu­teurs (et quelques autres) vin­rent présen­ter leurs vues et débat­tre avec les mem­bres de l’Association. Je n’ai pu par­ticiper per­son­nelle­ment qu’à un petit nom­bre de ses réu­nions mais garde un vif sou­venir des con­clu­sions vigoureuses d’Aglietta sur le retard de crois­sance de l’Europe aujourd’hui et à venir, la « grande mis­ère des poli­tiques économiques en Europe » et l’incohérence entre, par exem­ple, la gou­ver­nance du FMI et l’existence de l’euro. Et aus­si la con­férence de Nick But­ler, prési­dent du Cen­tre for Euro­pean Reform et du Cen­tre d’études sur l’énergie de Cam­bridge, affir­mant la néces­sité et la pos­si­bil­ité d’une poli­tique européenne de l’énergie con­sid­érant comme un acteur unique dans ce domaine l’ensemble de l’économie des Vingt-sept.

Le livre con­tient d’autres pépites de ce genre. Au risque d’être injuste citons seule­ment quelques-unes d’entre elles, avec une cita­tion qui vous donne envie de les lire.
Jean Pisani- Fer­ry dans « Por­trait de l’Union en acteur glob­al » : « Réin­ven­ter l’Union comme acteur de la mon­di­al­i­sa­tion est à la fois inévitable, per­ti­nent et hasardeux. »
Nico­las Véron dans « Vers un nou­v­el agen­da européen pour la régu­la­tion finan­cière », thème d’actualité s’il en est : « Dans les 24 lignes direc­tri­ces de la stratégie de Lis­bonne pas une seule n’est spé­ci­fique­ment con­sacrée aux ser­vices financiers. »
Pour Jérôme Vignon dans « Après Lis­bonne, encore Lis­bonne ?» : « Un comité stratégique européen serait instau­ré dans chaque État mem­bre » pour éviter de can­ton­ner à des cer­cles trop lim­ités la con­cep­tion et le suivi de la stratégie européenne post- Lisbonne.

Philippe Her­zog intro­duit la réflex­ion d’ensemble en pro­posant, sur le mod­èle de l’Acte unique qui, en 1986, lança le chantier du marché unique, un nou­v­el Acte unique qui spé­ci­fie les domaines et les modal­ités d’un repo­si­tion­nement de l’Union comme acteur global.

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