Équipe de France Biotech

France Biotech : engagée et mobilisée au service du déploiement et du développement de la HealthTech française

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°793 Mars 2024
Par Franck MOUTHON

Déve­lop­pe­ment, crois­sance, régle­men­ta­tion, finan­ce­ment… Franck Mou­thon, pré­sident de France Bio­tech, dresse un pano­ra­ma com­plet du sec­teur de la Heal­th­Tech en France. Il nous explique aus­si com­ment France Bio­tech se posi­tionne sur l’ensemble de ces enjeux et ques­tions essen­tiels à la struc­tu­ra­tion et au ren­for­ce­ment de ce sec­teur en France, en Europe et à l’international. Rencontre.

Qu’est ce que France Biotech ? 

France Bio­tech est une asso­cia­tion pro­fes­sion­nelle indé­pen­dante qui existe main­te­nant depuis 27 ans. Elle réunit près de 650 adhé­rents sur l’ensemble du ter­ri­toire fran­çais. Nos adhé­rents sont des entre­pre­neurs de la Tech, de la Bio­tech et de la Med­tech et couvrent toutes les dimen­sions du numé­rique en san­té. Ce sont essen­tiel­le­ment des PME et des start-up, même si nous avons éga­le­ment des ETI ain­si que quelques grands groupes de l’industrie phar­ma­ceu­tique, tech­no­lo­gique ou du numé­rique en santé. 

France Bio­tech a prin­ci­pa­le­ment deux mis­sions. La pre­mière est de four­nir et de mettre à la dis­po­si­tion de l’ensemble de nos entre­pre­neurs et nos adhé­rents des infor­ma­tions actua­li­sées sur les dif­fé­rentes dimen­sions qui les inté­ressent et que nous cou­vrons dans nos 7 com­mis­sions (busi­ness déve­lop­pe­ment, cor­po­rate finance, Med­tech & diag­nos­tic, bio­pro­duc­tion et médi­ca­ments de thé­ra­pie inno­vante, car­ré des juristes, san­té numé­rique, res­sources humaines) et nos 5 groupes de tra­vail (essais cli­niques, mar­ket access, young Heal­th­tech, patient/aidant/soignant/famille, trans­fert technologies).

Nous avons, en paral­lèle, une seconde mis­sion d’affaires publiques. Nous fai­sons ain­si remon­ter aux pou­voirs publics et les auto­ri­tés de san­té les pré­oc­cu­pa­tions de nos entre­prises et sommes aus­si force de pro­po­si­tion sur des sujets majeurs pour nos adhé­rents. À ce titre, je fais par­tie des sept per­son­na­li­tés qua­li­fiées qui par­ti­cipent au sui­vi du plan Inno­va­tion San­té France 2030 afin de repré­sen­ter le sec­teur d’activité des TIC sur le territoire.

Nous sommes aus­si actifs en matière de for­ma­tion et avons notam­ment contri­bué au lan­ce­ment d’un pro­gramme Exe­cu­tive des­ti­né aux inves­tis­seurs de pre­mier plan afin de les sen­si­bi­li­ser à l’investissement dans la san­té. C’est un pro­gramme que nous por­tons avec l’École poly­tech­nique, la Direc­tion Géné­rale du Tré­sor repré­sen­tée par Phi­lippe Tibi, dans la conti­nui­té du dis­po­si­tif Tibi, et l’Agence de l’Innovation en Santé. 

Enfin, France Bio­tech se mobi­lise aus­si autour de 5 axes stra­té­giques complémentaires : 

  • Ren­for­cer l’attractivité de la France dans un contexte de forte com­pé­ti­ti­vi­té inter­na­tio­nale ;
  • Favo­ri­ser les accès aux mar­chés des solu­tions inno­vantes sur le ter­ri­toire et à l’international ;
  • Veiller à la mise en place d’un envi­ron­ne­ment régle­men­taire euro­péen favorable ;
  • Per­mettre aux acteurs du sec­teur et au grand public de se sai­sir des enjeux de la filière HealthTech ;
  • Faci­li­ter le finan­ce­ment et la crois­sance des entre­prises aux dif­fé­rents stades de leur développement. 

