Une approche à 360° et fortement différenciante du restructuring

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°792 Février 2024Par Florent BERCKMANSPar Xavier BAILLY

Xavier Bailly, asso­cié res­pon­sable des acti­vi­tés restruc­tu­ring, et Florent Ber­ck­mans, asso­cié spé­cia­li­sé dans le retour­ne­ment stra­té­gique et opé­ra­tion­nel des entre­prises, nous expliquent le posi­tion­ne­ment de leur cabi­net, Eight Advi­so­ry, et son approche pan-euro­péenne. Entretien.

Pouvez-vous nous rappeler le positionnement d’Eight Advisory ?

Eight Advi­so­ry a été créé en 2009 par 8 asso­ciés qui avaient l’ambition de créer un acteur euro­péen du conseil, tota­le­ment indé­pen­dant. La stra­té­gie du cabi­net est d’accompagner les diri­geants et les inves­tis­seurs lors des phases de tran­sac­tion, de restruc­tu­ra­tion ou de trans­for­ma­tion stra­té­gique des entreprises.
Dans des contextes de tran­sac­tions, par exemple, nous pou­vons mobi­li­ser des exper­tises depuis la phase de due dili­gence jusqu’à l’intégration. Autre contexte, nous pou­vons inter­ve­nir tout au long d’une phase de retour­ne­ment depuis la défi­ni­tion du plan stra­té­gique de retour­ne­ment jusqu’à la mise en œuvre d’une restruc­tu­ra­tion opé­ra­tion­nelle et financière.
L’ADN du cabi­net en géné­ral, et du dépar­te­ment Retour­ne­ment en par­ti­cu­lier, repose sur la mul­ti­dis­ci­pli­na­ri­té dans l’accompagnement des diri­geants. Dans ces dos­siers de retour­ne­ment, les pro­blé­ma­tiques stra­té­giques, finan­cières et opé­ra­tion­nelles sont entre­la­cées et néces­sitent d’être trai­tées en même temps et par une même équipe. Tous les sujets qui ont un impact sur la san­té de l’entreprises sont aus­cul­tés. Et cela nous conduit dans de nom­breux cas à ini­tier des négo­cia­tions avec les créan­ciers, les action­naires, des inves­tis­seurs tiers et l’État.
Aujourd’hui, le Retour­ne­ment est une com­po­sante essen­tielle du cabi­net Eight Advi­so­ry. Elle com­prend 14 asso­ciés et 150 col­la­bo­ra­teurs répar­tis en Europe. Nos pro­fes­sion­nels sont habi­tués à inter­ve­nir dans toutes les étapes d’un retour­ne­ment. Compte tenu de l’urgence de la situa­tion des entre­prises que nous accom­pa­gnons, nous sommes habi­tués à inter­ve­nir très rapi­de­ment et à trou­ver les solu­tions les plus adap­tées. Nous sommes pro­ba­ble­ment une des dis­ci­plines de conseil qui nous posi­tionne le plus au cœur des organes vitaux des entreprises.

En matière de retournement et de redressement des entreprises, quelles sont votre approche et votre méthodologie ?

Dans ces moments cru­ciaux de la vie d’une entre­prise, les diri­geants ont besoin d’une prise de recul qu’il est dif­fi­cile d’avoir sur le moment. Ils ont aus­si besoin d’actions concrètes et prag­ma­tiques. Notre com­bi­nai­son d’expertises finan­cières, opé­ra­tion­nelles et stra­té­giques, cou­plées à nos expé­riences en entre­prises nous per­mettent d’apporter les réponses les plus pragmatiques.
Nous avons la convic­tion que chaque crise est unique. Nous adap­tons nos inter­ven­tions et notre mode opé­ra­toire en fonc­tion de la situa­tion de l’entreprise que nous accompagnons.
Pour des entre­prises qui peuvent deve­nir moins ren­tables ou connaitre des pertes de parts de mar­chés, nous allons cher­cher des solu­tions de plans de relance ou de retour­ne­ment. Quand les dif­fi­cul­tés sont plus pro­fondes et que l’entreprise fait face à des dif­fi­cul­tés finan­cières voire à des crises de liqui­di­té, nous nous enga­geons plu­tôt des actions plus court terme et qui néces­sitent d’importantes capa­ci­tés d’analyse financière
Une fois cette crise fran­chie, l’enjeu sera de relan­cer l’activité de l’entreprise pour la remettre sur les bons rails.
Les situa­tions que nous ren­con­trons sont très diverses. En revanche, l’espace temps est tou­jours très court. Nos accom­pa­gne­ments sont majo­ri­tai­re­ment contraints en temps et nos dos­siers réclament de l’agilité, de la réac­ti­vi­té, de l’efficacité et une forte spé­cia­li­sa­tion à nos équipes. Nous devons impé­ra­ti­ve­ment inter­ve­nir à 360° sur l’ensemble des sujets stra­té­giques, orga­ni­sa­tion­nels, humains et finan­ciers. Une inter­ven­tion incom­plète empê­che­rait de dis­po­ser d’un diag­nos­tic per­ti­nent de la situa­tion et la défi­ni­tion du plan de de sor­tie de crise. Et notre but final de sau­ver l’entreprise ne serait pas atteint.
Aujourd’hui, peu d’acteurs du mar­ché du retour­ne­ment ont les moyens de mobi­li­ser aus­si rapi­de­ment autant de com­pé­tences finan­cières, stra­té­giques et opérationnelles.

Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur la situation économique ? Comment se portent les entreprises ?

En France, la consom­ma­tion des ménages s’est for­te­ment dégra­dée après l’été 2023. Cette cas­sure s’est opé­rée un peu plus tôt en Alle­magne et au Royaume Uni. Le sec­teur logis­tique, qui est sou­vent un indi­ca­teur avan­cé des crises à venir, a com­men­cé à souffrir.
Cer­tains sec­teurs conti­nuent de bien se por­ter et des entre­prises conti­nuent de connaitre des crois­sances fortes. Pour les autres, la néces­si­té de chan­ger de modèle et de se réin­ven­ter s’est impo­sée à elles. Avec des plans de retour­ne­ment plus lourds et plus com­plexes à mettre en œuvre.
En 2024–2025, nous nous atten­dons mal­heu­reu­se­ment à des restruc­tu­ra­tions plus nom­breuses avec des impacts sociaux pro­bables. Nous avons com­men­cé a assis­té à des démar­rages de dis­cus­sions pour des plans de réduc­tion des coûts.
Les dos­siers de restruc­tu­ra­tion ont for­te­ment évo­lué sur les 20 der­nières années. Elles concer­naient plu­tôt les ETI et les PME, avec des pro­cé­dures judi­cia­ri­sées essen­tiel­le­ment axées sur des pro­blé­ma­tiques finan­cières avec des plans de redres­se­ment peu com­plexes. Aujourd’hui, les entre­prises concer­nées sont de taille plus impor­tante et des dos­siers de restruc­tu­ra­tion beau­coup plus com­plexes. La mul­ti­pli­ca­tion des modes de finan­ce­ments, les acti­vi­tés sou­vent mon­dia­li­sées et les busi­ness models inter­con­nec­tés, obligent à plus d’anticipation, à une approche com­plète des pro­blé­ma­tiques, à une com­pré­hen­sion fine de la créa­tion de valeur et des grands équi­libres économiques.

Sur un plan réglementaire, la transposition de la directive européenne Insolvency a apporté un certain rééquilibrage entre les entreprises en difficulté et leurs créanciers. Qu’en est-il concrètement ?

Il y a, en effet, une nette volon­té de rééqui­li­brage des pou­voirs. Il s’agit là d’un chan­ge­ment majeur de doc­trine. Cette trans­po­si­tion étant récente, nous en obser­ve­rons les consé­quences dans les pro­chains mois.
Concrè­te­ment, il est pro­bable que nous connais­sions des dos­siers de restruc­tu­ra­tion plus inter­na­tio­naux et de taille signi­fi­ca­tive impli­quant des créan­ciers prêts à conver­tir leur dette en capi­tal. Ces restruc­tu­ra­tions devraient être faci­li­tées par ces nou­velles règles
Pour les dos­siers de taille plus modeste, avec des créan­ciers plus tra­di­tion­nels sans vel­léi­té par­ti­cu­lière de prendre la main, le rap­port de force sera quelque peu modi­fié par cette trans­po­si­tion. Mais le trai­te­ment des dos­siers ne devrait pas évo­luer signi­fi­ca­ti­ve­ment. Pour autant, il fau­dra que les nou­velles rela­tions issues de cette trans­po­si­tion n’obèrent pas la néces­si­té de trou­ver rapi­de­ment des solu­tions pérennes pour toutes les par­ties prenantes.
Les impacts de la trans­po­si­tion de cette direc­tive sur l’imbrication des dif­fé­rents champs du droit, notam­ment des socié­tés, bour­sier, des contrats, des sûre­tés… sont en cours. Mais l’actualité régle­men­taire reste plu­tôt réduite dans le domaine de la restruc­tu­ra­tion et du Retour­ne­ment avec une pra­tique qui devrait être assez stable sur les trois pro­chaines années.

En matière de restructuring, quelles sont vos ambitions ?

Aujourd’hui, Eight Advi­so­ry est le lea­der du mar­ché du restruc­tu­ring et du retour­ne­ment en France, et dis­pose d’une posi­tion com­pé­ti­tive forte en Europe conti­nen­tale. Notre ambi­tion est de deve­nir le lea­der euro­péen sur les mar­chés du conseil stra­té­gique et finan­cier en retour­ne­ment et restructuration.

Pour poursuivre votre développement et atteindre cet objectif, recrutez-vous pour renforcer vos équipes ?

Nos équipes restruc­tu­ring et retour­ne­ment accueillent en per­ma­nence des pro­fes­sion­nels, talen­tueux dis­po­sant d’expertises et d’expériences utiles dans ces situa­tions. Leur point com­mun est leur envie d’accompagner aux entre­prises en dif­fi­cul­té. Nous nous posi­tion­nons aux côtés du mana­ge­ment pour l’aider à appré­hen­der les dif­fi­cul­tés et à com­prendre les pro­blé­ma­tiques, afin de trou­ver avec lui les moyens d’y faire face et lui faci­li­ter la prise de décision.
Notre prin­ci­pale force est de com­prendre rapi­de­ment la situa­tion, pour mettre en œuvre les bonnes exper­tises et les expé­riences utiles pour résoudre le pro­blème ren­con­tré par le Diri­geant. Cela n’est ensei­gné nulle part et nos équipes font preuve de curio­si­té, d’innovation, d’implication pour être au ser­vice du dirigeant.

Poster un commentaire