Xpollens : un acteur de la transformation digitale de l’économie

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Jean GUILLAUME

Le Ban­king-as-a-Ser­vice, en très forte crois­sance actuel­le­ment, ouvre des pers­pec­tives nou­velles en termes de paie­ment et d’expérience client. Jean Guillaume, fon­da­teur et CEO de Xpol­lens, une pla­te­forme fran­çaise de Ban­king-as-a-Ser­vice, nous pré­sente ce sec­teur et revient plus par­ti­cu­liè­re­ment sur le posi­tion­ne­ment de sa Fin­tech. Rencontre.

Xpollens est une plateforme de Banking-as-a-Service. De quoi s’agit-il ?

JG : Rela­ti­ve­ment récentes mais en forte crois­sance, les pla­te­formes de Ban­king-as-a-Ser­vice (BaaS) per­mettent à des entre­prises sans licence ban­caire d’intégrer des fonc­tion­na­li­tés finan­cières par API direc­te­ment dans leurs pro­ces­sus, work­flows ou offres. C’est ce qu’on appelle aus­si la finance embar­quée (embed­ded finance).

Concrè­te­ment, Xpol­lens dis­pose d’une licence pour exer­cer la pro­fes­sion ban­caire et d’un agré­ment de paie­ment et de mon­naie élec­tro­nique. Cela nous per­met de pro­po­ser à nos clients des ser­vices finan­ciers de base comme des comptes avec des IBAN, la créa­tion d’utilisateurs ban­caires avec la ges­tion du KYC et des obli­ga­tions ban­caires connexes en matière de lutte contre le blan­chi­ment d’argent… À par­tir de là, nos clients vont être en mesure d’accepter tous les moyens de paie­ment entrant (vire­ment, pré­lè­ve­ment, carte) et d’émettre n’importe quel type de paie­ment sor­tant (cartes phy­siques ou vir­tuelles consu­mer et busi­ness, vire­ments ins­tan­ta­nés, prélèvements…).

Nous met­tons à leur dis­po­si­tion une véri­table « boîte à outils » ban­caire com­po­sée de modules que les entre­prises peuvent uti­li­ser en fonc­tion de leurs besoins. Grâce à notre API qui offre de larges pos­si­bi­li­tés en termes d’intégration, nos clients peuvent gérer leurs règles métiers de manière tota­le­ment sur-mesure, en capi­ta­li­sant sur ces dif­fé­rentes briques.

Concrètement, qu’est-ce que le Banking-as-a-Service permet de faire ?

Avec notre pla­te­forme, nous gérons prin­ci­pa­le­ment deux grands cas d’usages.
Pre­miè­re­ment, nous don­nons à des entre­prises qui n’ont pas d’agrément ban­caire, et qui ne sont donc pas des éta­blis­se­ments finan­ciers, la pos­si­bi­li­té de pro­po­ser à leurs clients finaux des ser­vices finan­ciers. Par exemple, nous tra­vaillons avec une entre­prise qui veut aug­men­ter la valeur de son pro­gramme de fidé­li­té en trans­for­mant les points de fidé­li­té en euros consom­mables par carte vir­tuelle chez des par­te­naires. Notre solu­tion per­met d’intégrer fine­ment et de de manière tota­le­ment fluide et trans­pa­rente cette carte vir­tuelle à l’application mobile. Au-delà, cette expé­rience de paie­ment inté­gré est tota­le­ment invi­sible pour le client final qui à aucun moment n’a l’impression d’avoir été en contact avec un tiers autre que sa marque de prédilection.

Nous accom­pa­gnons aus­si des Néo-banques, des Fin­techs et des enseignes qui veulent lan­cer leurs ser­vices finan­ciers ou offres de paie­ment en res­tant concen­trés sur leur cœur de métier. Dans ce cadre, nous gérons toute la com­plexi­té ban­caire ce qui, in fine, leur per­met de pro­po­ser une véri­table valeur ajou­tée à leur clien­tèle et une expé­rience client opti­male sans couture.

« Nous accompagnons aussi des Néo-banques, des Fintechs et des enseignes qui veulent lancer leurs services financiers ou offres de paiement en restant concentrés sur leur cœur de métier. »

La seconde famille de cas d’usages que nous ser­vons est celle des cor­po­rates qui vont uti­li­ser nos ser­vices finan­ciers pour leur besoin propre et notam­ment pour robo­ti­ser, orches­trer et auto­ma­ti­ser leurs flux finan­ciers. Au-delà de la paie et du paie­ment des four­nis­seurs, de nom­breuses entre­prises gèrent au quo­ti­dien des flux entrants et sor­tants et ont besoin de pou­voir suivre ces flux et de les gérer en temps réel. C’est notam­ment le cas des assu­rances qui, men­suel­le­ment, col­lectent des sous­crip­tions et reversent des dédom­ma­ge­ments à leurs assu­rés ou à leurs par­te­naires suite à un sinistre.