Depuis 27 ans, vous avez donc été en première ligne afin d’observer les évolutions et le développement du monde de la HealthTech. Comment décririez-vous ce paysage aujourd’hui ? Quelle est la place de la France à une échelle européenne et mondiale ?

Notre âge témoigne de la matu­ri­té de la filière, car ce sont les pion­niers de la Bio­tech fran­çaise qui ont créé l’association il y a 27 ans. Au-delà de cette matu­ri­té, le sec­teur en France se dis­tingue par la diver­si­té des pro­duits pro­po­sés et sa très forte dyna­mique d’innovation en san­té qui est por­tée par la sphère aca­dé­mique et les acteurs de la recherche, du soin et de la san­té, mais aus­si par les entre­prises et les indus­triels. On compte, en effet, plus de 2 500 entre­prises de la Heal­th­Tech sur le ter­ri­toire natio­nal, avec une cen­taine de nou­velles enti­tés créées chaque année et qui sont lar­ge­ment issues du sec­teur aca­dé­mique. 

Dans un contexte inter­na­tio­nal extrê­me­ment com­pé­ti­tif, les inves­tis­seurs consi­dèrent que la science por­tée par ces entre­prises est par­ti­cu­liè­re­ment qua­li­ta­tive. Néan­moins, le réseau de com­pé­tences et d’expertises néces­saires pour être en phase avec les stan­dards et les ambi­tions indus­triels ne sont pas au meilleur niveau en France. La majo­ri­té des entre­pre­neurs sont, en effet, issus du monde de la recherche aca­dé­mique ou sortent des écoles d’ingénieurs et capi­ta­lisent donc sur une for­ma­tion ou une pre­mière expé­rience pro­fes­sion­nelle très éloi­gnées de la réa­li­té du sec­teur, qui est connu pour la com­plexi­té de ses cycles de déve­lop­pe­ment qui sont très longs, voire risqués. 

“On compte plus de 2 500 entreprises de la HealthTech sur le territoire national, avec une centaine de nouvelles entités créées chaque année et qui sont largement issues du secteur académique.”

À une échelle inter­na­tio­nale, le niveau de matu­ri­té est aus­si très déve­lop­pé, notam­ment aux États-Unis qui se démarquent par une très grande diver­si­té de pro­duits, une offre et une pro­fon­deur de finan­ce­ment sans com­mune mesure par rap­port à la France et l’Europe. 

Dans ce contexte macro-éco­no­mique com­pli­qué qui a débu­té à la fin du pre­mier tri­mestre 2022 et s’est pour­sui­vi tout au long de l’année 2023, on observe une ten­sion sur le finan­ce­ment pri­vé avec des inves­tis­seurs qui ont plu­tôt inves­ti de gros tickets sur des entre­prises plus matures. Après deux années excep­tion­nelles en 2020 et 2021, mal­gré la crise sani­taire, le finan­ce­ment des entre­prises retombe au niveau pré-Covid. Néan­moins, la France est arri­vée à se démar­quer et se posi­tionne comme le 2ème pays euro­péen en mon­tants levés. Cela s’explique notam­ment par trois élé­ments clés. Tout d’abord, l’annonce du Plan Inno­va­tion San­té qui a envoyé des signaux posi­tifs aux inves­tis­seurs. En paral­lèle, la mise en œuvre du plan Tibi, fin 2019, a éga­le­ment contri­bué à mobi­li­ser une par­tie des capi­taux des inves­tis­seurs de haut rang. Et enfin, la BEI a aus­si inves­ti signi­fi­ca­ti­ve­ment en France compte tenu de la qua­li­té des pro­jets et de leurs impacts éco­no­miques et sanitaires.

Quelles sont les principales actions et initiatives portées par France Biotech ?

