Coopératives agricoles : élevage avicole

Les coopératives agricoles : une réponse au défi de la souveraineté alimentaire

Dossier : Alimentation durableMagazine N°790 Décembre 2023
Par Arnaud POUPART-LAFARGE (X84)
Par Éva MARIE

La res­tau­ra­tion de la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire de la France passe par un cer­tain nombre de condi­tions qui demandent des efforts signi­fi­ca­tifs et pro­gres­sifs. Dans cette pers­pec­tive, les coopé­ra­tives agri­coles appa­raissent comme la forme d’entreprise la plus adap­tée à cet objec­tif d’intérêt natio­nal. Encore faut-il créer les fac­teurs leur per­met­tant d’assumer leur rôle dans un bon contexte. 

La sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire est une dyna­mique glo­bale et col­lec­tive qui ne pour­ra abou­tir qu’à par­tir de nos ter­ri­toires et avec l’ensemble des acteurs de la chaîne ali­men­taire. Par­mi ces acteurs, les coopé­ra­tives agri­coles se révèlent de puis­sants piliers des filières agroa­li­men­taires. Elles œuvrent à pré­ser­ver, déve­lop­per et diver­si­fier une agri­cul­ture et une ali­men­ta­tion fran­çaises, tra­çables, de qua­li­té et acces­sibles à tous, répon­dant à toutes les attentes et à tous les modes de consom­ma­tion. Les coopé­ra­tives agri­coles sont donc bien à ce titre l’un des prin­ci­paux acteurs et l’une des réponses au défi de la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire. 

La leçon des crises

Les crises des trois der­nières années, pan­dé­mie, guerre en Ukraine, épi­zoo­tie de grippe aviaire, ont mon­tré la fra­gi­li­té de cer­taines routes d’approvisionnement. Si nous n’avons pas craint d’avoir faim, nous avons subi de plein fouet l’inflation bru­tale sur les intrants, en par­ti­cu­lier sur les engrais azo­tés issus de Bié­lo­rus­sie ou de Rus­sie. Les ten­sions sur le mar­ché du soja ont ame­né l’Inde à briè­ve­ment fer­mer ses fron­tières aux expor­ta­tions vers l’Europe, pen­dant que le Bré­sil ces­sait la com­mer­cia­li­sa­tion du soja non OGM. Enfin l’inflation se pro­pa­geant à l’ensemble du panier ali­men­taire, le pro­blème de sou­ve­rai­ne­té a glis­sé vers une ques­tion de pou­voir d’achat, et les consom­ma­teurs, dis­tri­bu­teurs et res­tau­ra­teurs ont aug­men­té signi­fi­ca­ti­ve­ment leurs achats de pro­duits impor­tés et bon mar­ché, mar­quant ain­si les limites de la poli­tique de dif­fé­ren­cia­tion par le haut de gamme de l’industrie agroa­li­men­taire fran­çaise. 

Restaurer la souveraineté alimentaire

Au-delà de l’équilibre à retrou­ver de notre balance com­mer­ciale en termes réels, ces exemples éclairent en par­tie les ques­tions liées à la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire : dans l’immédiat, une sécu­ri­sa­tion des flux atten­dus, en quan­ti­té mais aus­si en qua­li­té et en niveau de prix ; la com­pa­ti­bi­li­té de ces flux avec les attentes extra-éco­no­miques (sécu­ri­té sani­taire, trans­for­ma­tion agro-éco­lo­gique, lutte contre la défo­res­ta­tion et le chan­ge­ment cli­ma­tique, sau­ve­garde de la bio­di­ver­si­té) ; la pré­ser­va­tion d’une acces­si­bi­li­té éco­no­mique, pour que la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire de la France reste aus­si celle de tous les Français.

Pen­dant la crise de la Covid, les coopé­ra­tives agri­coles ont démon­tré leur capa­ci­té à réagir rapi­de­ment en orien­tant la pro­duc­tion dans les exploi­ta­tions, pour s’adapter aux demandes des dif­fé­rents mar­chés et des consom­ma­teurs, et elles pour­sui­vront ain­si pour répondre aux défis qui nous attendent. Le temps de l’après-crise doit être celui de la res­tau­ra­tion de notre sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire, dans une pers­pec­tive de relance éco­no­mique au sein de l’UE et d’accélération des tran­si­tions agro­écologiques de la fourche à la four­chette. 

