La Big Data est sur la route

Villes connectées : les nouveaux enjeux de la Data

Dossier : Dossier FFEMagazine N°730 Décembre 2017
Par Charles BATTISTA

64 % des smart cities tricolores sont lancées dans l’open data et le big data.
Pour quels types de services ?

En dehors de l’accès à des don­nées admi­nis­tra­tives, le plus inté­res­sant est de voir que la data, ouverte ou pas, fait office d’anticoagulant pour l’organisme vivant qu’est la ville. L’analogie prend son sens quand on com­mence à dérou­ler les ini­tia­tives basées sur la data et qui concernent la circulation. 

“ EN DEHORS DE L’ACCÈS À DES DONNÉES ADMINISTRATIVES, LE PLUS INTÉRESSANT EST DE VOIR QUE LA DATA, OUVERTE OU PAS, FAIT OFFICE D’ANTICOAGULANT POUR L’ORGANISME VIVANT QU’EST LA VILLE ”, assure Charles BATTISTA.

À Rennes, par exemple, Tha­lès a mis en place un pilo­tage des feux de signa­li­sa­tion en fonc­tion de la posi­tion des bus en temps réel afin de flui­di­fier leur cir­cu­la­tion en d’en faire un moyen de trans­port plus efficace. 

Il y a bien sûr der­rière cela des enjeux de désen­gor­ge­ment du tra­fic. Citons éga­le­ment les dif­fé­rentes ini­tia­tives concer­nant les places de par­king avec leur loca­li­sa­tion d’un côté et la ver­ba­li­sa­tion des véhi­cules en infrac­tion de l’autre.

Il y a éga­le­ment, çà et là, des exemples très inté­res­sants de com­bi­nai­son entre les don­nées et des tech­no­lo­gies inno­vantes : à Pau ou Cler­mont- Fer­rand, par exemple, des éclai­rages à LED servent de relais d’informations locales auprès des habi­tants grâce à une tech­no­lo­gie LiFi (Light Fide­li­ty) ; ces der­niers ont juste à ins­tal­ler un « dongle » (com­po­sant de type clé USB qui se connecte sur un appa­reil) sur leur smart­phone pour rece­voir ces infor­ma­tions hyper-loca­li­sées comme, par exemple, la pré­sence et la durée de tra­vaux dans leur quartier. 

Ces informations sont-elles mises au service des administrés eux-mêmes ?

La plu­part des infor­ma­tions col­lec­tées sont en effet au ser­vice des administrés/habitants/utilisateurs. À ce jour, les don­nées les plus uti­li­sées sont logi­que­ment celles qui sont liées à la cir­cu­la­tion auto­mo­bile, aux trans­ports en com­mun, à la météo, à la ges­tion des déchets, à la pollution. 

On passe ensuite aux domaines de la sécu­ri­té rou­tière et de la per­sonne. Ces don­nées sont col­lec­tées de plu­sieurs manières : camé­ras de sur­veillance, appa­reils de mesure, logi­ciels d’entreprises publiques (trans­ports en com­mun, télé­com), objets connec­tés, appli­ca­tions mobiles des smart­phones. Ces deux der­niers outils sont inté­res­sants, car on remarque que les uti­li­sa­teurs des don­nées sont aus­si eux-mêmes des géné­ra­teurs de don­nées via l’usage quo­ti­dien de leurs devices. 

Dans le même esprit, on constate que ce sont les opé­ra­teurs de ser­vices pri­vés (l’exemple des VTC est le plus par­lant) qui com­mu­niquent une par­tie de leurs don­nées aux muni­ci­pa­li­tés pour par­ti­ci­per à l’amélioration de la cir­cu­la­tion, c’est le cas dans cer­taines villes américaines. 

Ces données peuvent-elles appréhender l’impact d’une décision politique ?

Pour­quoi pas ? La data n’a pas d’opinion, mais elle reflète une réa­li­té indis­cu­table (une fois mises de côté les argu­ties métho­do­lo­giques) ; on ne peut certes pas gérer une com­mu­nau­té humaine uni­que­ment à l’appui de don­nées scien­ti­fiques, plu­sieurs dys­to­pies célèbres nous l’ont prou­vé, mais cela peut être un élé­ment déci­sion­nel non négli­geable en cas de débat. 

Après tout, la smart city a pour prin­ci­pal objec­tif d’interagir avec ses habi­tants et cette inter­ac­tion peut se tra­duire éga­le­ment par des déci­sions politiques. 

Quoi qu’il en soit, la déci­sion poli­tique la plus impor­tante en la matière serait peut-être de per­mettre la mise en place d’une stra­té­gie de coor­di­na­tion et de ratio­na­li­sa­tion des outils qui sont par ailleurs, autant de silos de data dis­sé­mi­nés dans les admi­nis­tra­tions puis de les orien­ter sys­té­ma­ti­que­ment vers le bien commun. 

