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DCI souhaite développer le savoir-faire français en matière de cyberdéfense

Dossier : Dossier FFEMagazine N°711 Janvier 2016
Par Jean-Michel PALAGOS

Pourquoi nous positionnons-nous dans le domaine de la cyberdéfense ?

C’est un sujet sen­sible. Je me sou­viens du dis­cours pro­non­cé par le ministre où il avait annon­cé un dou­ble­ment du nombre d’attaques cyber dont était vic­time le minis­tère en un an. Il y a donc un vrai sujet et une vraie demande.

Les pays où nous sommes pré­sents sont inté­res­sés par le savoir-faire fran­çais. Pour­quoi ? C’est dans la logique même de la posi­tion très sin­gu­lière de la France, que l’on peut qua­li­fier d’originale et d’indépendante.

Cela s’est vu au cours de son his­toire et nous le res­sen­tons très régu­liè­re­ment dans les pays amis où nous sommes pré­sents : il y a à la fois une vraie recon­nais­sance de la posi­tion par­ti­cu­lière de la France et un res­pect pour son savoir-faire.

Votre secteur cyberdéfense comprend pour le moment combien de personnels ?
Quelle sera sa montée en puissance dans un proche avenir ?

Notre struc­ture est encore petite, mais nous mon­tons rapi­de­ment en puis­sance ; notre taux de crois­sance dans le domaine est actuel­le­ment supé­rieur à 50 %. Depuis le début de l’année, nous met­tons en place une offre de for­ma­tion cyber en par­te­na­riat avec le pôle d’excellence Cyber et les écoles de Saint Cyr Coëtquidan.

Nous déve­lop­pons une plate-forme de for­ma­tion et d’entraînement – le cylab – qui a voca­tion à fédé­rer ces acteurs sur ce domaine qui est le coeur de métier de DCI.

Nos for­ma­tions seront dis­pen­sées, dès 2016, essen­tiel­le­ment en Bre­tagne, en langue fran­çaise et anglaise. Par­mi les régions qui se montrent inté­res­sées par nos for­ma­tions : Moyen Orient, Asie. Nous avons donc pu confir­mer que cette approche de la cyber­dé­fense sus­cite un inté­rêt très important.

Économiquement, qu’en espérez-vous ?

La for­ma­tion repré­sente envi­ron 5 % du mar­ché glo­bal de la cyber­dé­fense et DCI compte bien être l’un des acteurs majeurs de la for­ma­tion. Notre déve­lop­pe­ment ira tou­jours dans le cadre de ce qui sera pos­sible, cré­dible et sou­hai­té par le minis­tère de la Défense.

Nous ne serons jamais ni en pré­da­tion ni en excès de trans­fert si ce n’est pas utile ou si ce n’est pas jugé per­ti­nent. Nous ferons tou­jours preuve d’une grande pru­dence dans le trans­fert des savoir-faire dans ce domaine.

Quand vous parlez de « pays amis de la France », vous restez dans le cadre européen ?

À DCI, nous sommes prin­ci­pa­le­ment extra-euro­péens. Nos pays his­to­riques sont ceux du Golfe. Nous avons aus­si une pré­sence en Asie (Sin­ga­pour, Malai­sie) et au Bré­sil. Nous avons une pré­sence qui a été plus impor­tante dans le pas­sé, mais qui monte de nou­veau en puis­sance en Amé­rique latine.

Comme vous le consta­tez, nos pays his­to­riques sont des pays qui sont en dehors de cette sphère tra­di­tion­nelle que l’on pour­rait qua­li­fier de « sphère OTAN » ou de « sphère euro­péenne » ou de « sphère nord-américaine ».

Ce sont des pays dans les­quels la France, dans son his­toire et depuis long­temps, a entre­te­nu des liens sou­vent très forts et encore très présents.

Formation DCI au tableau

Avec qui travaillez-vous ?

DCI tra­vaille au trans­fert du savoir-faire des armées fran­çaises (c’est le label « armée fran­çaise ») et nous ne nous per­met­tons pas de tra­vailler en dehors de ce cadre. Cela veut dire que nous tra­vaillons, dans le domaine de la cyber­dé­fense, très étroi­te­ment avec l’état-major des armées d’une part et avec la Délé­ga­tion géné­rale à l’armement (DGA) d’autre part.

Au vu de la forte dua­li­té de la cyber­dé­fense, nous sou­hai­tons éga­le­ment tra­vailler avec l’agence natio­nale de la sécu­ri­té des sys­tèmes d’information (Ans­si), l’acteur éta­tique réfé­rent du domaine.

C’est dans ce cadre éta­tique que nous pro­po­sons les for­ma­tions cyber, aujourd’hui aux forces armées des pays amis et demain aux grandes entre­prises françaises.

Quelles sont vos entreprises partenaires ?

Notre coeur de métier est le trans­fert de savoir-faire ; en ce qui concerne la Cyber nous avons éga­le­ment comme objec­tif de pro­mou­voir les équi­pe­ments et logi­ciels réa­li­sés par des indus­triels fran­çais de confiance. Nous pro­fi­tons donc des for­ma­tions que nous réa­li­sons pour nos clients pour sou­te­nir la base indus­trielle et tech­no­lo­gique Cyber, et déve­lop­pons des par­te­na­riats avec les entre­prises qui en sont issues.