En 2023, nous nous sommes consi­dé­ra­ble­ment mobi­li­sés autour de la Loi de Finan­ce­ment de la Sécu­ri­té Sociale. France Bio­tech a ain­si pu obte­nir d’ajouter les indus­triels comme nou­velle caté­go­rie de deman­deur de créa­tion d’acte. Avec les pou­voirs publics, et notam­ment la Haute Auto­ri­té de San­té, le Haut Conseil des Nomen­cla­tures et la CNAM, nous allons tra­vailler sur la mise en œuvre des éva­lua­tions, des hié­rar­chi­sa­tions et de la tari­fi­ca­tion de ces nou­veaux actes. En effet, pour un cer­tain nombre de dis­po­si­tifs médi­caux inno­vants, s’il n’existe pas d’acte asso­cié, ils ne peuvent pas être déployés, même s’ils peuvent avoir un impact sani­taire important. 

France Bio­tech est aus­si lar­ge­ment ouverte sur son envi­ron­ne­ment. Nous col­la­bo­rons avec de nom­breuses autres asso­cia­tions, dont Fem­tech France. Nous avons récem­ment adhé­ré à France Deep­Tech. Nous tra­vaillons avec les Conseillers du Com­merce Exté­rieurs afin de mettre à la dis­po­si­tion de nos entre­pre­neurs un réseau de com­pé­tences et d’expertises à l’international pour trou­ver des mar­chés, mais aus­si com­prendre com­ment ils sont struc­tu­rés, leurs exi­gences régle­men­taires et juri­diques. Avec la Confé­rence des Direc­teurs géné­raux de Centres hos­pi­ta­liers et uni­ver­si­taires (CHRU), nous avons créé l’initiative « CHU Heal­th­Tech Connexion Day » pour pro­mou­voir une meilleure com­pré­hen­sion des enjeux et des oppor­tu­ni­tés de col­la­bo­ra­tions entre les 32 CHU et les entre­pre­neurs de l’innovation en san­té, faci­li­ter les échanges, ren­for­cer les liens, par­ti­ci­per acti­ve­ment à la construc­tion de la san­té du futur et contri­buer aux enjeux du Plan Inno­va­tion San­té France 2030. La seconde édi­tion, qui s’est tenue à Mar­seille au Palais du Pha­ro, a ras­sem­blé près de 800 per­sonnes, dont plus de 750 entre­pre­neurs de la san­té, pro­fes­sion­nels de l’innovation, du numé­rique en san­té, de la recherche, du médi­cal et des achats des 32 CHU. 

Afin de répondre avec tou­jours plus de finesse à ce besoin d’information de nos adhé­rents, nous avons déci­dé de mettre en place des « task-forces » ponc­tuelles afin d’appréhender des enjeux ou des évo­lu­tions majeurs. Dans cette logique, nous avons créé une task-force dédiée à l’anatomopathologie pour répondre aux enjeux de la trans­for­ma­tion numé­rique et faire émer­ger une filière d’excellence fran­çaise. Avec Fem­tech France, nous co-por­tons une task-force sur le sujet de la fer­ti­li­té pour struc­tu­rer l’impact des tech­no­lo­gies fran­çaises au ser­vice de cet enjeu mon­dial. Lors de la réforme des centres de réédu­ca­tion et de réadap­ta­tion, nous en avions aus­si créée une pour accom­pa­gner cette évo­lu­tion. Plus récem­ment, nous venons d’en créer une sur la méde­cine nucléaire.


Lire aus­si : 25 ans de mobi­li­sa­tion au ser­vice de la Heal­th­Tech française


Vous contribuez aussi aux actions nationales comme le Plan Innovation Santé 2030. Pouvez-vous nous en dire plus ? À quels autres niveaux êtes-vous mobilisés ? 

France Bio­tech a des liens avec l’Agence de l’Innovation en San­té et les dif­fé­rentes ins­tances du Plan Inno­va­tion San­té. Nous sommes mobi­li­sés sur plu­sieurs axes : les stra­té­gies d’accélération pour la bio­pro­duc­tion et les bio­mé­di­ca­ments, l’impact des finan­ce­ments publics, la réduc­tion de la com­plexi­té admi­nis­tra­tive ou régle­men­taire… Aux côtés de l’État et des autres asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles, nous nous mobi­li­sons afin de pro­mou­voir ce plan et de ras­sem­bler nos entre­pre­neurs autour de ces ambitions. 

Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, je fais aus­si par­tie des per­son­na­li­tés qua­li­fiées pour suivre la mise en œuvre du plan. 

Notre contri­bu­tion et impli­ca­tion dans cette ini­tia­tive publique phare nous per­mettent d’avoir une visi­bi­li­té et une com­pré­hen­sion plus fines des évo­lu­tions qui vont redes­si­ner le sec­teur, autant d’informations que nous met­tons à la dis­po­si­tion de nos adhé­rents afin de les éclai­rer sur le contexte et son évo­lu­tion et de les aider dans leur prise de déci­sions et les adap­ta­tions néces­saires. 

Quels sont les enjeux et problématiques des entrepreneurs de la HealthTech ? 

Le finan­ce­ment des entre­prises reste bien évi­dem­ment au cœur de toutes les pré­oc­cu­pa­tions : finan­ce­ment public, fis­ca­li­té de l’innovation, avec le cré­dit impôt recherche et le cré­dit impôt col­la­bo­ra­tif… Nous sommes très vigi­lants et actifs sur ce sujet afin d’informer nos adhé­rents et leur per­mettre de béné­fi­cier des dis­po­si­tifs et méca­nismes exis­tants en toute sécu­ri­té. Ain­si, dans le cadre des appels à pro­jets de France 2030, nous les aidons à struc­tu­rer et pré­pa­rer leurs réponses afin de bien prendre en compte les enjeux et les attentes en termes de matu­ri­té, de qua­li­té, de résul­tats… En matière de finan­ce­ment pri­vé, nous cher­chons à favo­ri­ser le rap­pro­che­ment intel­lec­tuel des inves­tis­seurs de haut rang afin qu’ils com­prennent et appré­hendent mieux le fort impact éco­no­mique et la per­for­mance de notre secteur.

En paral­lèle, il y a éga­le­ment tous les enjeux rela­tifs à l’accès au mar­ché et à la néces­si­té de pro­mou­voir une rela­tion co-construite avec l’ensemble des par­ties pre­nantes : la sécu­ri­té sociale, les hôpi­taux, les centres de soins, les ache­teurs… Il s’agit, en effet, de flui­di­fier et sim­pli­fier cette rela­tion qui doit per­mettre aux entre­prises de démon­trer la per­ti­nence de leur modèle d’affaires.

Enfin, en tant qu’association pro­fes­sion­nelle, nous por­tons aus­si divers sujets et chan­tiers à la demande de nos adhé­rents et entre­pre­neurs et, pour ce faire, nous mobi­li­sons des experts afin de leur four­nir l’information dont ils ont besoin.

Quels sont les moments forts qui vont ponctuer l’année 2024 de France Biotech ?

Le début d’année a été mar­qué par l’annonce du nou­veau bureau. Cette pre­mière par­tie de l’année va être consa­crée à l’élaboration de notre feuille de route pour les 24 pro­chains mois avec la pour­suite des chan­tiers phares et incon­tour­nables por­tés par l’association. En paral­lèle, nous pour­sui­vons notre poli­tique de rap­pro­che­ment avec les autres acteurs de notre éco­sys­tème et de ratio­na­li­sa­tion des échanges avec l’ensemble des com­mu­nau­tés : le soin, la recherche, la for­ma­tion, l’entrepreneuriat et l’innovation au sens large.

Dans un contexte où le sys­tème de san­té ren­contre encore un cer­tain nombre de limites quand il s’agit de prendre en charge l’innovation, nous tra­vaillons main dans la main avec l’État pour libé­rer des finan­ce­ments et per­mettre à ces inno­va­tions qui ont un impact sani­taire avé­ré de pou­voir se déployer sur le territoire. 

Enfin, nous sommes aus­si sen­sibles à la ques­tion de la RSE et du ver­dis­se­ment de notre sec­teur alors que les tran­si­tions éco­lo­giques et envi­ron­ne­men­tales s’accélèrent. 

Poster un commentaire