La FinTech qui simplifie l’investissement dans le Private Equity et les titres non cotés

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Clément FRANCOMME

Uto­cat a pour ambi­tion de ren­dre l’investissement dans le marché du non coté aus­si sim­ple, rapi­de et flu­ide que l’investissement en Bourse. Dans cet entre­tien, Clé­ment Fran­comme, CEO de la Fin­Tech, dresse un état des lieux du marché du non coté, aus­si appelé Pri­vate Equi­ty, et nous explique com­ment sa start-up peut con­tribuer à opti­miser le proces­sus d’investissement sur ce seg­ment tout en garan­tis­sant une meilleure coor­di­na­tion de l’ensemble des par­ties prenantes.

Quel regard portez-vous sur le marché du non coté ?

Aujourd’hui, le marché du non coté est encore émer­gent : c’est un marché frag­men­té où on recense très peu d’acteurs avec un posi­tion­nement affir­mé. Le non coté représente ain­si un marché au très fort poten­tiel en matière d’investissement. Selon de nom­breuses sources, dont les chiffres pub­liés par la Banque de France, le marché du non coté représente plus de 20 mil­liards d’investissement par an. En France, plus de 99 % d’entreprises sont non cotées.

En par­al­lèle, l’investissement dans le Pri­vate Equi­ty a de nom­breux avan­tages : des ren­de­ments poten­tielle­ment très impor­tants, un sou­tien de l’économie réelle, des pro­jets por­teurs de sens… et une pro­gres­sion de marché affichant 7 % de pro­gres­sion annuelle. Des per­spec­tives d’activité sont ouvertes à divers niveaux : le con­seil (accom­pa­g­ne­ment dans l’optimisation des choix d’investissement, des pro­jets, des lieux…), le régle­men­taire (avo­cats, métiers du chiffre, huissiers, notaires…), l’exécution (des acteurs qui vont s’assurer du bon déroule­ment des opéra­tions d’investissement…), l’intermédiation (crowd­fund­ing…).

“Le marché du non coté représente plus de 20 milliards d’investissement par an. En France, plus de 99 % d’entreprises sont non cotées.”

Néan­moins, le non coté peine à attir­er les investis­seurs : l’investissement dans ce seg­ment est car­ac­térisé par des proces­sus admin­is­trat­ifs longs et fas­ti­dieux qui ont ten­dance à décourager les ban­ques. L’absence d’outils tech­nologiques adap­tés ain­si que des méth­odes encore « très papi­er » reposant sur de nom­breux échanges de cour­ri­ers entre les investis­seurs, les ban­ques et les entreprises.Ces échanges manuels com­plex­i­fient, d’une part, les démarch­es et les proces­sus et ral­lon­gent les délais (plusieurs semaines à quelques mois), d’autre part. Très sou­vent cette lour­deur admin­is­tra­tive et le manque de réac­tiv­ité entraî­nent même l’annulation des opérations.

Si ces bar­rières admin­is­tra­tives sont lev­ées, l’ensemble des acteurs liées vont voir leurs revenus aug­menter s’ils sont équipés de solu­tions per­me­t­tant de traiter un nom­bre crois­sant de clients. Il sera néces­saire de pass­er d’un mod­èle arti­sanal totale­ment sur mesure à un mod­èle plus pack­agé où le cœur de l’offre sera stan­dard­isé : l’accompagnement pour­ra tout de même se faire de façon per­son­nal­isée car c’est aus­si ce que deman­dent les acteurs de plus en plus nom­breux à faire appel à cette finance, pleine de sens et en pleine expansion.

Dans ce cadre, quel est votre positionnement et quelle est la valeur ajoutée d’Utocat face à ces enjeux ?

Uto­cat a vu le jour avec un objec­tif : ren­dre la finance utile à l’économie réelle. Pour y par­venir, l’équipe d’Utocat a dévelop­pé une solu­tion qui per­met d’alléger la ges­tion des act­ifs non cotés. Uto­cat se posi­tionne comme un acteur de l’exécution — du bon déroule­ment — de ces opéra­tions d’investissement.

Catal­izr est la solu­tion logi­cielle nou­velle généra­tion : elle per­met de coor­don­ner les dif­férents échanges entre l’ensemble des par­ties prenantes d’une opéra­tion d’investissement (entre­prise, investis­seur, banque, avo­cat, compt­able…) afin d’avoir des délais de deux jours ouvrés !

