Une grande variété de filières de formation

Dossier : Géo-information et SociétéMagazine N°662 Février 2011
Par Michel KASSER (72)

REPÈRES
La géo­ma­tique tech­nique forme un ensemble très » poin­tu « , long­temps réser­vé à un petit nombre de spé­cia­listes, et peu connu jus­qu’à ces der­nières années. Elle s’est ouverte récem­ment au grand public (globes vir­tuels tels que Google Earth ou le Géo­por­tail de l’I­GN, navi­ga­tion GPS, repré­sen­ta­tions urbaines en 3D, etc.).

Les domaines tech­niques cou­verts par l’in­for­ma­tion géo­gra­phique (ou géo­ma­tique, terme qui est pré­fé­ré pour toute pro­mo­tion auprès des étu­diants) forment un champ thé­ma­tique extrê­me­ment large.

Les for­ma­tions tech­niques requièrent des com­pé­tences scien­ti­fiques de haut niveau

Les for­ma­tions cor­res­pon­dantes incluent prin­ci­pa­le­ment le sec­teur très impor­tant des appli­ca­tions de cette infor­ma­tion, alors que celui des outils tech­niques de la géo­ma­tique est net­te­ment plus res­treint. Par­mi les pre­mières, on trouve tout le sec­teur de la géo­gra­phie uni­ver­si­taire, avec une ving­taine de licences et une qua­ran­taine de mas­tères ; il s’a­git de for­ma­tions orien­tées vers les syn­thèses basées sur des don­nées géographiques.

Nous abor­de­rons ici essen­tiel­le­ment les autres, net­te­ment plus tech­niques, et qui requièrent donc des com­pé­tences scien­ti­fiques de haut niveau.

De la mesure à la mise en forme

Par­tons d’une clas­si­fi­ca­tion simple des acti­vi­tés en matière de géo­ma­tique.

Tout d’a­bord, on mesure la posi­tion d’ob­jets. Les tech­niques concer­nées sont la géo­dé­sie, la pho­to­gram­mé­trie et le trai­te­ment d’i­mages ter­restres, aériennes et spa­tiales, la topo­gra­phie, la numé­ri­sa­tion de docu­ments exis­tants, etc.

Puis on gère ces don­nées au sein de Sys­tèmes d’in­for­ma­tion géo­gra­phique (SIG) : ges­tion de bases de don­nées (don­nées ini­tiales, mises à jour, droits d’ac­cès, etc.), extrac­tion et ana­lyse des don­nées per­ti­nentes pour un pro­blème don­né, etc.

Enfin, on est ame­né à effec­tuer une mise en forme des don­nées extraites en vue d’une lisi­bi­li­té opti­male : tech­niques de ren­du car­to­gra­phique, sur papier, sur écran d’or­di­na­teur, ou sur site Web, en 2D ou en simu­lant de façon plus ou moins pous­sée la 3D.

Quatre mille ingénieurs

L’ENSG à Marne-la-Vallée.

Les for­ma­tions cor­res­pon­dantes sont liées à l’his­toire des sec­teurs d’emploi autour des pré­cur­seurs his­to­riques de ces sciences. Le côté ins­ti­tu­tion­nel était autre­fois celui des for­ma­tions des­ti­nées aux agences car­to­gra­phiques natio­nales (type IGN) du monde entier, ayant seules voca­tion à exer­cer la géo­dé­sie, la pho­to­gram­mé­trie, la car­to­gra­phie de base, etc. En France, c’est l’É­cole natio­nale des sciences géo­gra­phiques (ENSG), l’une des direc­tions de l’I­GN, qui est ain­si la prin­ci­pale por­teuse de ces ensei­gne­ments, avec 14 cycles opé­ra­tion­nels qui couvrent lar­ge­ment toute la géo­ma­ti­que tech­nique.

C’est dans cette école, école d’ap­pli­ca­tion de l’X jus­qu’en 2000 (lors de la créa­tion du corps fusion­né des Ponts et Chaus­sées), que plus de 4 000 ingé­nieurs et tech­ni­ciens de l’I­GN et de bien d’autres IGN étran­gers ont été for­més. Depuis quelques années, afin de répondre aux demandes de plus en plus pres­santes du sec­teur pro­fes­sion­nel hors IGN, l’ENSG forme une majo­ri­té d’é­tu­diants non-fonc­tion­naires (trois quarts des effectifs).

Un rapprochement effectif

Un réseau per­for­mant appré­cié des professionnels

La prin­ci­pale autre approche, éga­le­ment très exi­geante en géo­ma­tique tech­nique, est celle de la for­ma­tion des ingé­nieurs géo­mètres. Trois autres écoles d’in­gé­nieurs en France oeuvrent pour en for­mer, l’ESTP (École spé­ciale des tra­vaux publics) à Cachan (avec une orien­ta­tion vers le BTP), l’EN­SAIS (deve­nue Ins­ti­tut natio­nal des sciences appli­quées – INSA – de Stras­bourg depuis une décen­nie) et enfin l’ESGT (École supé­rieure des géo­mètres et topo­graphes), rat­ta­chée au CNAM.