La dégradation de la situation

La France ne cesse de perdre des parts de mar­ché : deuxième expor­ta­trice mon­diale il y a vingt ans, elle se situe désor­mais au sixième rang. Même en Europe elle est pas­sée de pre­mière à troi­sième, der­rière l’Allemagne et les Pays-Bas. Elle importe aujourd’hui envi­ron pour 60 mil­liards d’euros de den­rées ali­men­taires, soit 2,2 fois plus qu’en 2000. La balance com­mer­ciale reste gon­flée par les expor­ta­tions de vins et de spi­ri­tueux, sans les­quels elle devien­drait lour­de­ment déficitaire.

Le sec­teur de la viande est par­ti­cu­liè­re­ment repré­sen­ta­tif de cette évo­lu­tion : dans les années 90, la France était le pre­mier expor­ta­teur de volailles, désor­mais un pou­let sur deux consom­més en France est impor­té. Et cela cache le fait qu’en outre une par­tie essen­tielle de l’aliment consom­mé par le pou­let éle­vé en France est elle-même impor­tée. Pour­quoi ? Les filières fran­çaises ne sont plus com­pé­ti­tives et il faut remé­dier à cette situa­tion. 

Renforcer un modèle agroalimentaire compétitif

Ce qui pèse aujourd’hui très lourd dans les coûts de pro­duc­tion est l’application des normes sani­taires, environ­nementales et sociales, qui ne sont malheureuse­ment pas les mêmes dans les pays tiers et au sein même de l’Europe. En France, les règles de bien-être ani­mal sont par­mi les mieux-disantes au monde, nous devrions en être fiers. Mais cette inéga­li­té fait pen­cher notre balance d’importation, car à la fin dans les rayons le prix l’emporte bien sou­vent sur les condi­tions d’élevage ou de pro­duc­tion, très peu valo­ri­sées aujourd’hui. Un prin­cipe d’équivalence des normes pour le sec­teur ali­men­taire est la seule voie pos­sible pour espé­rer gar­der notre modèle agri­cole ; en atten­dant il est urgent de mettre en place des mesures de com­pen­sa­tion. 

Transformer les unités de production

La trans­for­ma­tion des uni­tés de pro­duc­tion est une condi­tion majeure pour répondre à l’évolution de la demande, ren­for­cer la pro­duc­ti­vi­té et la com­pé­ti­ti­vi­té, et faire de la réin­dus­tria­li­sa­tion une réa­li­té. Les usines fran­çaises sont confron­tées à un triple enjeu d’investissement : moder­ni­ser, décar­bo­ner et numé­ri­ser. La réin­dus­tria­li­sa­tion d’un ter­ri­toire doit avant tout s’articuler autour d’une logique de proxi­mi­té (spa­tiale, orga­ni­sa­tion­nelle et cog­ni­tive) et d’une dyna­mique évo­lu­tive qui prend appui sur l’histoire et les res­sources dis­po­nibles sur un ter­ri­toire. Il est donc essen­tiel de ren­for­cer les coopé­ra­tives dans leurs mis­sions de struc­tu­ra­tion des filières afin d’accélérer la tran­si­tion agroé­co­lo­gique. 

Reconquérir les marchés

Il est impé­ra­tif de pro­duire plus pour recon­qué­rir les mar­chés que nous avons per­dus sur cer­taines den­rées agri­coles et agroa­li­men­taires, dès lors que celles-ci pour­raient être pro­duites sur notre ter­ri­toire au lieu d’être impor­tées. Accen­tuer notre rythme de pro­duc­tion doit éga­le­ment se faire en tenant compte des impé­ra­tifs envi­ron­ne­men­taux qui nous pré­oc­cupent tous. Pour pro­duire mieux et dura­ble­ment, nous devons aller plus loin dans la mise en place de mesures de sécu­ri­sa­tion des res­sources telles que l’eau, de poli­tiques de pré­ven­tion des risques cli­ma­tiques dans les ter­ri­toires, et dans le déve­lop­pe­ment de l’autonomie éner­gé­tique à l’échelle des exploi­ta­tions agri­coles. 

