Couverture du livre de Cohen (69)

Turning around a bank in Korea

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°645 Mai 2009Par : Robert A. COHEN (69)Rédacteur : Serge RAFFET (50)Editeur : Commande chez amazon.com ou par internet

Après les Lettres per­sanes, les Lettres coréennes

Après les Lettres per­sanes, les Lettres coréennes

Mon­dia­li­sa­tion : on peut la réus­sir, il suf­fit d’un peu de cer­velle et de vou­loir s’en ser­vir. Ain­si, Robert Cohen, élève dis­si­pé du lycée Car­not à Tunis, est entré à l’X pour défier son pro­fes­seur de maths, puis un doc­to­rat en éco­no­mie et un PhD. De là au Cré­dit Lyon­nais à Paris, en Bel­gique et enfin patron pour les Amé­riques. Après d’autres péri­pé­ties, il se retrouve au Conseil de la plus grande banque coréenne, au bord de la faillite après avoir été ren­flouée une pre­mière fois pen­dant la crise de 1997. Lors d’une réunion à San Fran­cis­co, il est déci­dé d’employer enfin les grands moyens pour la redres­ser défi­ni­ti­ve­ment, mais il faut un grand redres­seur. L’un des membres a une idée : « Pour­quoi pas M. Cohen ? », qui est pris de court et ne parle pas un mot de coréen. Mais il a du réflexe et le soir même il prend l’avion pour Séoul où il reste plus de trois ans. La banque, com­plè­te­ment restruc­tu­rée par lui et remise sur les rails, il revient à New York et écrit ce livre. Il est précieux.

Pes­si­miste, Robert Cohen l’a écrit en anglais, pen­sant que la plu­part des lec­teurs inté­res­sés seraient anglo­phones. Pre­nez-le au mot, défiez-le : écrit dans une langue simple et directe, il est facile à lire et ce sera un bon exer­cice – 219 pages d’anglais, de tech­nique ban­caire et de ges­tion dans des condi­tions acro­ba­tiques, parce que Cohen a quit­té Séoul au bout de trois ans sans connaître le coréen, mais la culture coréenne qui en vaut la peine et dont il nous parle avec amour. Pays d’une extrême pau­vre­té il y a qua­rante ans, trau­ma­ti­sé par les bru­tales occu­pa­tions chi­noise et sur­tout japo­naise pen­dant des siècles, il est deve­nu une puis­sance mon­diale redou­table en moins de deux géné­ra­tions et prouve que le tra­vail, la per­sé­vé­rance et l’intelligence payent. À méditer !

L’ouvrage de Cohen montre com­ment une équipe anglo­phone (il l’est deve­nu mais son accent le tra­hit) plon­gée dans un milieu qui lui est tota­le­ment étran­ger, comme des Mar­tiens en Cor­rèze, est accep­tée (dif­fi­ci­le­ment au début), et arrive à se faire obéir et aimer puis ova­tion­ner et regret­ter quand ils s’en vont. Belle leçon pour ceux qui vont tra­vailler à l’étranger – voire en province.

Cet ouvrage tombe aus­si à point. Il décrit minu­tieu­se­ment la crise pro­fonde qui a frap­pé la Corée en 1997 et qui res­semble à s’y méprendre, à l’échelle du pays, à celle qui frappe aujourd’hui le monde et ses banques, et l’expérience de Cohen vaut la peine d’être ana­ly­sée. S’il est encore dis­po­nible, je sug­gère qu’on l’appelle pour résoudre les pro­blèmes finan­ciers et moné­taires de la pla­nète avant qu’il ne soit trop tard. Il a mon­tré qu’il savait faire.
Une der­nière obser­va­tion : il serait bon que ce livre soit tra­duit et publié en France, nous en avons besoin. Avis aux édi­teurs (je le tra­dui­rai avec plai­sir si nécessaire).
 

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