Père BONNET, polytechnicien promotion 1952

Yannik BONNET (52), la passion de l’humain

Dossier : TrajectoiresMagazine N°735 Mai 2018Par : Bernard PRUGNAT(52)

Yannik avait une per­son­nal­ité forte, qui le pous­sait à s’exprimer aus­si bien par l’écrit, avec neuf livres pub­liés entre 1989 et 2013, et de nom­breux arti­cles dans divers­es revues, que par un dis­cours nour­ri de cul­ture clas­sique, assor­ti d’un sens inné de la for­mule qui frappe. 

C’est ain­si que, récem­ment ordon­né, chargé de célébr­er la messe du 15 août au Puy-en-Velay, devant un audi­toire a pri­ori peu enclin à écouter le ser­mon d’un prêtre, il avait su capter l’attention de tous en évo­quant, d’emblée, le sou­venir de l’annonce par sa femme de la venue de leur sep­tième enfant. 

Être heureux au travail

Faut-il met­tre sur cette force de con­vic­tion son élec­tion au con­seil munic­i­pal de Lyon, sur la liste de Ray­mond Barre ? 

Il y appor­tait son expéri­ence de l’entreprise, qui inspi­rait ses trois pre­miers ouvrages, et en par­ti­c­uli­er Être heureux au tra­vail, pub­lié en novem­bre 1992, et dont le jour­nal Le Monde avait don­né un com­men­taire se ter­mi­nant ain­si : « Il croit (aidé par son catholi­cisme affiché en fin de par­cours) aux richess­es de la per­son­ne et aux pos­si­bil­ités de son développe­ment en toutes cir­con­stances, aux ver­tus du temps, des rap­ports avec l’autre, à la joie de trans­met­tre, à la préser­va­tion de l’équilibre grâce à la famille, à la force apportée par le syn­di­cal­isme. Un peu rose ? Sans doute, mais sa foi est communicative. » 

« L’Égalité n’existe pas ! »

Le Cen­tre français du patronat chré­tien (devenu aujourd’hui Entre­pre­neurs et Dirigeants chré­tiens) lui avait naturelle­ment con­fié, dans les années 90, la respon­s­abil­ité de la paru­tion de sa revue, Pro­fes­sions et Entre­pris­es.

Un des arti­cles qu’il avait rédigés lui-même, en 1996, sous le titre « L’Égalité n’existe pas ! », se ter­mi­nait ain­si : « Nous pas­sons notre temps, soit à nous tromper de com­bat en nous indig­nant stu­pide­ment devant des iné­gal­ités con­tre lesquelles nous ne pou­vons rien, soit à fer­mer les yeux devant des injus­tices aux­quelles nous pour­rions apporter des remèdes, en pré­tex­tant que c’est le rôle de l’État, des patrons ou des organ­ismes sociaux. 

L’égalité n’existe pas, l’équité est insuff­isante, notre jus­tice est impar­faite, notre amour n’est pas illim­ité. Mais notre petit amour, quoique fini, s’il est patient, obstiné, per­sévérant, peut faire des mir­a­cles. Et le pre­mier mir­a­cle pour celui qui se sent défa­vorisé, c’est de se voir regardé avec amour. » 

Le sens de la famille

Sa cul­ture clas­sique, son sens de l’humain et son obses­sion que la famille reste au rang des valeurs à main­tenir à tout prix le pous­saient à s’exprimer, par­fois avec vir­u­lence, sur l’évolution, à ses yeux préoc­cu­pante, de la qual­ité de l’enseignement en France. 

Qu’on se rap­pelle à cet égard son arti­cle, dans La Jaune et la Rouge, en mai 2008, qui plaidait pour que soient rétab­lis le cer­ti­fi­cat d’études et l’examen d’entrée en sixième. 

Un peu dépassée, ou tou­jours d’actualité, la leçon que Yan­nik Bon­net a ain­si cher­ché à don­ner, tout au long de sa vie ? Le lecteur jugera. 

LE TÉMOIGNAGE DE JACQUES BOUTTES(52)

Je l’ai vraiment connu qu’après qu’il fut devenu prêtre. Comme lui, j’ai toujours été intéressé par la formation des hommes. J’ai beaucoup apprécié les livres qu’il a écrits sur ce sujet et j’ai eu l’occasion de discuter avec lui, notamment de la formation des jeunes de milieux défavorisés ayant du potentiel. C’était un homme chrétien très engagé qui lançait des actions et les suivait avec conviction.

2 Commentaires

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Alain de Chatelper­ron 52répondre
17 mai 2018 à 17 h 47 min

Retrou­vé Yan­nick
Forte pro­mo­tion en faveur d’une école catholique hors contrat..
Bon accueil d’une équipe MCC (Cadres chré­tiens) lors de son min­istère à l’évêché du Puy en Velay

Jean-Nico­las THEOBALD X1990répondre
22 mai 2018 à 12 h 41 min

Une ren­con­tre …prov­i­den­tielle
J’ai fait la con­nais­sance du père Bon­net en novem­bre 1998 dans des cir­con­stances très spéciales.
Par­tant avec mon épouse sur le chemin de Saint-Jacques, je me suis retrou­vé dans la bonne ville du Puy à la recherche d’un prêtre pour bénir notre départ. On nous envoie dans la paroisse proche de la cathédrale.

Nous prenons notre place dans la file d’at­tente pour le con­fes­sion­nal, avec quelques dames d’âge vénérable.

Mon tour arrive, j’en­tre dans le con­fes­sion­nal et il me prévient : “vous savez, je n’ai pas beau­coup d’ex­péri­ence de la con­fes­sion, alors il fau­dra être indul­gent avec moi.”
Pre­mière surprise !
Je reprends mes esprits et j’ex­pose ma sit­u­a­tion :” je suis ingénieur et dans mon tra­vail etc,…”
Il me répond : “Moi aus­si, dans mon tra­vail, j’ai vécu une sit­u­a­tion sem­blable et je l’ai résolue de telle manière.”
Sec­onde surprise !
Je con­tin­ue : “Je suis mar­ié et père de famille et j’ai tel prob­lème, etc.”
Il me répond : “Moi aus­si, avec mon épouse, avec mes enfants, il m’est arrivé ceci et cela.”
Troisième surprise !
Voy­ant mon air éber­lué, il me demande :“Vous avez fait quelle école ?”
Je lui réponds : “Poly­tech­nique”
Et il me rétorque “Moi aussi !”
Ce fut le coup de grâce.
Voy­ant l’ef­fet que ses déc­la­ra­tions avaient eu sur moi, il a eu la bon­té de m’ex­pli­quer sa sit­u­a­tion. En effet, après une vie pro­fes­sion­nelle et famil­iale bien rem­plie, devenu veuf, il avait opté pour le sac­er­doce, avec l’ac­cord de ses enfants.
Il venait tout juste d’être ordon­né (en juin 1998) et j’é­tais l’une de ses pre­mières victimes.
Je dois dire qu’il était très con­tent de son petit effet !

Je l’ai revu à plusieurs repris­es par la suite, lors de con­férences qu’il don­nait sur l’é­d­u­ca­tion des enfants et la néces­saire col­lab­o­ra­tion entre la famille, l’é­cole et l’en­tre­prise, et au cours de ses­sions famil­iales et divers autres événements.

Son par­cours unique et sa per­son­nal­ité directe et rugueuse en fai­saient un excel­lent con­seil pour les époux et pères tels que moi.

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