“Utocat, grâce à Catalizr, se positionne comme un acteur de la numérisation du non coté. ”

Con­crète­ment, Catal­izr per­met aux investis­seurs, aux ban­ques et aux entre­pris­es de se con­necter sur un logi­ciel unique, entière­ment acces­si­ble en ligne, afin de réalis­er l’ensemble des actions req­ui­s­es dans le cadre d’un investisse­ment dans le non coté. Grâce à Catal­izr, il n’est plus néces­saire de saisir les don­nées req­ui­s­es sur l’ensemble des for­mu­laires, d’envoyer les infor­ma­tions via des let­tres recom­mandées… Toutes les actions réal­isées dans le logi­ciel sont totale­ment sécurisées et garan­tis­sent un haut niveau de trans­parence et de traçabilité.

Uto­cat est un acteur ser­vant prin­ci­pale­ment les ban­ques dans leurs con­traintes du quo­ti­di­en, tout en ayant des con­nex­ions avec les autres acteurs de la finance. Les ban­ques ont par­fois des dif­fi­cultés à obtenir des infor­ma­tions, des doc­u­ments qui vont venir blo­quer leurs opéra­tions et Uto­cat per­met d’y répon­dre sans chang­er les pra­tiques internes.

Uto­cat, grâce à Catal­izr, se posi­tionne comme un acteur de la numéri­sa­tion du non coté. C’est un seg­ment qui n’a pas encore été touché par la vague numérique en finance. Le dig­i­tal per­met d’augmenter l’attractivité et l’accessibilité du secteur du Pri­vate Equi­ty qui a de très belles oppor­tu­nités à offrir aux investis­seurs et qui restait dif­fi­cile d’accès de par les seuils financiers req­uis de l’ordre de 100 000 € par investissement.

Pouvez-vous nous donner des exemples de cas d’usages concrets ?

Notre solu­tion a notam­ment été util­isée dans le cadre de la pré­pa­ra­tion de l’entrée en Bourse d’une entre­prise basée dans le nord de la France. Pour son intro­duc­tion en Bourse, cette entre­prise avait décidé de faire mon­ter à son cap­i­tal une grande par­tie de ses man­agers, soit plus d’une cen­taine de per­son­nes. Pour ce faire, l’entreprise a opté pour la mise en place d’un Spe­cial Pur­pose Vehicule (SVP). Lors de l’étape de paiement des nou­veaux titres financiers de l’entreprise, la banque en charge de l’opération nous a sol­lic­ités et a eu recours à notre solu­tion pour traiter de manière simul­tanée la cen­taine d’opérations req­ui­s­es. Nous avons ain­si été en mesure de gér­er et de finalis­er la plus grande par­tie de ces deman­des en moins d’une semaine. Sans notre tech­nolo­gie, le délai de traite­ment de cette typolo­gie d’opérations aurait néces­sité plusieurs mois de travail !

“Catalizr est aussi un outil particulièrement pertinent et intéressant dans le cadre d’opérations de rachat ou de cession d’entreprise.”

Catal­izr est aus­si un out­il par­ti­c­ulière­ment per­ti­nent et intéres­sant dans le cadre d’opérations de rachat ou de ces­sion d’entreprise. En fonc­tion de la struc­ture de l’entité con­cernée (hold­ing, groupe…), plusieurs sociétés et des cen­taines d’individus peu­vent être con­cernés par les retombées finan­cières. Ces opéra­tions impliquent très sou­vent une réor­gan­i­sa­tion de l’actionnariat avec des indi­vidus qui vont entr­er ou sor­tir du cap­i­tal. Au-delà des ques­tions de per­for­mance et de pro­duc­tiv­ité se pose aus­si l’enjeu de pou­voir garan­tir la con­for­mité de ces opéra­tions com­plex­es en un temps record. Con­crète­ment, Catal­izr a la capac­ité de pilot­er et de coor­don­ner de manière très fine entre­pris­es par entre­pris­es, étapes par étapes, l’ensemble des opéra­tions de manière à garan­tir à toutes les par­ties prenantes le bon déroulé des processus.

Vous ambitionnez aussi de vous positionner comme un leader sur le segment du marché de la fiscalité des particuliers. Quels sont vos principaux enjeux dans ce cadre ?