Nous sommes donc dans une posi­tion très ori­gi­nale, en mesure de tra­vailler avec tous les grands groupes qui inves­tissent dans la cyber­dé­fense. Pour en citer deux et ce n’est pas exhaus­tif, je cite­rai Thales et Ber­tin. Mais d’autres inter­viennent aus­si dans ce domaine, notam­ment des PME et des PMI innovantes.

Profitez-vous des compétences de vos partenaires ?

Nous avons orga­ni­sé en février 2014, une semaine après l’annonce du ministre, un sémi­naire du Cyber Defense Mana­ge­ment Ins­ti­tute (CDMI). Plu­sieurs start-ups y sont inter­ve­nues. Ce qui est impor­tant dans ce domaine, c’est la richesse de foi­son­ne­ment intel­lec­tuel et créa­tif de ces entre­prises, grâce à la com­plé­men­ta­ri­té entre des petites entre­prises et de très grands groupes qui ont une puis­sance dans leur savoir-faire.

Nous avons aus­si fait inter­ve­nir en intro­duc­tion l’EMA et, au cours des tra­vaux, la DGA a éga­le­ment été présente.

Pouvons-nous avancer que DCI est un « fournisseur de souveraineté » pour des pays ayant constaté des failles…

« Four­nis­seur de sou­ve­rai­ne­té » est le bon terme puisque l’ampleur des menaces en matière de cyber est considérable.

On cite des exemples d’attaques cyber qui ont para­ly­sé des domaines entiers dans cer­tains pays. Dans le domaine de la Défense, cela ne se dit pas trop, car c’est un sujet trop sensible.

Mais on le voit bien dans le domaine de la san­té, ou d’autres sec­teurs. Il y a eu des attaques cyber qui ont consi­dé­ra­ble­ment amoin­dri les capa­ci­tés dans cer­tains pays durant une période plus ou moins longue. Donc il y a vrai­ment un sujet de souveraineté.

Mais vous DCI, à quoi servez-vous ?

Je n’ai aucun doute là-des­sus. Nous avons été créés par le minis­tère de la Défense pour le trans­fert du savoir-faire des armées fran­çaises. C’est notre géné­tique. Il est donc évident que nous devons accom­pa­gner les évo­lu­tions de ce minis­tère, les évo­lu­tions des armées et tou­jours en cohé­rence avec eux pour agir dans des domaines qui sont consi­dé­rés comme prio­ri­taires, que ce soit pour les propres moyens de la France, mais aus­si pour les pays amis.

Je dis tou­jours « pays amis ». Pour­quoi ? Parce que la France a des accords de Défense avec des alliés, avec des pays qui par­tagent, si ce n’est toutes nos valeurs, très sou­vent notre vision du monde.

Il est impor­tant que DCI soit tou­jours en lien avec ça. Cela explique d’ailleurs la grande diver­si­té des modes d’action de DCI et des domaines dans les­quels nous inter­ve­nons, qui ne se résument pas du tout à la for­ma­tion et qui couvrent l’ensemble du spectre de ce que nous pour­rions appe­ler une « offre capacitaire ».

Puisque, mise à part la pro­duc­tion d’équipements, nous maî­tri­sons et trans­fé­rons la tota­li­té des savoir-faire des armées, soit seul, soit en partenariat.

La dimension cyberdéfense permet-elle à DCI de proposer à des clients étrangers potentiels une offre de service plus « globale » en complément des systèmes d’arme ?

Nous rai­son­nons tou­jours en termes d’offre capa­ci­taire. Cette expres­sion est celle que j’emploie de plus en plus, car elle résume ce que l’on fait : trans­fé­rer une capa­ci­té à un pays. Cette capa­ci­té est celle qui per­met de se défendre, de mettre en oeuvre des équi­pe­ments dont le pays dis­pose, de faire fonc­tion­ner de manière opé­ra­tion­nelle et inter­opé­rable les matériels.

Effec­ti­ve­ment, la cyber a un rôle à jouer dans ce domaine. Il n’est pas cer­tain aujourd’hui que tout le monde a bien com­pris le carac­tère glo­bal de l’ensemble de ces aspects. Sou­vent, c’est lié au sys­tème de déci­sion qui peut être cloi­son­né : vous pou­vez avoir un ser­vice qui va être char­gé du « trai­ning » qui va vous par­ler de for­ma­tion, un ser­vice qui est char­gé du « pro­cu­re­ment » et de la four­ni­ture d’équipements qui va s’intéresser à l’accompagnement ou au main­tien en condi­tion opé­ra­tion­nelle des équipements.

Mon objec­tif, c’est de faire com­prendre ce carac­tère glo­bal que vous évo­quez et dans lequel la cyber a sa place. Elle a sa place comme peut l’avoir le ser­vice de san­té des armées avec le déve­lop­pe­ment de son savoir-faire, le main­tien en condi­tion opé­ra­tion­nelle et la for­ma­tion (for­ma­tion de cadets, for­ma­tion opé­ra­tion­nelle de spé­cia­listes, l’ensemble des savoir-faire que maî­trise DCI dans son activité).

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