RATP Infrastructures

Une entreprise en pleine ®évolution !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°767 Septembre 2021
Par Côme BERBAIN
Par Raphaël BLANCHARD

Loin de cette image de vieille dame sep­tu­agé­naire, et d’une vieille organ­i­sa­tion qui ne bouge pas, la RATP a réus­si au fil des ans à se posi­tion­ner en tant qu’entreprise dynamique et inno­vante dont le ray­on­nement dépasse le réseau his­torique parisien pour en faire une entre­prise inter­na­tionale mod­erne et résiliente. Le point avec Côme Berbain, directeur de l’innovation du groupe RATP et Raphaël Blan­chard, directeur tech­nique et indus­triel de RATP Infrastructures.

Souvent perçue comme une vieille structure de plus de 70 ans, la RATP est en effet une entreprise innovante et en pleine évolution. Qu’en est-il ? 

Côme Berbain : La RATP a une longue tra­di­tion d’innovation. Cela se traduit notam­ment par le métro sur pneus, la mise en place des toutes pre­mières lignes automa­tiques de métro, le développe­ment de la bil­let­tique sans con­tact depuis les années 1990, les automa­ti­sa­tions des lignes sans inter­rup­tion de service…

Avec l’ouverture à la con­cur­rence prévue pour 2025, la RATP vise à ren­forcer sa stratégie d’innovation qui repose sur trois piliers :

  • l’innovation au quo­ti­di­en pour les voyageurs et pour nos agents en tra­vail­lant notam­ment sur l’information voyageur, l’intelligence arti­fi­cielle, le sans con­tact pour les bou­tons d’arrêt dans les bus…
  • la RATP est un acteur indus­triel avec un grand axe d’innovation sur notre out­il indus­triel en cap­i­tal­isant sur l’IA, les robots, et les nou­velles méth­odes qui nous per­me­t­tent d’être plus efficaces ;
  • con­tribuer à inven­ter l’avenir des villes à la fois par les trans­ports mais aus­si par les élé­ments com­plé­men­taires (fibre optique, amé­nage­ment urbain…) qui façon­nent la ville. Pour cela, nous dévelop­pons de nou­velles mobil­ités (autonomes ou aéri­ennes) et tra­vail­lons sur l’évolution de l’espace pub­lic en temps réel. Nous œuvrons aus­si à pro­pos­er de nou­velles solu­tions avec l’ambition d’être un parte­naire des villes durables et inclusives.

Raphaël Blan­chard : Nous n’avons pas atten­du l’ouverture à la con­cur­rence pour nous posi­tion­ner comme une entre­prise indus­trielle inno­vante. Au niveau de RATP Infra­struc­tures, l’enjeu est de con­solid­er notre posi­tion­nement d’industriel fer­rovi­aire de pre­mier plan dans un con­texte de forte crois­sance d’activité avec notam­ment l’arrivée du réseau Grand Paris. Nous inté­grons en effet de nou­velles activ­ités, une nou­velle com­plex­ité et une var­iété tech­nique impor­tante au ser­vice de la per­for­mance d’un réseau d’infrastructures fer­rovi­aires tou­jours plus évo­lu­tif en par­ti­c­uli­er ces trente dernières années.

La RATP regroupe aussi des métiers en pleine évolution…

C.B : Dans tous les domaines, on voit aujourd’hui émerg­er de nou­veaux métiers, notam­ment en lien avec l’innovation, le dig­i­tal, les données..

Dans la rela­tion à la ville, il y a des prob­lé­ma­tiques plus spé­ci­fiques au croise­ment du physique et du numérique. Pour répon­dre à cela, on est en train d’inventer de nou­veaux métiers notam­ment au tra­vers d’un pro­jet d’infrastructure numérique intel­li­gente au ser­vice de la ville en lien avec la Ville de Paris. Mais cela est aus­si vrai de la mobil­ité autonome, où l’on invente de nou­veaux métiers comme par exem­ple celui d’opérateur de sécu­rité des véhicules autonomes qu’on a inven­té depuis quelques années, ou encore le méti­er de super­viseur de flotte de véhicules autonomes qu’on est actuelle­ment en train d’inventer… Plusieurs autres métiers ver­ront le jour dans les prochaines années.