Utiliser les atouts du modèle coopératif

Ces feuilles de route font par­tie inté­grante des stra­té­gies des coopé­ra­tives agri­coles, car leur « rai­son d’être » relève de la pré­ser­va­tion des exploi­ta­tions agri­coles et de leur transmission. 

Avec un besoin de renou­vel­le­ment d’environ 100 000 chefs d’exploitation sur les dix ans à venir, il est indis­pen­sable de réser­ver des finan­ce­ments pour sou­te­nir ce modèle col­lec­tif ver­tueux. Vec­teurs de la mutua­li­sa­tion des moyens, et repré­sen­tant la pro­fes­sion vis-à-vis des par­ties pre­nantes, elles per­mettent la mise en œuvre de ce plan ambi­tieux en évi­tant un épar­pille­ment des moyens et un manque de cohé­rence à l’échelle de leur ter­ri­toire. Leur orga­ni­sa­tion spé­ci­fique d’une démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive à l’échelle de chaque exploi­ta­tion en fait un inter­lo­cu­teur pri­vi­lé­gié tant des col­lec­ti­vi­tés locales, des régions, que des par­te­naires natio­naux, tant exé­cu­tifs que législatifs. 

Il est éga­le­ment néces­saire d’investir dans la moder­ni­sa­tion et la numé­ri­sa­tion de l’outil de pro­duc­tion pour avoir des entre­prises plus agiles et connec­tées pour répondre à la demande. Trop d’industries sont encore orga­ni­sées en flux pous­sés, notam­ment les coopé­ra­tives agri­coles qui ont pour mis­sion de valo­ri­ser les pro­duc­tions de leurs agri­cul­teurs, alors qu’il est néces­saire de pas­ser à un fonc­tion­ne­ment en flux tirés par la demande, évo­lu­tion ren­due pos­sible par le numé­rique. 

Numérisation et robotisation 
sont les deux leviers indissociables pour 
faire basculer l’industrie alimentaire vers 
un fonctionnement 
plus performant, 
plus productif 
et orienté vers 
les besoins des consommateurs.
Numé­ri­sa­tion et robo­ti­sa­tion sont les deux leviers indis­so­ciables pour faire bas­cu­ler l’industrie ali­men­taire vers un fonc­tion­ne­ment plus per­for­mant, plus pro­duc­tif et orien­té vers les besoins des consom­ma­teurs.
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Automation et robotisation

L’augmentation sub­stan­tielle de la pro­duc­tion des indus­tries trans­for­ma­trices devra faire appel à une auto­ma­tion assu­rant la tra­ça­bi­li­té totale des filières amont-aval, garantes de l’autonomie retrou­vée, ain­si qu’à une robo­ti­sa­tion du tra­vail plus pous­sée, dimi­nuant d’autant le besoin à des res­sources humaines sup­plé­men­taires. En effet, les com­pé­tences sont déjà actuel­le­ment en défi­cit : le sec­teur agroa­li­men­taire est le pre­mier employeur indus­triel fran­çais avec 360 000 emplois per­ma­nents, il com­porte à l’été 2023 pas moins de 90 000 postes vacants. 

La dis­po­ni­bi­li­té en quan­ti­té et en qua­li­té d’une main‑d’œuvre qua­li­fiée est aus­si une condi­tion sine qua non de retour à l’équilibre com­mer­cial de la filière. Un effort de for­ma­tion enga­geant les acteurs locaux doit être mené, impli­quant le déve­lop­pe­ment des écoles de pro­duc­tion et les dis­po­si­tifs d’apprentissage. Numé­ri­sa­tion et robotisa­tion sont les deux leviers indis­so­ciables pour faire bas­cu­ler l’industrie ali­men­taire vers ce fonc­tion­ne­ment plus per­formant, plus pro­duc­tif et orien­té vers les besoins des consom­ma­teurs. 

