Un groupe engagé en faveur de la transition écologique industrielle

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Olivier DAMBRICOURT (87)

Créé en 1868, le groupe Moret Indus­tries s’est réin­ven­té au fil des siè­cles pour se posi­tion­ner aujourd’hui comme un acteur-clé en Europe de la tran­si­tion écologique indus­trielle. Olivi­er Dambri­court (87), son prési­dent-directeur général, revient sur ce posi­tion­nement nova­teur et orig­i­nal. Il nous explique notam­ment com­ment le groupe con­tribue à relever les prin­ci­paux défis envi­ron­nemen­taux et socié­taux aux­quels la planète est con­fron­tée. 

Comment résumeriez-vous l’originalité de votre groupe et de vos solutions ?

Moret Indus­tries s’est fixé comme mis­sion de con­tribuer à ce que l’industrie mon­di­ale préserve beau­coup mieux le cap­i­tal naturel de notre planète, tout en con­cour­ant aux enjeux de développe­ment au prof­it du plus grand nom­bre. Dans cette démarche et en cap­i­tal­isant sur ses com­pé­tences et ses moyens opéra­tionnels, notre groupe ambi­tionne de devenir l’un des acteurs clés en Europe de la tran­si­tion écologique indus­trielle. Ce posi­tion­nement et cette volon­té forte impliquent la capac­ité à con­cevoir des procédés et des équipements indus­triels per­me­t­tant de mieux val­oris­er les biores­sources, de favoris­er la fru­gal­ité, notam­ment énergé­tique, des procédés de pro­duc­tion de nos clients. Cela implique égale­ment d’aider ces derniers à réduire leurs pol­lu­tions, notam­ment leurs émis­sions de gaz à effet de serre.

La plu­part des procédés de pro­duc­tion indus­triels ont été pen­sés et conçus à une époque où leur effi­cac­ité en ter­mes de con­som­ma­tion des ressources et leurs impacts sur leur envi­ron­nement n’étaient pas une préoc­cu­pa­tion majeure. Aujourd’hui, nous sommes face à un change­ment de par­a­digme : mieux penser la manière de pro­duire per­me­t­tra de pro­duire beau­coup plus en util­isant moins de ressources con­som­mées et en générant moins d’impacts négatifs. 

Plus par­ti­c­ulière­ment, dans le domaine de la décar­bon­a­tion de l’industrie, notre périmètre d’action cou­vre deux dimen­sions complémentaires : 

  • Aider nos clients à trou­ver les solu­tions indus­trielles qui leur per­me­t­tront une meilleure val­ori­sa­tion des biores­sources. Il peut, par exem­ple, s’agir de sub­sti­tuts aux pro­duits dérivés des hydro­car­bu­res (chimie verte, méthani­sa­tion, bio­matéri­aux, val­ori­sa­tion énergétique…) ; 
  • Opti­miser leurs procédés de pro­duc­tion pour en réduire notable­ment l’empreinte car­bone, notam­ment grâce à une meilleure effi­cac­ité énergé­tique, l’extraction des pol­lu­ants (dont les gaz à effet de serre) et la récupéra­tion des chaleurs fatales.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de la mise en œuvre de vos solutions ?

Moret Indus­tries a été l’un des acteurs indus­triels dans la réal­i­sa­tion du pro­jet FICAP. Il s’agit de la pre­mière unité de pro­duc­tion de bio­com­bustible de nou­velle généra­tion d’usage indus­triel, le Black Pel­let, qui est des­tiné à rem­plac­er le char­bon pour le chauffage d’environ 130 000 habi­tants. Con­traire­ment aux gran­ules de bois clas­siques qui doivent être stock­és à l’abri de l’humidité, le Black Pel­let per­met une sou­p­lesse de ges­tion et une effi­cac­ité énergé­tique accrue, proche de celle du charbon. 

Situé à Pomacle-Bazan­court dans la région Grand Est près de Reims, com­biné à une cen­trale de cogénéra­tion bio­masse, ce site con­stitue un nou­veau mod­èle de développe­ment économique vertueux, inclusif et pérenne, au prof­it de la tran­si­tion énergé­tique et des écosys­tèmes locaux. Il va per­me­t­tre d’éviter sur 20 ans l’émission de près de 230 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent en émis­sions de 145 000 voitures. Sur un plan social, ce pro­jet a con­tribué à la créa­tion de 350 emplois non délocalisables.

