Claude Janssen

Claude Janssen (50), un des fondateurs de l’Insead

Dossier : TrajectoiresMagazine N°766 Juin 2021
Par Christine BLONDEL (77)

Claude Janssen, décédé en mars 2021, a été un homme éclec­tique com­bi­nant une car­rière bril­lante dans la finance, sa pas­sion pour l’Insead dont il a été un des fon­da­teurs, et son goût pour les arts et la culture.

Né à Paris en 1930, Claude Janssen a fait ses études dans les lycées parisiens Carnot et Jan­son-de-Sail­ly. Entré à l’X en 1950, il fera ensuite un MBA à la Har­vard Busi­ness School.

Il démarre en 1955 une car­rière de plus de 40 ans dans le groupe Worms qui le con­duira à la direc­tion générale dès 1978, et aux plus hautes fonc­tions : admin­is­tra­teur-directeur général de la Banque Worms, asso­cié-gérant de MM. Worms & Cie devenu ensuite Mai­son Worms & Cie, prési­dent de la banque Worms & Cie (Suisse) SA, gérant de Demachy Worms & Cie, mem­bre du con­seil de sur­veil­lance de Worms & Cie.

Il a en out­re été admin­is­tra­teur de sociétés impor­tantes (La Red­oute, Uni­bail, Rus­sell Reynolds Asso­ciates, Lebon & Cie, la Com­pag­nie finan­cière Edmond de Roth­schild Banque) et act­if dans dif­férentes instances pro­fes­sion­nelles, dont le Con­seil nation­al du patronat français (CNPF, prédécesseur du Medef), où il siégeait à la com­mis­sion des finances.

Le projet d’une vie

Cette car­rière s’est accom­pa­g­née d’une pas­sion pour un pro­jet dont il a été un des ini­ti­a­teurs, et qu’il aura suivi jusqu’à ses derniers jours : la créa­tion et le développe­ment de l’Insead, l’Institut européen d’administration des affaires, devenu « The busi­ness school for the world », dont le MBA se situe dans les pre­mières places mon­di­ales. L’Insead a en effet été créée en 1957 sur le mod­èle d’Harvard par le général Georges Dori­ot (pro­fesseur à Har­vard), Claude Janssen, Olivi­er Gis­card d’Estaing et Jean Rain­dre, et inau­gurée en sep­tem­bre 1959 au château de Fontainebleau, où a débuté la pre­mière classe.

Si Claude Janssen a présidé l’Insead pen­dant 22 ans (de 1982 à 2004), son impli­ca­tion n’avait pas cessé depuis 1957, et a con­tin­ué ensuite avec la Prési­dence du con­seil inter­na­tion­al jusqu’en 2014, et la prési­dence d’honneur de l’Insead.

“J’ai été dans les affaires et j’ai partagé ma carrière entre la banque et l’Insead.
Mais pour moi, l’Insead était la partie la plus importante.”

Pour le Doyen de l’Insead : « Per­son­ne n’a soutenu la famille de l’Insead ou pro­mu sa mis­sion et ses valeurs avec plus de flex­i­bil­ité, de fidél­ité et d’efficacité que Claude Janssen. Le plus fidèle des développeurs, et la déf­i­ni­tion même de l’efficacité asso­ciée à la dis­cré­tion (…) pour pro­jeter notre école vers des som­mets tou­jours plus élevés d’impact et d’excellence. »

Claude Janssen lui-même témoignait :

« J’ai été dans les affaires et j’ai partagé ma car­rière entre la banque et l’Insead. Mais pour moi, l’Insead était la par­tie la plus impor­tante. Dori­ot m’a dit un jour : “Tu sais, je te con­fie des respon­s­abil­ités à l’Insead mais ça devrait être ton activ­ité prin­ci­pale.” Et quand j’ai épousé Tuu­lik­ki, il a dit à Tuu­lik­ki : “Tu vas épouser Claude, il est impliqué dans l’Insead, alors tu le seras aus­si.” Il n’a pas eu d’enfant, et je n’ai pas eu d’enfant non plus. Et pour nous deux, l’Insead était une sorte d’enfant que nous avons porté de la nais­sance à aujourd’hui. Je suis impliqué dans l’Insead depuis 1957. Je ne sais pas si c’est le tra­vail de ma vie, mais c’est presque ça. C’est la par­tie la plus impor­tante de ce que j’ai fait. C’est une grande par­tie de ma vie. »

La passion des arts et de la culture

Toutes ces respon­s­abil­ités n’ont pas empêché Claude Janssen de s’impliquer aus­si dans le monde des arts et de la cul­ture : Arts Déco­rat­ifs, musée nation­al d’art mod­erne, Pro­Quar­tet, French Library in Boston, et Asso­ci­a­tion pour le Ray­on­nement de l’Opéra de Paris qu’il a présidée.

« La mort trans­forme la vie en des­tin » dis­ait Mal­raux. Claude Janssen n’aura pas atten­du de nous quit­ter pour témoign­er au monde qu’il vivait pour une mis­sion. Son sou­venir vivra longtemps à l’Insead et dans de nom­breuses autres insti­tu­tions. Un homme à la fois impres­sion­nant et humain, que sa vive intel­li­gence n’empêchait pas d’écouter et de sourire.

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