Catal­izr est aus­si un out­il de ges­tion des act­ifs non cotés dans les PEA (plan d’épargne en actions), les PEA-PME-ETI (petites, moyennes entre­pris­es et de taille inter­mé­di­aire), les CTO (compte-titres ordi­naires, par­fois appelés comptes d’investissement financier), les PER/PERI (plan d’épargne retraite titres), l’assurance-vie et le PEE (Plan d’Epargne Entre­prise). Ces dif­férents comptes de la fis­cal­ité des par­ti­c­uliers sont appréhendés comme une activ­ité haut de gamme lorsqu’ils sont util­isés pour des titres non cotés. Les coûts et les besoins qui s’y rat­tachent sont, en effet, par­mi les plus élevés du marché. En par­al­lèle, ces opéra­tions, qui sont aus­si qual­i­fiées d’éparses par les grands acteurs de la finance, con­cer­nent prin­ci­pale­ment la clien­tèle haut de gamme des ban­ques (50 000 à 500 000 € de pat­ri­moine financier hors immo­bili­er est le seg­ment « mass affluent »).

“Le principal enjeu de cette activité pour Utocat est de gagner en visibilité auprès des banques afin de les accompagner dans l’exécution de ces opérations par la réduction forte des coûts induits.”

Les clients con­cernés en France par ce seg­ment sont de l’ordre du mil­lion de per­son­nes. Pour vis­er un seg­ment plus large, il est néces­saire de vis­er les pat­ri­moines financiers de 10 000 à 50 000 € (de l’ordre de 3 mil­lions de per­son­nes sont con­cernées) et d’accompagner ces per­son­nes avec des solu­tions sim­ple d’accès pour éviter les effets actuels d’engorgement.

La finance par­tic­i­pa­tive ou crowd­fund­ing, la créa­tion de fonds « feed­ers », la nou­velle régle­men­ta­tion sur les fiducies (trusts ou nom­i­nee dans les pays anglo-sax­ons) par­ticipent à l’élargissement de la pop­u­la­tion visée par ce seg­ment de marché. Les freins prin­ci­paux se situe sur la péd­a­gogie, la sen­si­bil­i­sa­tion au marché “actions” (gains et pertes poten­tiels impor­tants) et enfin l’accessibilité. Uto­cat par­ticipe prin­ci­pale­ment à l’accessibilité en réal­isant des inter­faces logi­cielles sim­ples et intuitives.

Le prin­ci­pal enjeu de cette activ­ité pour Uto­cat est de gag­n­er en vis­i­bil­ité auprès des ban­ques afin de les accom­pa­g­n­er dans l’exécution de ces opéra­tions par la réduc­tion forte des coûts induits. Pour ce faire, nous avons aus­si voca­tion à adress­er d’autres acteurs de la chaîne de valeur sur le marché pri­maire et le marché sec­ondaire, afin de flu­id­i­fi­er les opéra­tions et ren­dre acces­si­ble ces comptes à fis­cal­ité réduite.

Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché et quels sont les objectifs que vous vous êtes fixé ?

En 1 an, nous sommes passés de 5 000 à 12 000 util­isa­teurs répar­tis entre 4 000 entre­pris­es, 5 500 investis­seurs et 2 500 salariés de ban­ques. Au cours du 3e trimestre 2022, nous avons atteint le seuil de rentabil­ité et pré­parons la phase d’accélération. Sur ce marché très vaste en pleine struc­tura­tion, notre objec­tif est de ren­forcer notre posi­tion­nement et d’accélérer notre développe­ment. Aujourd’hui, Uto­cat réalise un chiffre d’affaires d’un demi-mil­lion d’euros. Nous visions un chiffre d’affaires de l’ordre de 80 mil­lions d’euros à hori­zon 5 à 10 ans.

Pour tenir cette tra­jec­toire, nous devons nous inscrire dans une démarche d’excellence aus­si bien au niveau de nos opéra­tions que dans le cadre de nos rela­tions avec nos clients. Aujourd’hui posi­tion­né sur le seg­ment haut de gamme de ce marché, l’idée est aus­si de cou­vrir pro­gres­sive­ment les autres niveaux du marché du non coté afin d’augmenter notre vol­ume de traite­ment annuel. Actuelle­ment, notre sys­tème traite approx­i­ma­tive­ment 10 000 opéra­tions par an alors qu’on estime le poten­tiel du marché à plus de 2 000 000 d’opérations par an. Notre volon­té est de nous posi­tion­ner sur 50 % de ces opéra­tions éli­gi­bles à la fis­cal­ité réduite.

Pour ce faire, nous ajou­tons des fonc­tion­nal­ités de cou­ver­ture et de com­pat­i­bil­ité avec l’intégralité des sup­ports de paiement exis­tants, nous inclu­ons de nou­veaux inter­mé­di­aires pour les investisse­ments (plate­formes de crowd­fund­ing, fonds d’investissement Pri­vate Equi­ty ou Ven­ture Cap­i­tal) et nous par­ticipons à l’élaboration de stan­dard avec toutes les ban­ques qu’elles soient ou non nos clientes.

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