énergies renouvelables décarbonation

Un accompagnement à la croisée de l’énergéticien et du bureau d’études

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Benoît VANTOUROUT

La place des éner­gies renou­ve­lables dans la décar­bon­a­tion du mix énergé­tique français est aujourd’hui une évi­dence. Alors que la France doit accélér­er leur déploiement, de plus en plus de col­lec­tiv­ités et d’industriels dévelop­pent leur pro­jet d’autoproduction. LER les accom­pa­gne dans cette démarche et les aide à sécuris­er toutes les étapes de ces pro­jets généra­teurs de valeur. Le point avec Benoît Van­tourout, prési­dent de LER.

Avec l’accélération du dérèglement climatique et de la transition énergétique, les énergies renouvelables ont un rôle stratégique à jouer. Qu’observez-vous ?

J’évolue dans le monde des éner­gies renou­ve­lables depuis près de 25 ans. J’ai par­ticipé aux pre­miers développe­ments de parcs éoliens et, actuelle­ment, je tra­vaille sur les usines de pro­duc­tion d’hydrogène qui vont voir le jour dans les prochaines années. Si le démar­rage a été assez lent en France en matière de déploiement des éner­gies renou­ve­lables, il y a main­tenant une réelle volon­té d’avancer plus vite sur ce sujet. Cette moti­va­tion est partagée aus­si bien par les indus­triels que l’opinion publique. La récente crise énergé­tique et la flam­bée des prix poussent les indus­triels, mais aus­si des par­ti­c­uliers, à chercher des solu­tions plus com­péti­tives et se tour­nent ain­si de plus en plus vers des solu­tions d’autoproduction. Toute­fois, cela implique une démarche de con­duite du change­ment et des efforts de vul­gar­i­sa­tion, car le monde indus­triel clas­sique n’a pas l’habitude d’autoproduire son élec­tric­ité et ne dis­pose pas for­cé­ment de l’expérience et des com­pé­tences pour trou­ver des solu­tions alter­na­tives à l’achat d’électricité.

Dans ce cadre, quel est votre positionnement et quelles sont vos principales expertises ?

Ma mis­sion est d’accompagner les indus­triels dans la créa­tion de pro­jets qui leur per­me­t­tra de génér­er de la valeur. À par­tir de la stratégie élaborée et définie par une entre­prise, voire une col­lec­tiv­ité locale, j’interviens pour dévelop­per le pro­jet et le men­er à terme. Dans cette démarche, je cou­vre toute la chaîne de valeur : le développe­ment des pro­jets qui inclut toutes les études notam­ment envi­ron­nemen­tales, la pré­pa­ra­tion des dossiers d’autorisation, le per­mis de con­stru­ire… ; la dimen­sion économique avec le volet de con­sul­ta­tion des entre­pris­es spé­cial­isées… ; le mon­tage du pro­jet ; la réal­i­sa­tion et la mise en exé­cu­tion du pro­jet ; le suivi de la con­struc­tion ; le conseil… 

Mon cœur de clien­tèle his­torique est les indus­triels de taille sig­ni­fica­tive qui por­tent des pro­jets de plusieurs mil­lions d’euros. De plus en plus, aujourd’hui, je suis aus­si sol­lic­ité sur des pro­jets de plus petite taille.  

Entre­prise à taille humaine, nous avons une organ­i­sa­tion très flex­i­ble et réac­tive qui nous per­met de nous adapter aux besoins des clients. Sur ce marché de niche, où les grands acteurs français et étrangers vont pou­voir faire des propo­si­tions directe­ment aux indus­triels, nous allons avoir une approche dif­férente avec une phase de con­sul­ta­tion en amont plus poussée qui per­met de définir plus fine­ment le pro­jet, d’identifier le mode d’intervention et de col­lab­o­ra­tion le plus per­ti­nent, mais aus­si le mon­tage financier le plus per­for­mant. 

Justement, comment adaptez-vous votre mode d’intervention à la spécificité de chaque projet ? 