Le Big Data sera-t-il la clé des smart cities de demain ?

La clé, je ne sais pas, mais le car­bu­rant oui ! On va assis­ter à la conver­gence de plu­sieurs élé­ments : dans une tren­taine d’années, envi­ron 75 % de l’humanité sera cita­dine ; les villes seront plus éten­dues, plus peu­plées, peut-être hélas plus pol­luantes, car satu­rées d’automobiles et d’autres moyens de transport. 

Autre élé­ment convergent : les pro­grès tech­no­lo­giques qui faci­litent l’innovation, avec de nou­veaux ser­vices intel­li­gents, tou­jours plus d’objets connec­tés, les inves­tis­se­ments de grandes entre­prises tra­di­tion­nelles dans des pro­po­si­tions de nou­veaux services… 

Enfin, der­nier élé­ment, le plus dif­fi­cile à esti­mer à sa juste valeur : l’implication des poli­tiques et des citoyens dans une volon­té com­mune de faire de la ville un lieu de vie, de tra­vail, de loisirs. 

Une étude de l’université de Paris Est-Cré­teil, fait état d’environ 1200 expé­riences de Smart Cities menées dans 200 villes fran­çaises et 40 % des 41 villes de plus de 100 000 habi­tants et envi­ron 70 villes moyennes ont doré­na­vant une stra­té­gie Smart City. 

Cette étude a mis en valeur 3 grandes étapes : d’abord des expé­ri­men­ta­tions sou­vent pilo­tées par des entre­prises locales qui vou­laient tes­ter leurs solu­tions, ensuite on passe à des notions d’amélioration de la rela­tion avec les habi­tants et la créa­tion de nou­veaux ser­vices, enfin, der­nière étape, la mise en place de stra­té­gies glo­bales qui ont pour objec­tif de dyna­mi­ser le tis­su local. 

La loi pour une république numérique impose aux collectivités d’ouvrir leurs données. S’y sont-elles mises ?

C’était au départ une direc­tive euro­péenne de 2013 que la France a mise en appli­ca­tion trois ans plus tard sous le nom de « loi Lemaire ». Au niveau natio­nal, la loi oblige en effet les col­lec­ti­vi­tés à mettre à dis­po­si­tion du public ce qu’on appelle les don­nées de réfé­rence (cadastre, mar­chés publics, réper­toire des métiers…). 

Ce prin­cipe d’open data est de favo­ri­ser la cir­cu­la­tion des don­nées et du savoir pour l’usage du plus grand nombre, mais aus­si de pro­té­ger les indi­vi­dus dans la « socié­té numérique ». 

Mais pour reve­nir aux col­lec­ti­vi­tés, celles-ci n’avancent pas toutes à la même vitesse ni avec la même moti­va­tion. Il faut dire que beau­coup d’entre elles attendent la mise en appli­ca­tion du RGPD (Règle­ment Géné­ral Euro­péen sur la Pro­tec­tion des Don­nées) en mai 2018 pour y voir plus clair sur ce qu’elles peuvent « ouvrir » ou pas. 

Altares est tournée vers les entreprises.
Proposez-vous vos services aux smarts cities ?

Les col­lec­ti­vi­tés, que ce soient des villes, des dépar­te­ments ou des régions ont toutes un même ques­tion­ne­ment com­mun vis-à-vis des don­nées : com­ment les col­lec­ter, com­ment s’en ser­vir ? Sur ce point, les pro­blé­ma­tiques sont (presque) iden­tiques à celles d’une entreprise. 

Altares compte d’ailleurs par­mi ses gros clients des admi­nis­tra­tions ou des orga­ni­sa­tions non entrepreneuriales. 

Les municipalités peuvent-elles faire appel à vous ?

Bien sûr et essen­tiel­le­ment sur des besoins de data mana­ge­ment, pour faire en sorte que la data soit, en un mot, « raf­fi­né » au sens pétro­chi­mique du terme puis sur le déploie­ment d’outils d’architecture.

En effet, au fil des années, des pro­jets ont été mis en place avec leur propre réseau de col­lecte de don­nées. Il y a l’exemple de cette agglo­mé­ra­tion de 46 com­munes qui dis­po­sait d’un parc de plus de 100 000 cap­teurs gérés par pas moins de 8 ser­vices tech­niques différents ! 

On était sur une dizaine de réseaux de cap­teurs ayant cha­cun son propre sys­tème infor­ma­tique de trai­te­ment des don­nées. Alors en effet, un acteur spé­cia­liste de la data comme Altares a toute la légi­ti­mi­té d’intervenir, et rapidement !

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