Une solution pour les PME

Dossier : SupplémentMagazine N°748 Octobre 2019
Par Jean-Yves BAJON (80)

Smart Tre­so est un nou­v­el acteur du finance­ment des PME en France, qui pro­pose une solu­tion alter­na­tive aux fac­tors ban­caires clas­siques de finance­ment de leur tré­sorerie par ces­sion de leurs créances com­mer­ciales à un fonds. Ren­con­tre avec Jean Yves Bajon (80), Prési­dent et co-fon­da­teur de Smart Tre­so.

Présentez-nous Smart Treso et son positionnement.

Smart Tre­so est une fil­iale d’Entrepreneur Ven­ture, société de ges­tion spé­cial­isée dans le finance­ment de haut de bilan de PME de crois­sance (cap­i­taux pro­pres, oblig­a­tions con­vert­ibles) qui gère plus de 600 M€ investis dans env­i­ron 140 par­tic­i­pa­tions. Smart Tre­so a été créé en 2016 pour com­pléter l’offre d’Entrepreneur Ven­ture en pro­posant aux PME des solu­tions de finance­ment court terme basées sur la mobil­i­sa­tion de leurs créances com­mer­ciales. Pour cela, Smart Tre­so a créé un fonds de titri­sa­tion qui pro­pose d’un côté aux entre­pris­es qui dis­posent d’un excès de tré­sorerie et aux investis­seurs insti­tu­tion­nels de souscrire des oblig­a­tions à 3 mois, 6 mois ou 1 an offrant un cou­ple rendement/risque très attrac­t­if et de l’autre côté aux entre­pris­es ayant un besoin de tré­sorerie de céder à ce fonds leurs fac­tures en échange de cash immé­di­ate­ment disponible quand usuelle­ment leurs clients les règ­lent à 60 jours voire beau­coup plus. Smart Tre­so se situe donc sur le marché de l’affacturage à la dif­férence près que les fac­tors ban­caires font des prêts avec des créances en col­latéral là où Smart Tre­so est un acteur non ban­caire qui achète aux entre­pris­es leurs créances, sans recours et en per­me­t­tant une décon­sol­i­da­tion du poste client du bilan de ces entre­pris­es et donc une amélio­ra­tion sen­si­ble de leurs ratios financiers. Plus glob­ale­ment, le marché de l’affacturage en France est un marché con­sid­érable (55 Md€ d’encours), qui se développe rapi­de­ment (+ 10 % de crois­sance par an sur les dix dernières années) mais qui a la par­tic­u­lar­ité d’être un qua­si oli­go­p­o­le ban­caire. Rai­son pour laque­lle, plusieurs ini­tia­tives privées ont été lancées depuis quelques années pour pro­pos­er des solu­tions alter­na­tives. Depuis son lance­ment en octo­bre 2016, Smart Tre­so a financé 400 M€ de fac­tures et le véhicule de finance­ment créé à cet effet représen­tait au 1er juil­let 2019 un mon­tant investi d’environ 100 M€ d’actifs avec de belles per­spec­tives de crois­sance (dou­ble­ment prévu en 2020/21).

Le financement de la trésorerie des PME en croissance est au cœur de votre activité. Dites-nous en plus.

Ce que l’on appelle le « poste client », d’une entre­prise, c’est à dire les créances que l’entreprise détient sur d’autres entre­pris­es, représente en moyenne un tiers de son bilan. Le poste client est donc le prin­ci­pal poste à l’actif de leur bilan, ce qui souligne l’interdépendance des entre­pris­es avec le risque que la carence des unes peut entrain­er la défail­lance des autres. La Loi de Mod­erni­sa­tion de l’Economie (LME) de 2008 vise, entre autre, à encadr­er et rac­cour­cir les délais de paiement des entre­pris­es entre elles avec un max­i­mum à 60 jours mais les délais moyens en France sont tou­jours d’environ 75 jours, avec par­fois des retards beau­coup plus con­séquents, notam­ment pour les PME qui ont comme clients des grands comptes ou cer­tains acheteurs publics (col­lec­tiv­ités locales, hôpi­taux…) dont les arguties admin­is­tra­tives sont sou­vent pré­texte à des dif­férés de paiement sen­si­bles. Le besoin est donc con­sid­érable. On estime que ce « crédit inter­en­tre­pris­es » représente en France env­i­ron 600 Md€ d’encours. Face à ce besoin, les ban­ques ont dévelop­pé avec le temps une indus­trie (l’affacturage) mais qui se car­ac­térise par une approche très nor­ma­tive du risque et, dans la forme, par des con­trats com­plex­es et peu flex­i­bles pour les PME. Il y a donc de la place pour des approches plus per­son­nal­isées, plus sim­ples et plus agiles, à la fois tech­nique­ment et dans le ren­du du ser­vice. C’est l’approche qu’a choisi Smart Tre­so avec son con­trat de titri­sa­tion qui per­met aux PME de faire ce que les ban­ques ou les grands groupes font pour eux-mêmes depuis longtemps, à savoir céder sans recours leurs porte­feuilles de créances à des investis­seurs. Notre par­ti pris est de bien con­naître nos cédants, de ne tra­vailler qu’avec des appor­teurs du type investis­seurs, con­seils hauts de bilan, directeurs financiers externes, experts comptables…

L’offre Smart Treso est donc une alternative simple et flexible à l’affacturage. Qu’en est-il concrètement ?