Accompagner la décarbonation

Le sec­teur agri­cole et agroa­li­men­taire a une place par­ti­cu­lière et un rôle essen­tiel dans la décar­bo­na­tion des acti­vi­tés humaines. Il doit prendre sa part dans les objec­tifs de décar­bo­na­tion, tout en répon­dant à ses autres défis ter­ri­to­riaux natio­naux et pla­né­taires. L’alimentation compte pour envi­ron 24 % de l’empreinte GES (gaz à effet de serre) d’un Fran­çais, dont 19 % pour l’amont agri­cole. Si l’on fait abs­trac­tion de la déforesta­tion jus­te­ment liée aux impor­ta­tions, les deux fac­teurs pri­mor­diaux rele­vant de la pro­duc­tion natio­nale sont l’émission de méthane par fer­men­ta­tion enté­rique des rumi­nants et les éva­po­ra­tions de pro­toxyde d’azote par usage d’engrais azo­tés, cha­cun comp­tant pour 40 % à 50 % du total. Une poli­tique de retour à la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire ne peut donc faire abs­trac­tion d’un pro­gramme de réduc­tion forte de l’un et de l’autre, déjà ins­crits dans la SNBC (stra­té­gie natio­nale bas carbone).

“Les coopératives agricoles apparaissent comme une solution évidente au défi de souveraineté alimentaire.”

Les études menées indé­pen­dam­ment par l’Inrae d’une part, les recom­man­da­tions nutri­tion­nelles de l’OMS, d’autre part, per­mettent de pro­po­ser des réduc­tions de consom­ma­tion de viande de 30 % à 60 % selon les caté­go­ries de per­sonne (sexe, âge), ce qui cor­res­pon­drait aus­si à la pour­suite des acti­vi­tés d’élevage sur l’ensemble des prai­ries et pâtu­rages per­ma­nents de France (envi­ron un tiers des sur­faces agri­coles) ; la sur­face récu­pé­rée per­met­tant un déve­lop­pe­ment de pro­téa­gi­neux, à des­ti­na­tion tant de la consom­ma­tion humaine en sub­sti­tut de la moindre consom­ma­tion de viande que de l’alimentation ani­male en sub­sti­tut d’importations (de soja en par­ti­cu­lier). Le main­tien en l’état des sur­faces de prai­ries per­ma­nentes et pâtu­rages natu­rels, avec les déli­mi­ta­tions de haies et bos­quets, étant par ailleurs le vec­teur prin­ci­pal de pré­ser­va­tion de la bio­di­ver­si­té dans le pay­sage rural, en sus des sur­faces culti­vées en agri­cul­ture bio­lo­gique. 

Le maintien des surfaces de prairies permanentes et pâturages naturels, avec les délimitations de haies et bosquets, est le vecteur principal de préservation de la biodiversité 
dans le paysage rural.
Le main­tien des sur­faces de prai­ries per­ma­nentes et pâtu­rages natu­rels, avec les déli­mi­ta­tions de haies et bos­quets, est le vec­teur prin­ci­pal de pré­ser­va­tion de la bio­di­ver­si­té dans le pay­sage rural.
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Soutenir la rentabilité de l’effort

C’est donc tout un sys­tème à mettre en place pour accé­lé­rer la décar­bo­na­tion tout en conser­vant nos capa­ci­tés à pro­duire et à nour­rir. Les études menées sur la ren­ta­bi­li­té des inves­tis­se­ments de tran­si­tion attestent sur le court terme d’un coût d’investissement addi­tion­nel en capi­tal très éle­vé contre de faibles éco­no­mies sur les coûts d’exploitation. Ce n’est que dans un second temps, esti­mé au mini­mum à vingt ans, que les éco­no­mies réa­li­sées se révèlent supé­rieures aux inves­tis­se­ments annuels réa­li­sés pour la tran­si­tion. Or les opé­ra­teurs pri­vés ne peuvent à eux seuls sup­por­ter le coût total de ces inves­tis­se­ments, ce qui néces­site un appui finan­cier et nor­ma­tif des pou­voirs publics, sous peine de voir la com­pé­ti­ti­vi­té des indus­triels se dégra­der pen­dant ce temps d’amortissement des inves­tis­se­ments de tran­si­tion. 