R.B : Au niveau de RATP Infra­struc­tures, il y a deux enjeux :

mon­ter en puis­sance pour le développe­ment, la mise en œuvre et la main­te­nance des sys­tèmes com­plex­es per­me­t­tant de dis­penser de hauts niveaux de per­for­mance et de sécu­rité sur notre réseau actuel et très bien­tôt égale­ment sur le réseau du Grand Paris. Et là, on voit émerg­er de plus en plus de métiers autour de l’ingénierie sys­tèmes et de la cybersécurité ;

men­er la trans­for­ma­tion numérique du ges­tion­naire d’infrastructures et tout ce que cela implique en ter­mes de développe­ment de nou­veaux métiers dig­i­taux comme les data sci­en­tists qui vien­nent en sou­tien des opéra­tionnels pour essay­er d’expliquer les com­porte­ments des sys­tèmes com­plex­es mis en œuvre et amélior­er leurs performances…

Quels sont les défis majeurs qui s’annoncent à moyen et à long termes sur un plan technique et industriel ?

C.B : Nous avons deux grands défis sur le plan tech­nique et indus­triel. Le pre­mier est bien la décar­bon­a­tion. Nous sommes actuelle­ment en train de tra­vailler sur le rem­place­ment de nos 4 700 bus d’Île-de-France par des bus élec­triques ou en biogaz. C’est un plan impor­tant au niveau indus­triel. Au niveau de l’innovation, on est en train de s’intéresser à la par­tie hydrogène pour le bus, dans plusieurs villes françaises.

La décar­bon­a­tion con­stitue aujourd’hui un vrai chal­lenge pour la fil­ière qui néces­site l’adaptation des instal­la­tions de remis­age et de main­te­nance et la for­ma­tion des techniciens…

Notre deux­ième grand enjeu est la numéri­sa­tion. Nous avons dans ce cadre récem­ment réin­ven­té notre appli­ca­tion clas­sique RATP qui est aujourd’hui dev­enue « Bon­jour RATP ». C’est une appli­ca­tion MaaS qui intè­gre, au-delà du trans­port pub­lic de la RATP, les trot­tinettes, les vélos en libre-ser­vice et les VTC… Cette appli­ca­tion a été pen­sée dans une vraie logique mul­ti­modale cen­trée sur un par­cours util­isa­teur opti­misé ! Mais en par­al­lèle, tous les élé­ments de la chaîne sont en train de se numéris­er à grande vitesse. On vient par exem­ple de dévelop­per une intel­li­gence arti­fi­cielle qui nous aide à gér­er et à réguler le RER B, on fait de la main­te­nance pré­dic­tive où l’on utilise l’IA pour amélior­er l’information voyageur… On est au tout début de notre révo­lu­tion et il y a encore des défis à relever sur le plan tech­nique et industriel.

R.B : On est engagé dans une vraie révo­lu­tion numérique à l’échelle de la fil­ière fer­rovi­aire. Cet envi­ron­nement en pleine muta­tion, et cette exi­gence de se dif­férenci­er rapi­de­ment, nous amè­nent à réduire notre time-to-mar­ket en ter­mes d’offre de ser­vice et d’innovation.

Nous sommes donc très ouverts aux parte­nar­i­ats stratégiques avec des acteurs comme SNCF Réseaux par exem­ple, avec les syn­di­cats (comme la Fédéra­tion des indus­tries fer­rovi­aires). Ce parte­nar­i­at nous a ain­si con­duit à créer en mai 2021 le Rail Open Lab pour dévelop­per l’innovation et le ray­on­nement du savoir-faire de la fil­ière fer­rovi­aire française. Nous col­laborons aus­si avec le monde académique, et plus par­ti­c­ulière­ment les uni­ver­sités et les écoles d’ingénieurs de pre­mier plan. L’idée est de pou­voir s’appuyer sur un écosys­tème solide pour répon­dre aux dif­férentes évo­lu­tions du marché avec une longueur d’avance.

Que peut apporter la RATP aux jeunes ingénieurs justement ?

C.B : La RATP reste aujourd’hui un acteur pub­lic et on tra­vaille sou­vent en délé­ga­tion de ser­vice pub­lic. Bien qu’il se mod­ernise, mute et évolue, le sens du ser­vice pub­lic reste assez présent et donne davan­tage de sens à nos métiers. Les jeunes sont d’ailleurs aujourd’hui beau­coup plus sen­si­bles à ces sujets de sens et de rai­son d’être et cherchent à avoir plus d’impact. C’est égale­ment un sujet qui nous tient par­ti­c­ulière­ment à cœur et qui fait, depuis tou­jours, par­tie de notre ADN et de nos convictions. 

Mais la RATP c’est aus­si une vieille dame qui a su se réin­ven­ter, se mod­erniser et qui a aujourd’hui la capac­ité de pro­pos­er des pro­jets chal­lengeants. C’est une entre­prise qui promeut l’innovation et l’innovation col­lab­o­ra­tive et qui encour­age l’intrapreneuriat.

Nos chal­lenges pour les prochaines années sont assez impor­tants, et c’est très exci­tant et très enrichissant pour un jeune diplômé de rejoin­dre cette aven­ture et de con­tribuer à relever ces défis ! 

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