Ludwig Van Beethoven : Premier concerto pour piano
Franz Liszt : Second concerto pour piano

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Marc DARMON (83)

Khatia Buniatishvili, piano, Orchestre Philharmonique d’Israël, Zubin MehtaNée en Géor­gie, Kha­tia Bunia­ti­sh­vi­li est désor­mais depuis 2017 une pia­niste fran­çaise. « Je pense que la France est un pays qui mélange créa­ti­vi­té et droits de l’homme. Les deux ensemble, c’est rare dans un pays », dit-elle.

On peut être très fier de cette artiste dont l’élégance incon­tes­table n’est que secon­daire par rap­port à un jeu unique, mélange de vir­tuo­si­té et de ten­dresse, de pré­ci­sion et de rêve­rie, avec une tech­nique éblouis­sante, un son tour à tour per­lé ou puis­sant, à la fois des basses nettes et expres­sives et des aigus agiles et souples. Invi­tée dans les plus grands fes­ti­vals depuis ses quinze ans, Bunia­ti­sh­vi­li est incon­tes­ta­ble­ment une des plus grandes pia­nistes actuelles.

On la retrouve dans ces concerts de 2015 et 2016, accom­pa­gnée par le Phil­har­mo­nique d’Israël, diri­gé par celui qui l’a diri­gé plus de 50 ans, Zubin Meh­ta. Dans le Second Concer­to que Liszt mit vingt ans à ache­ver, en un seul mou­ve­ment autour d’un thème d’une nos­tal­gie très émou­vante, elle crève natu­rel­le­ment l’écran. Chaque mesure est inves­tie par une pré­sence envoû­tante, chaque phrase pousse vers la sui­vante, chaque nuance est sen­tie, chaque idée sou­te­nue. Par­fois presque debout pour appuyer cer­tains accords, elle démontre un jeu cap­ti­vant d’une rare richesse.

Dans Bee­tho­ven, une autre période, une autre robe, tou­jours magni­fique, mais même che­ve­lure recon­nais­sable qui cache par­tiel­le­ment son visage (au Fes­ti­val de Ver­bier en 2011, c’était encore plus mar­quant). Le Liszt était magni­fique, on l’a dit, mais Bee­tho­ven est peut-être encore plus remar­quable car elle y est moins atten­due. L’attention de l’auditeur est cap­tée à chaque note dans cette œuvre de la période clas­sique (Mozart n’est mort que depuis trois ans). Pen­dant l’introduction sans pia­no de Bee­tho­ven, on mesure la qua­li­té de l’orchestre chaud et brillant à la fois (mer­veilleux bois, soyeuses et riches cordes !) et de la direc­tion de Mehta.

Les concerts sont par­fai­te­ment enre­gis­trés et fil­més. Et le son mer­veilleux fait de ces écoutes un moment d’un rare plaisir.

Kha­tia Bunia­ti­sh­vi­li divise les maga­zines et par­fois les cri­tiques, mais elle ne divise pas les mélo­manes. Oublions ce que disent d’elle les jaloux (on a lu « pop star du clas­sique », « rock star »,« Bet­ty Boop du pia­no » ou encore « Beyon­cé du pia­no »), et jugeons par nous-mêmes avec ce très beau DVD.


Kha­tia Bunia­ti­sh­vi­li, pia­no, Orchestre Phil­har­mo­nique d’Israël, Zubin Mehta

Un DVD ou un Blu-Ray Sony

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