Promouvoir le « produire en France »

Même si la légis­la­tion va dans le bon sens et demande de plus en plus d’étiquetage indi­quant l’origine des pro­duc­tions, la réa­li­té reste bien dif­fé­rente. Seuls 15 % des res­tau­rants affichent aujourd’hui l’origine de leur viande, alors que l’étiquetage est obli­ga­toire en restau­ration hors domi­cile depuis main­te­nant plus d’un an. Les impor­ta­tions, qui ne font qu’augmenter, sont en par­tie le fruit de l’ignorance de ce fait par les consom­mateurs. Si nous sou­hai­tons pas­ser à l’étape ulté­rieure, il nous faut inten­si­fier l’approvisionnement en pro­duits fran­çais par l’application stricte de l’étiquetage de l’origine, ajou­ter un cri­tère d’origine pour les appels d’offres publics et ins­tau­rer une pro­por­tion mini­male de mises en avant des pro­duc­tions agri­coles fran­çaises par les enseignes. 

La réindustrialisation comme garantie

La situa­tion est cri­tique et, sans inflé­chis­se­ment pro­fond, le pays risque de ne plus être en mesure d’assurer la sécu­ri­té ali­men­taire de ses citoyens et de ne pas atteindre ses objec­tifs envi­ron­ne­men­taux. Or la réin­dus­tria­li­sa­tion est la garan­tie de mieux maî­tri­ser notre des­tin en termes aus­si bien de sou­ve­rai­ne­té, de com­pé­ti­ti­vi­té, que de lutte contre le dérè­gle­ment cli­ma­tique. Dès lors, il est essen­tiel de défi­nir une stra­té­gie pour ren­for­cer la base pro­duc­tive du pays et faire face aux évo­lu­tions de consom­ma­tion natio­nale et mondiale. 

L’avenir de l’industrie agroa­li­men­taire devra s’articuler autour de ces quatre axes de déve­lop­pe­ment : avoir des pro­duc­tions décar­bo­nées ins­crites dans une démarche d’économie cir­cu­laire ; bas­cu­ler vers des entre­prises plus agiles et connec­tées, capables de répondre à la demande ; rendre les métiers et les par­cours pro­fes­sion­nels plus attrac­tifs sur les ter­ri­toires ; ancrer les usines dans les ter­ri­toires et leurs éco­sys­tèmes, tout en pré­ser­vant leur com­pé­ti­ti­vi­té. 

La pente est raide

Le che­min à par­cou­rir est long, com­plexe et coû­teux, car la dés­in­dus­tria­li­sa­tion a induit un sous-inves­tis­se­ment dans les uni­tés de pro­duc­tion et à court terme nous serions bien en peine de rapa­trier sur le ter­ri­toire natio­nal les pro­duc­tions déles­tées au cours des décen­nies sur des ter­ri­toires étran­gers : nous n’en avons ni l’espace néces­saire, ni l’outil agri­cole ou indus­triel, ni les compétences.

Ce sous-inves­tis­se­ment péna­lise la capa­ci­té des entre­prises à répondre aux évo­lu­tions et aux fluc­tua­tions de la demande. Alors que les coopé­ra­tives agri­coles appa­raissent comme une solu­tion évi­dente au défi de sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire, elles sont malheureu­sement encore plus péna­li­sées. En effet, l’investissement est aujourd’hui très contraint, du fait d’un taux d’endettement déjà éle­vé et de fonds propres insuf­fi­sants au regard d’un bilan qui s’alourdit. Une mon­tée signi­fi­ca­tive des pou­voirs publics dans le haut des bilans des entre­prises (fonds propres ou qua­si-fonds propres des banques publiques, sub­ven­tions ciblées ou boni­fiées) per­met­trait de déclen­cher un impor­tant effet de levier finan­cier sur la struc­ture finan­cière des TPE-PME et des coopé­ra­tives agri­coles. 

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