Par déf­i­ni­tion, chaque pro­jet est unique. Il s’agit, en effet, d’adapter la pro­duc­tion élec­trique au regard de la taille et du dimen­sion­nement des instal­la­tions, des con­som­ma­tions visées, de l’activité de l’industriel… Il faut égale­ment pren­dre en compte leurs enjeux sur le plan économique et s’aligner sur leur stratégie d’investissement, ain­si que sur leur poli­tique en interne (auto­pro­duc­tion, tiers investis­seurs…). Enfin, il faut analyser la sit­u­a­tion actuelle : la typolo­gie de con­trat, le four­nisseur d’énergie… Cette approche sur-mesure nous per­met aujourd’hui de nous posi­tion­ner sur de plus petits projets. 

Aujourd’hui, quelles sont les énergies renouvelables les plus plébiscitées ?

L’énergie renou­ve­lable la plus économique, à l’heure actuelle, en France et plus par­ti­c­ulière­ment dans le Nord de la France, est l’éolien. Toute­fois, à cause des prob­lé­ma­tiques d’acceptabilité, l’éolien est très peu con­sid­éré par les indus­triels et les col­lec­tiv­ités locales. 

À l’inverse, la demande pour le solaire pho­to­voltaïque con­naît une hausse sig­ni­fica­tive. Il s’agit essen­tielle­ment de pro­jets de toi­ture solaire et d’installations solaires sur des frich­es indus­trielles. En par­al­lèle, il y a un fort intérêt pour l’hydrogène. Toute­fois, il y a un manque de vis­i­bil­ité autour de cette fil­ière encore nais­sante notam­ment sur le plan économique. 

Enfin, on assiste aus­si au développe­ment des bat­ter­ies qui, quand elles sont con­nec­tées aux réseaux élec­triques, per­me­t­tent de stock­er de l’électricité. Ces sys­tèmes sont très intéres­sants, car ils per­me­t­tent d’intégrer de plus en plus d’énergies renou­ve­lables sur les réseaux. 

Des exemples de projets à nous partager ? 

J’ai tra­vail­lé sur plusieurs pro­jets d’éoliennes off­shore, notam­ment à Dunkerque et Cher­bourg ; sur deux grandes usines de pro­duc­tion d’hydrogène, à Saint-Jean-de-Folville et près de Dunkerque. Actuelle­ment, je suis mobil­isé sur un réseau de bat­ter­ies pour un indus­triel de taille sig­ni­fica­tive. L’objectif de cette instal­la­tion est de pou­voir stock­er l’électricité quand il y a une baisse de la demande, afin de la restituer quand il y a une hausse. 

Dans le déploiement et le développement de ces projets, quels sont les freins qui persistent ?

J’en vois prin­ci­pale­ment deux. Le pre­mier con­cerne la lenteur et la com­plex­ité admin­is­tra­tives. Il y a, à mon sens, un réel effort de sim­pli­fi­ca­tion à men­er. Pour des autori­sa­tions d’exploitation, des per­mis de con­stru­ire et les recours qui peu­vent inter­venir, la moyenne des délais d’instruction est com­prise entre six et sept ans, et peut aller jusqu’à dix ans pour des pro­jets éoliens ! 

Le sec­ond enjeu a trait à la con­duite du change­ment et l’acculturation des indus­triels aux éner­gies renou­ve­lables qui, encore aujourd’hui, ne les con­nais­sent pas suff­isam­ment. Ces derniers doivent aus­si se défaire des sché­mas tra­di­tion­nels afin d’adopter une nou­velle pos­ture. En effet, grâce à des pro­jets d’autoproduction, ils seront en mesure d’avoir une meilleure maîtrise du prix de leur électricité. 

Enfin, le dernier enjeu est celui de l’acceptabilité des pro­jets. Mal­gré leur intérêt avéré sur le plan économique et envi­ron­nemen­tal, les pro­jets d’énergies renou­ve­lables restent avant tout con­sid­érés comme des sujets politiques. 

Et pour conclure ? 

Il y a encore beau­coup à faire pour faire avancer ces dif­férentes éner­gies renou­ve­lables et con­stru­ire un mix énergé­tique robuste et décar­boné. Et dans ce con­texte, nous essayons d’apporter notre pierre à l’édifice en accom­pa­g­nant les indus­triels et les col­lec­tiv­ités dans la réus­site de leurs projets. 

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