Les acteurs du pari en ligne ont aus­si besoin de solu­tions et de ser­vices finan­ciers pour assu­rer la tra­ça­bi­li­té de la res­ti­tu­tion des gains avec du paie­ment ins­tan­ta­né. Ces pro­blé­ma­tiques concernent aus­si les fran­chi­sés, le sec­teur des télé­péages, de la ges­tion de biens ou encore du trans­port de fonds… L’idée n’est pas de venir se sub­sti­tuer aux banques, mais d’ajouter à côté de la banque des ser­vices finan­ciers para­mé­trables en fonc­tion du métier et qui vont per­mettre, avec un haut niveau de tra­ça­bi­li­té, d’envoyer et de rece­voir de l’argent à grande échelle et en temps réel.

Dans ce cadre, la fonc­tion­na­li­té la plus plé­bis­ci­tée est l’IBAN vir­tuel : à par­tir d’un compte, il est ain­si pos­sible d’émettre en temps réel une infi­ni­té d’IBAN vir­tuels qui vont cor­res­pondre à une tran­sac­tion en par­ti­cu­lier. Le recours aux IBAN vir­tuels per­met de ce fait une récon­ci­lia­tion comp­table et une tra­ça­bi­li­té tech­nique native qui faci­lite la vie des direc­tions financières.

Dans ce cadre, comment se positionne Xpollens ?

Xpol­lens est un acteur de la trans­for­ma­tion digi­tale de l’économie. Notre ambi­tion est de révo­lu­tion­ner la banque en Europe, plus pré­ci­sé­ment la façon dont les entre­prises uti­lisent, je dirais même “consomment” leur banque. Nous accom­pa­gnons essen­tiel­le­ment des entre­prises qui ont un pro­jet stra­té­gique de moder­ni­sa­tion ou de trans­for­ma­tion de leurs pro­ces­sus internes ou de leur expé­rience client, ou encore qui sou­haitent lan­cer un nou­veau modèle d’affaires.

Nous avons donc fait le choix de déve­lop­per une solu­tion SaaS sous la forme d’une API très gra­nu­laire et modu­laire, une « boîte à outils » qui va per­mettre à nos clients de per­son­na­li­ser et para­mé­trer selon leurs besoins et métiers les ser­vices qu’ils vont déployer ou mettre à dis­po­si­tion de leurs clients finaux ou de leurs propres équipes.

» Notre ambition est de révolutionner la banque en Europe, plus précisément la façon dont les entreprises utilisent, je dirais même “consomment” leur banque. »

Nous inter­ve­nons ain­si très en amont. Très sou­vent, les entre­prises viennent vous voir avec une idée, un pro­jet, une pro­blé­ma­tique métier ou encore un objec­tif busi­ness que nous trans­for­mons en pro­jet de paie­ment à forte valeur ajou­tée. Dans notre offre, nous com­bi­nons la dimen­sion tech­no­lo­gique au tra­vers de notre API très sophis­ti­quée à une dimen­sion conseil avec un accom­pa­gne­ment sur mesure.

Aujourd’hui, au sein de Xpol­lens, nous avons la convic­tion forte que la crois­sance du mar­ché du BaaS sera por­tée par les cor­po­rates et leurs pro­jets de trans­for­ma­tion. Nous nous dif­fé­ren­cions en cela de la pre­mière géné­ra­tion d’acteurs euro­péens du BaaS, qui ont tra­vaillé exclu­si­ve­ment pour des fin­techs, même si nous les accueillons aus­si avec plai­sir. Nos solu­tions sont les plus adap­tées aux besoins des acteurs qui ont des pro­jets à fort volume et à fort besoin de contex­tua­li­sa­tion ou de modularité.

Aujourd’hui, Xpol­lens emploie près de 150 per­sonnes et enre­gistre une crois­sance proche de 350 % de reve­nus récur­rents. Nous avons déjà plus d’une ving­taine de clients que nous conseillons et accom­pa­gnons dans le cadre de leurs projets.

Quel est le niveau de maturité des entreprises en matière de BaaS ?

