Intégrer polytechnique, c’est rejoindre une communauté

Dossier : Dossier FFEMagazine N°734 Avril 2018
Par Dominique MOCKLY (80)

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

En 1985, j’ai rejoint la direc­tion des construc­tions navales (Naval Group) où j’ai occu­pé dif­fé­rents postes de chef de pro­jet. En 1995, j’ai inté­gré le secré­ta­riat géné­ral de la défense natio­nale puis la délé­ga­tion géné­rale pour l’armement où j’ai été char­gé de mis­sion sur la mise en place de la pre­mière grande réforme de cette délégation. 

En 1998, j’ai rejoint le monde de l’industrie, d’abord, dans le sec­teur de l’aéronautique et de la défense en pre­nant la direc­tion de l’activité avio­nique et optro­nique de Sagem (Safran) ; puis dans le nucléaire, où je suis res­té 12 ans, d’abord comme pré­sident de la filiale spé­cia­li­sée dans la pro­pul­sion nucléaire des sous-marins, puis comme direc­teur inter­na­tio­nal et enfin comme direc­teur des acti­vi­tés aval du cycle nucléaire. 

Depuis 2016, je suis pré­sident et direc­teur géné­ral de TIGF, le 2e opé­ra­teur d’infrastructures gazières fran­çais qui détient 25 % des capa­ci­tés de sto­ckage de gaz natu­rel en France et 5 000 km de cana­li­sa­tions essen­tiel­le­ment dans le sud-ouest du pays. 

Au sein de TIGF, quels sont les principaux sujets qui vous occupent ?

Très clai­re­ment, il s’agit de la tran­si­tion éner­gé­tique qui impacte tous les maillons de la chaîne éner­gé­tique et toutes les sources d’énergie. Nous sommes donc face à 3 enjeux majeurs : 

  • la néces­si­té de faire évo­luer notre réseau à une échelle régio­nale pour nous adap­ter aux nou­veaux usages (gaz natu­rel pour les véhi­cules) et demandes (bio­gaz, bio­mé­thane…), mais aus­si à la mul­ti­pli­ca­tion des points d’entrée et de sor­tie sur nos réseaux qui vont modi­fier nos flux et notre façon de travailler ; 
  • la trans­for­ma­tion de notre entre­prise : l’accélération des trans­for­ma­tions, comme la digi­ta­li­sa­tion, font évo­luer nos métiers. À cela s’ajoutent des chan­ge­ments qui impactent notre mode de fonc­tion­ne­ment comme la mise en place en novembre 2018 de la zone de tarif unique pour le trans­port de gaz, grâce à laquelle nous allons deve­nir un co-opé­ra­teur des réseaux de gaz en France ; 
  • le rôle du gaz dans la tran­si­tion éner­gé­tique : en France, le gaz est sou­vent per­çu comme une source d’énergie annexe pour répondre aux besoins de chauf­fage ou de pro­duc­tion d’électricité de manière mar­gi­nale, à l’inverse du nucléaire et des ENR. Néan­moins, il sera ame­né à jouer un rôle d’équilibrage et d’intermédiation impor­tant entre les réseaux puisqu’il est pos­sible de trans­for­mer de l’électricité pour la sto­cker sous forme de gaz via la métha­na­tion (power-to-gas) et inver­se­ment de le retrans­for­mer en élec­tri­ci­té si nécessaire.
    Cela implique des nou­veaux métiers et ins­tal­la­tions qu’il nous fau­dra inté­grer dans nos infra­struc­tures de demain. 

Que retenez-vous de votre passage à polytechnique ?

Inté­grer poly­tech­nique, c’est rejoindre une com­mu­nau­té où va se déve­lop­per un lien de cama­ra­de­rie qui va per­du­rer. Per­son­nel­le­ment, je me suis aus­si inves­ti dans la vie asso­cia­tive cultu­relle et spor­tive de l’École. Et enfin, c’est aus­si des pro­fes­seurs d’exception qui nous marquent. 

EN BREF

  • 5 134 km de canalisations
  • 16 % du volume de gaz français dans le réseau TIGF
  • 24 % des capacités françaises de stockage de gaz naturel
  • Un chiffre d’affaires de 467 millions d’euros
  • Environ 600 collaborateurs
Chiffres 2016

Et pour conclure, un mot à nos lecteurs ?

Jean-Paul Sartre dans son roman auto­bio­gra­phique par­lait de la biblio­thèque de son grand-père en des termes qui me font jus­te­ment pen­ser à l’École : « tout homme a son lieu natu­rel ; ni l’orgueil ni la valeur n’en fixent l’altitude : l’enfance décide ». 

Je sou­haite que tous les lec­teurs puissent conti­nuer de gar­der l’école dans leur cœur, tel Sartre avec cette bibliothèque.

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