Nous pou­vons égale­ment met­tre en avant des pro­jet dits « bio-based » à base de chimie verte ou de bio­masse que nous avons menés en Europe notam­ment : les myco-pro­téines à base de sucre (pour 3F Bio), la lig­nine et les sucres issus de la bio­masse de bois pour Graan­ul Biotech en Estonie, le bio­fu­el à base de mis­cant­hus et de paille humide pour INA en Croat­ie, ou encore la pro­duc­tion d’acide gly­col­ique et de propane­di­ol à base de fer­men­ta­tion de gly­cérine pour METEX. 

Sur un plan plus opérationnel, à quels enjeux d’envergure répondent ces solutions ?

Il est aujourd’hui évi­dent que nos sys­tèmes de pro­duc­tion, nos modes d’organisation et la final­ité de nos pro­duits doivent être repen­sés afin qu’ils intè­grent, d’une part, le principe d’un usage raison­né et opti­misé des ressources et qu’ils réduisent, d’autre part, leurs impacts, immé­di­ats ou dif­férés, sur l’écosystème planétaire.

Face à l’explosion démo­graphique et la con­stante amélio­ra­tion des con­di­tions de vie, nous sommes con­fron­tés à de lourds défis cli­ma­tiques et envi­ron­nemen­taux, mais égale­ment des enjeux de sub­sis­tance sur le long terme. Demain, l’accès aux ressources (éner­gies, min­erais, eau, ter­res…) sera inévitable­ment la cause de ten­sions géos­tratégiques fortes et d’une con­flict­ual­ité accrue.

Dans ce con­texte, faire le meilleur usage pos­si­ble des biores­sources est un enjeu clé qu’il faut relever dès à présent. En effet, l’énergie solaire est une ressource inépuis­able et le biologique a la capac­ité infinie de se renou­vel­er, à con­di­tion bien sûr de respecter les grands équili­bres naturels (eau et gaz carbonique).

Notre groupe est engagé et prêt à apporter sa con­tri­bu­tion pour faire face à ces défis : nour­rir saine­ment la pop­u­la­tion, préserv­er les ressources naturelles et maîtris­er les impacts environnementaux. 

Cet engagement nécessite, par ailleurs, d’adapter et de repenser votre modèle industriel. Qu’en est-il ? 

L’ensemble de nos fil­iales se sont emparées du sujet de la décar­bon­a­tion. Aujourd’hui, le groupe veut accélér­er cette démarche en faisant jouer ses forces col­lec­tives au ser­vice de cha­cune de ses fil­iales, avec trois enjeux principaux :

  • Boost­er l’innovation du groupe : dans ce cadre, nous dis­cu­tons avec plusieurs parte­naires poten­tiels, dont la région Hauts-de-France, pour installer à Charmes, près de Saint-Quentin, une « Fab­rique de l’innovation » du Groupe. L’idée est de met­tre en œuvre une démarche d’innovation ouverte et parte­nar­i­ale avec des acteurs de la recherche uni­ver­si­taire pour répon­dre aux enjeux d’optimisation énergé­tique des sys­tèmes pro­duc­tifs et de réduc­tion des exter­nal­ités négatives ;
  • Dig­i­talis­er nos équipements : si la dig­i­tal­i­sa­tion est aujourd’hui entrée dans les normes, il s’agit surtout d’instrumenter et con­necter nos équipements (IoT) pour acquérir en temps réel les don­nées néces­saires (Big Data) afin de pro­pos­er à nos clients des ser­vices d’optimisation de l’exploitation (éner­gies, ren­de­ments, exter­nal­ités…) et de la main­te­nance de leurs installations ;
  • Pro­mou­voir l’excellence opéra­tionnelle : notre mis­sion est aus­si de répon­dre aux nou­velles attentes de nos clients en imag­i­nant les meilleures solu­tions, en étant irréprochables dans notre per­for­mance au quo­ti­di­en et en les accom­pa­g­nant tout au long de leurs pro­jets. Notre ambi­tion est véri­ta­ble­ment de nous posi­tion­ner comme un parte­naire indus­triel de long terme qui leur pro­pose des solu­tions inno­vantes, fiables et compétitives.