Les deux pre­mières dis­posent cha­cune, par­mi des pro­mo­tions numé­ri­que­ment très impor­tantes, d’une filière « géo­mètre ». Et, fina­le­ment, ces quatre écoles, épar­pillées dans trois régions de France, ne forment qu’à peine 200 diplô­més par an. Cela explique pour­quoi la com­mis­sion du titre d’in­gé­nieur, qui a aus­si reçu mis­sion de limi­ter l’é­miet­te­ment des écoles fran­çaises, a beau­coup insis­té pour qu’un rap­pro­che­ment soit effec­tif entre ces quatre écoles.

Une variété de filières


Sur le terrain

C’est pour­quoi l’ENSG et l’ESGT (les seules dédiées exclu­si­ve­ment à la géo­ma­tique) ont mutua­li­sé les ensei­gne­ments des ingé­nieurs de pre­mière année sur le site du Mans. Les quatre écoles ont éga­le­ment mon­té ensemble le mas­tère géo­ma­tique, et cha­cune ouvre lar­ge­ment ses portes en troi­sième année aux élèves des autres, ce qui per­met d’of­frir une bonne varié­té de filières de spécialisation.

Enfin, l’ENSG est habi­li­tée ou coha­bi­li­tée aux côtés de plu­sieurs uni­ver­si­tés fran­ci­liennes dans une série de mas­tères et de mas­tères spé­cia­li­sés (MS), ce qui a aus­si per­mis de nouer des liens par­ti­cu­liè­re­ment appré­ciés avec la sphère de la géo­gra­phie uni­ver­si­taire. Tout cela forme l’os­sa­ture d’un réseau très per­for­mant de for­ma­tions en géo­ma­tique tech­nique, avec une bonne visi­bi­li­té pour les étu­diants poten­tiels, et qui est très appré­cié des milieux professionnels.

Des formations techniques

À côté des écoles d’in­gé­nieurs, il existe aus­si des for­ma­tions tech­niques de niveau bac + 2 et bac + 3.

Tout d’a­bord, une quin­zaine de BTS géo­mètres topo­graphes, certes dimen­sion­nés en fonc­tion des besoins des cabi­nets de géo­mètres experts fon­ciers, mais dont une pro­por­tion impor­tante d’é­tu­diants pour­suit des études (ingé­nieurs, licences professionnelles).

On peut y ajou­ter le BTS d’é­tudes et de tra­vaux géo­gra­phiques de l’ENSG, seul de son genre, qui forme éga­le­ment les tech­ni­ciens supé­rieurs fonc­tion­naires de l’IGN.

Il faut sur­tout men­tion­ner un nombre crois­sant de licences pro­fes­sion­nelles en géo­ma­tique. Beau­coup d’entre elles per­mettent de com­plé­ter la for­ma­tion de géo­gra­phie uni­ver­si­taire avec une bonne approche des outils tech­niques. D’autres sont plus tech­niques, ain­si celle récem­ment mise en place entre Paris‑I et l’ENSG (licence pro­géo­ma­tique) qui vise à don­ner un com­plé­ment tech­nique à des BTS ou à d’autres for­ma­tions tech­niques, en par­ti­cu­lier pour des acti­vi­tés en cabi­nets d’é­tudes et en photogrammétrie.

S’ouvrir à tous

L’en­jeu impor­tant actuel est celui de l’ou­ver­ture à une connais­sance des bases de la géo­ma­tique pour de très nom­breuses autres professions.

La géo­ma­tique a en effet lar­ge­ment quit­té le domaine des spé­cia­listes pour faire désor­mais par­tie des com­pé­tences à acqué­rir par tous.

Des recherches propres
Les textes régle­men­taires appli­cables aux écoles d’in­gé­nieurs étant exi­geants et pré­cis sur ce point, les quatre écoles ont des acti­vi­tés de recherche propres.
À l’IN­SA de Stras­bourg, il faut citer le Labo­ra­toire de pho­to­gram­mé­trie archi­tec­tu­rale et géo­ma­tique et le Labo­ra­toire des sciences de l’i­mage, de l’in­for­ma­tique et de la télé­dé­tec­tion, déjà anciens.
Le Labo­ra­toire de géo­dé­sie et géo­ma­tique de l’ESGT couvre de nom­breux champs de la géo­ma­tique et en par­ti­cu­lier de la géo­dé­sie. L’ENSG, en plus des quatre labo­ra­toires de recherche de l’I­GN qui lui sont asso­ciés, dis­pose en propre du tout récent Labo­ra­toire de géo­ma­tique appli­quée, tour­né vers l’aide à la déci­sion et l’é­tude de l’oc­cu­pa­tion des sols en zones périurbaines.
L’Ins­ti­tut de recherche en construc­ti­bi­li­té de l’ESTP inclut très logi­que­ment la géo­ma­tique par­mi ses nom­breux champs d’étude.

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