Le mar­ché du Ban­king-as-a-Ser­vice est encore émergent. De nom­breux sec­teurs d’activité n’ont pas encore plei­ne­ment pris conscience des gains ou des béné­fices de cette solu­tion. Nous avons un impor­tant tra­vail de sen­si­bi­li­sa­tion et d’évangélisation du mar­ché à réa­li­ser. Dans cette démarche, nous ne sommes pas seuls. Nous avan­çons sur ces ques­tions avec l’ensemble des cabi­nets de conseil et des spé­cia­listes des paie­ments, car ce sont des acteurs qui sont en contact avec des pros­pects poten­tiels qui ont des pro­jets de trans­for­ma­tion ou de moder­ni­sa­tion à lancer.

Je pense qu’il fau­dra encore rai­son­na­ble­ment 4 à 5 ans avant que le Ban­king-as-a-Ser­vice devienne un réflexe. L’enjeu pour un acteur comme Xpol­lens est de ren­for­cer son posi­tion­ne­ment dès pré­sent pour se dif­fé­ren­cier et être recon­nu comme un acteur incon­tour­nable quand le mar­ché par­vien­dra à maturité.

Quels sont les défis et l’avenir des paiements ? Et en votre qualité de Paytech, comment contribuez- vous au nouveau paysage des paiements ?

Nous nous ins­cri­vons dans la conti­nui­té d’une ten­dance qui remonte au début des années 2010 : pro­po­ser une expé­rience de paie­ment de plus en plus invi­sible et sans fric­tion aus­si bien du côté de l’entreprise, de l’enseigne, du com­mer­çant, que du côté du consom­ma­teur final. Pour ce faire, nous met­tons à dis­po­si­tion de nos clients notre agré­ment ban­caire, ain­si que toutes les nou­velles tech­no­lo­gies de paie­ment afin de concré­ti­ser leurs pro­jets. En ce sens, nous sommes en quelque sorte un acteur de l’Open Ban­king, non pas dans le sens de la DSP2, mais plu­tôt dans le sens où nous offrons des pos­si­bi­li­tés nou­velles aux entre­prises qui vont venir com­plé­ter les ser­vices ban­caires qu’elles consomment traditionnellement.

Nous nous rap­pro­chons aus­si de l’Open Ban­king parce que nous contri­buons à démys­ti­fier et rendre beau­coup plus acces­sibles les ser­vices finan­ciers et de paie­ment. Enfin, comme les acteurs de l’open ban­king au sens strict – agré­ga­teurs et ini­tia­teurs -, le BaaS est un moyen de consom­mer des ser­vices finan­ciers en dehors du contexte de sa banque principale.

Et sur ce marché, comment vous projetez-vous ? Quelles sont vos perspectives ?

Aujourd’hui, nous sommes en phase de scale-up. Notre enjeu est donc de pour­suivre notre crois­sance com­mer­ciale et d’optimiser notre modèle opé­ra­tion­nel (exploi­ta­tion ban­caire, ges­tion des risques, auto­ma­ti­sa­tion des pro­cess…). En paral­lèle, nous ambi­tion­nons aus­si de nous déve­lop­per en dehors de l’Hexagone. Nous avons déjà quelques clients hors de France et nous nous inté­res­sons à plu­sieurs mar­chés voi­sins. C’est une démarche à bien pré­pa­rer compte tenu des spé­ci­fi­ci­tés locales qui existent au sein de l’Union euro­péenne sur le plan tech­no­lo­gique, régle­men­taire et en matière d’habitudes de consommation.

Nous cher­chons aus­si à diver­si­fier notre offre de ser­vices finan­ciers. Aujourd’hui, nous assis­tons à l’émergence de formes de cré­dit qui se rap­prochent du monde du paie­ment : le prêt de tré­so­re­rie aux entre­prises lié à l’encaissement de leurs paie­ments, le BNPL (Buy Now Pay Later), le débit dif­fé­ré, le petit cré­dit de consom­ma­tion aux par­ti­cu­liers… Il s’agit de ser­vices qui sont très liés à l’expérience d’achat et de paie­ment. Ce sont aus­si des ser­vices qui peuvent être très lar­ge­ment auto­ma­ti­sés dès lors qu’il y a une capa­ci­té à faire du sco­ring en temps réel.

Ce mar­ché qui se requa­li­fie actuel­le­ment se rap­proche ain­si de plus en plus du mar­ché du paie­ment aus­si bien sur le plan tech­no­lo­gique qu’en termes de dis­tri­bu­tion. Notre enjeu est ain­si d’étudier les pistes busi­ness les plus per­ti­nentes afin d’étendre notre cata­logue d’offres. En met­tant en œuvre ces dif­fé­rents axes de déve­lop­pe­ment nous devien­drons un lea­der euro­péen du sec­teur du Banking-as-a-Service.

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