L’affacturage con­siste à avancer de la tré­sorerie sous forme de prêt à une entre­prise en échange de la sub­ro­ga­tion du droit sur les créances financées. Notre busi­ness mod­el est dif­férent dans la mesure où nous achetons les fac­tures à l’actif de l’entreprise et nous les trans­férons à l’actif d’un fonds. C’est ce que l’on appelle « décon­solid­er » le poste client.

La ces­sion est con­fi­den­tielle. Les clients du cédant n’en sont pas infor­més et celui-ci garde la maîtrise de sa rela­tion client : pilotage des relances des débi­teurs, mon­i­tor­ing des encaisse­ments et du let­trage, remon­tée des sommes col­lec­tées vers le fonds Smart Treso.

Quelle est la plus-value de cette approche ?

Grâce à cette alter­na­tive, les PME réduisent leur dépen­dance aux ban­ques qui est à ce jour de l’ordre de 90 % de leurs besoins de financement.

Par ailleurs, nous pro­posons une alter­na­tive plus sim­ple et plus flex­i­ble par rap­port à l’affacturage : nous n’imposons a pri­ori ni min­i­mum de ces­sion annuelle, ni con­di­tions sur la durée de portage des fac­tures, ni sur leur mon­tant, ni sur la con­cen­tra­tion de leur porte­feuille de clients, ni sur le périmètre de ces­sion des fac­tures… Nous n’exigeons pas non plus la mise en place d’un fonds de garantie qui lim­ite sou­vent la portée des solu­tions d’affacturage.

En par­al­lèle, nous accor­dons une très grande impor­tance à la prox­im­ité et à la qual­ité de ser­vice. Nous investis­sons dans la con­nais­sance de nos clients et dans l’accompagnement de leurs besoins.

Enfin au pas­sif du fonds, nous offrons aux investis­seurs insti­tu­tion­nels (organ­ismes de retraite, de mutuelle, de prévoy­ance…) et aux entre­pris­es qui ont une tré­sorerie abon­dante une oppor­tu­nité de place­ment à court terme très attrac­tive en ter­mes de rendement/risque.

Le rôle des Fintech devient de plus en plus important dans le financement de l’économie. D’ailleurs nous entendons parler de plus en plus de l’alliance Banque Fintech pour un meilleur avenir de la finance. Dites-nous en plus.

Le finance­ment de fac­tures est un com­par­ti­ment par­mi de nom­breux autres d’un secteur financier en pleine évo­lu­tion, porté par les nou­velles tech­nolo­gies, l’émergence de plate­formes web, le mou­ve­ment de dés­in­ter­mé­di­a­tion ban­caire et le besoin d’accompagnement per­son­nal­isé des PME.

Les ban­ques sont mar­quées par un triple héritage : tout d’abord par une régle­men­ta­tion qui s’alourdit d’années en années, com­plex­i­fiée après chaque crise, priv­ilé­giant de plus en plus la ges­tion des risques au détri­ment du développe­ment com­mer­cial ; ensuite par des organ­i­sa­tions infor­ma­tiques anci­ennes, lour­des et com­plex­es à gér­er ; et enfin par une attri­tion de leurs effec­tifs qui les éloigne chaque jour un peu plus du ser­vice de proximité.

Des start-up se sont dévelop­pées dans les inter­stices créés par ce triple mou­ve­ment, grâce à l’abondance de finance­ment privé disponible, grâce au développe­ment de solu­tions agiles et grâce à une plus grande prox­im­ité vis à vis des besoins du marché. C’est aujourd’hui tout un écosys­tème capa­ble de génér­er des nova­tions dans tous les domaines de la finance (paiements, big data, lutte con­tre la fraude…).

Cer­taines se font racheter au bout d’un cer­tain temps, sou­vent par des ban­ques qui y trou­ve une forme de ges­tion exter­nal­isée de l’innovation. D’autres ont une voca­tion durable, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays comme les États-Unis ou le Roy­aume-Uni, à offrir au marché des solu­tions durable­ment alter­na­tives à la posi­tion jusqu’à présent très dom­i­nante des ban­ques sur le finance­ment des PME.


Chiffres clés

  • Start-up créée il y a 3 ans (2016)
  • Une équipe de 8 collaborateurs
  • 100 M€ d’actifs sous gestion
  • 90 entre­pris­es clientes dont 85 PME
  • 25 M€ de fac­tures acquis­es par mois

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