Le groupe Moret Industries, c’est aussi une des plus longues histoires des ETI familiales françaises. Comment s’est-il renouvelé depuis sa création en 1868 ?

His­torique­ment présent dans les équipements indus­triels de type pompe et de pro­duc­tion pour l’industrie agroal­i­men­taire, le Groupe emploie aujourd’hui plus de 700 col­lab­o­ra­teurs dans 10 pays et réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 165 mil­lions d’euros.

En cap­i­tal­isant sur une stratégie de diver­si­fi­ca­tion amor­cée il y a plus de 30 ans sous l’impulsion de Jérôme Duprez, le groupe a acquis un porte­feuille de tech­nolo­gies var­iées, des savoir-faire et une exper­tise recon­nus, notam­ment en ter­mes d’ingénierie d’ensemble, d’assemblage mécanique com­plexe, de chau­dron­ner­ie lourde, d’usinage, d’intégration in situ, de test­ing. Il accom­pa­gne ses clients de la con­cep­tion à la fab­ri­ca­tion d’équipements adap­tés à leurs enjeux, mais aus­si en ter­mes de ges­tion de pro­jets clé en main et de four­ni­ture de ser­vices associés.

Au fil des années, le groupe s’est pro­gres­sive­ment ori­en­té vers la con­cep­tion et la pro­duc­tion de solu­tions indus­trielles per­for­mantes et inno­vantes pour la val­ori­sa­tion des biores­sources (ali­men­ta­tion, chimie verte, tran­si­tion énergé­tique) et la tran­si­tion écologique indus­trielle (décar­bon­a­tion, dépol­lu­tion, effi­cac­ité énergé­tique et val­ori­sa­tion des chaleurs fatales), en s’appuyant sur six fil­iales et/ou marques : 

  • MAGUIN (France) qui est un équipemen­tier indus­triel, spé­cial­isé dans les grands tubes tour­nants et les procédés d’extraction. Elle pro­pose des solu­tions pour la tran­si­tion écologique des procédés indus­triels (val­ori­sa­tion de biores­sources, décar­bon­a­tion et dépol­lu­tion, val­ori­sa­tion des chaleurs fatales) ;
  • VETTERTEC (Alle­magne) qui est un équipemen­tier indus­triel pro­posant des solu­tions inno­vantes pour le séchage des biores­sources et qui opère prin­ci­pale­ment pour les secteurs de l’alimentation et de la bois­son, de l’énergie et de la biochimie ;
  • PROMILL (France) qui est un équipemen­tier indus­triel qui conçoit, fab­rique et met en place des procédés de séchage, broy­age et gran­u­la­tion pour la val­ori­sa­tion des biores­sources, dans l’alimentation et l’énergie verte ;
  • DE SMET Engi­neers & Con­trac­tors (Bel­gique) qui pro­pose des ser­vices d’ingénierie et d’ensemblier général allant de la con­cep­tion à la maîtrise d’œuvre de la con­struc­tion d’unités de pro­duc­tion indus­trielle. Elle est plus par­ti­c­ulière­ment spé­cial­isée dans la val­ori­sa­tion des biores­sources (sucre, huile comestibles, bio­car­bu­rants, chimie verte…) et la décar­bon­a­tion des unités industrielles ; 
  • Fonderies de Marly (France) qui pro­duisent une large gamme d’alliages métal­lurgiques des­tinés à dif­férentes appli­ca­tions indus­trielles, notam­ment pour les corps de pompes ;
  • FAPMO (France) qui est un équipemen­tier indus­triel spé­cial­isé dans les sys­tèmes de trans­fert des flu­ides (pom­pes, vannes, con­trôle com­mande…) pour des appli­ca­tions indus­trielles de nich­es où les exi­gences extrêmes des milieux ou des usages jus­ti­fient une haute valeur ajoutée technologique. 

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