Un chrétien dans la haute fonction publique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°634 Avril 2008Par : Michel Rostagnat (75)Rédacteur : Jacques Bourdillon (45)

Ayant pub­lié dans PCM une recen­sion de ce beau livre, je ne crois pas oppor­tun de rééditer mon texte dans La Jaune et la Rouge. Je préfère pro­pos­er au lecteur un flo­rilège de citations.

Total­i­tarismes
• Le drame des fonc­tion­naires de Vichy. L’auteur cite Marc-Olivi­er Baruch, lequel iden­ti­fie cinq atti­tudes de fonc­tion­naires vichys­sois de l’époque de Pétain : « Elles vont de l’admiration sans bornes de l’hitlérisme, sup­posé guérir l’Europe du jeu des par­tis dans lequel s’était enlisée la vie démoc­ra­tique de l’entre-deux-guerres, jusqu’à l’opportunisme égoïste. »
• La dic­tature du nom­bre. « L’arrivée au pou­voir par la grâce du suf­frage uni­versel dans l’Allemagne de 1933 d’un homme à l’hostilité déclarée envers la démoc­ra­tie en a don­né une dra­ma­tique illustration. »
• La nature humaine a hor­reur du vide religieux. « Au cen­tre du rit­uel nazi se trou­vait la pré­ten­due ban­nière de sang, au cen­tre du rit­uel bolchevique le cadavre momi­fié de Lénine, l’un comme l’autre intro­duisant dans la céré­monie un puis­sant élé­ment d’idolâtrie. »

Risque et pré­cau­tion, réforme et révo­lu­tion, décen­tral­i­sa­tion, aménagement
Couverture du livre : Un chrétien dans la haute fonction publique• Le principe de pré­cau­tion. « Le zéro mort, c’est ce que recherche fon­da­men­tale­ment le principe de pré­cau­tion désor­mais intro­duit dans notre Con­sti­tu­tion, et qui dis­pose qu’on ne doit pas accepter une inno­va­tion dont on n’a pas la cer­ti­tude qu’elle ne pour­ra pas s’avérer un jour néfaste à la san­té ou à la vie humaine. La pré­cau­tion devient le lot de toute poli­tique à risque peu ou prou cal­cu­la­ble (comme la diox­ine ou l’amiante) tout en con­tin­u­ant à relever de l’incantation dans le cas d’enjeux autrement plus lourds, mais très incer­tains comme ceux liés au change­ment climatique. »
• Le bouc émis­saire. « Les Français atteints d’un mal pro­fond ne peu­vent se pass­er de l’État, et pour­tant ils le détes­tent sauf en cas de péril », aurait con­fessé le général de Gaulle vers la fin de son règne.
• Urban­i­sa­tion. « Le Paris de Napoléon III et d’Haussmann s’est fait au prix de l’expropriation d’un mil­lion d’habitants et de l’urbanisation d’immenses ter­rains périphériques. La région parisi­enne que de Gaulle con­fia au fidèle Paul Delou­vri­er il y a seule­ment quar­ante-cinq ans fut elle-même tail­lée à la serpe à coups de villes nou­velles, de RER et d’un aéro­port pour lequel le gou­verne­ment eut l’idée prov­i­den­tielle de réserv­er 3 000 hectares dans les plaines à blé de Roissy. »
• « Pas de ter­ri­toires sans avenir, il n’y a que des ter­ri­toires sans pro­jet » (pro­pos d’Édith Cresson).

Morale publique morale privée
• Vie privée des hommes. « Jésus s’est plu à pren­dre à con­tre-pied une reli­gion desséchée et moral­isatrice. Il a frater­nisé avec les pros­ti­tuées, et mangé à la table des col­lab­o­ra­teurs de l’occupant romain dont il a eu le culot de prédire aux scribes et aux phar­isiens qu’ils les précéderaient dans le roy­aume de Dieu. »
• La laïc­ité inscrite au fron­tispice de notre Con­sti­tu­tion (100e anniver­saire de la loi de sépa­ra­tion). « Une vraie loi de sépa­ra­tion, c’est le refus du pou­voir civ­il de s’immiscer dans le champ des con­sciences et son refus cor­rélatif d’intervenir dans la vie des églis­es. En procla­mant que la République ne sub­ven­tionne aucun culte, la loi de 1905 sous-entend qu’il n’y aura pas non plus de reli­gion d’État. »

Deux cita­tions d’origine romaine
• La prière de Marc-Aurèle : « Que Dieu me donne la force de sup­port­er ce qui ne peut être changé, le courage de chang­er ce qui peut l’être, mais aus­si la sagesse de dis­tinguer l’un et l’autre. »
• L’exhortation de Sénèque reprise par Paul Delou­vri­er : « Ce n’est pas parce que les choses sont dif­fi­ciles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »

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