100 vies 100 destinées

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°600 Décembre 2004Par : Michel Diviné (74) et Marlis Grzymek-LauleRédacteur : Pierre LEGUÉ homme ordinaire

Lorsque Michel Divi­né m’a sug­gé­ré de rédi­ger une cri­tique de son livre, je me suis tout de suite deman­dé – s’agissant de psy­cho­lo­gie – si je pou­vais m’estimer capable de le faire.

Pris entre les feux d’impitoyables bâtis­seurs de ponts et d’étranges et sublimes psy­chiatres, que pour­rait le sieur lamb­da racon­ter ? Et puis com­ment s’autoriser à cri­ti­quer quand on a assis­té tant de fois, hélas, aux arro­gantes ver­ba­li­sa­tions de ces par­faits para­sites sociaux que sont les cri­tiques professionnels ?

Voi­là un bien long pré­am­bule d’amateur, juste pour dire que c’est sans doute – et c’est ce qui frappe de prime abord quand on ouvre ce livre, en plus de la richesse de son conte­nu – son amour de l’authenticité et de la sin­cé­ri­té qui a pous­sé Michel Divi­né à me deman­der d’écrire. En ce sens que deman­der à un non-spé­cia­liste de “ recen­ser ” son livre, alors que je n’ai fait, quant à moi, qu’assister à quelques constel­la­tions – émer­veillé ! – est dans le droit fil de son ambition.

Ce livre est rédi­gé pour être com­pris par cha­cun. Il ne pra­tique pas le jar­gon des Dia­foi­rus jaloux de leurs secrets. Il expose clai­re­ment et avec une par­faite conci­sion les che­mi­ne­ments de l’être por­tant en lui les vécus des géné­ra­tions pré­cé­dentes, sans que, la plu­part du temps, il en ait conscience. Mais, que, par contre, son com­por­te­ment s’en trouve gra­ve­ment induit.

Une sorte de jeu de rôles authen­tique, sous la hou­lette du thé­ra­peute, mais mené par l’impétrant, jusqu’à ce que les per­son­nages, qu’il a dis­po­sés à son gré dans l’espace devant lui, prennent leur auto­no­mie et – c’est là que cela devient tout à fait éton­nant – racontent son his­toire, qu’ils ne connaissent pas, jusqu’à lui faire décou­vrir une réa­li­té cachée ou ignorée.

Il s’agira ensuite, enfin, de mettre des paroles sur les décou­vertes faites, paroles qui se réfèrent aux arché­types de nos com­por­te­ments et qui per­met­tront d’accepter son état.

Je me suis trou­vé ain­si, cer­tain jour, marin péri en mer, com­pre­nant l’état d’esprit de cet homme quand il n’y a dans ma famille pas le moindre membre, récent en tout cas (l’exercice rend pru­dent !), dans cet uni­vers. J’ai été sol­dat tué à la guerre, assis­tant du fond de ma tombe, à la fois plein de ten­dresse et un peu envieux, aux ges­ti­cu­la­tions des vivants. J’ai été fier­té d’un peuple amé­rin­dien, sen­ti­ment fort hono­rable certes mais par­fai­te­ment inat­ten­du pour ce qui me concerne.

Tou­jours avec le même sen­ti­ment d’intime com­pré­hen­sion de l’être dans lequel je m’étais, sans le vou­loir, immiscé.

Cent cas ici étu­diés for­mant un spectre très large, cent vies scru­tées en com­pa­gnie de Mar­lis ouvrent des hori­zons ver­ti­gi­neux sur les pro­fon­deurs dis­si­mu­lées au conscient (heu­reu­se­ment !) de notre immense mémoire

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