L'affaire Pavel Stein

L’affaire Pavel Stein

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°768 Octobre 2021Par : Gérald Tenenbaum (72)Rédacteur : Robert Ranquet (72)Editeur : Éditions Cohen & Cohen, octobre 2021

Ils sont rares les écrivains mâles qui se risquent à se gliss­er ouverte­ment dans la peau d’un per­son­nage féminin nar­ré à la pre­mière per­son­ne ! C’est ce que fait l’auteur avec L’af­faire Pavel Stein, de manière assez con­va­in­cante (pour autant que le recenseur, mâle lui aus­si, puisse en juger…). Et c’est donc ten­ant la plume vive et franche de Paula, jeune femme juive (le judaïsme est omniprésent dans ce roman), cri­tique de ciné­ma free-lance, que nous retrou­vons notre auteur, dont nous recen­sons régulière­ment ici l’abondante pro­duc­tion tant romanesque que math­é­ma­tique, et encore dernière­ment dans La Jaune et la Rouge n° 750 l’ouvrage Des mots & des maths. Les math­é­ma­tiques, ou plus exacte­ment les nom­bres, sont au ren­dez-vous dans ce roman étrange : non point ceux de l’arithmétique, mais ceux de la Kab­bale ren­con­trant de manière inat­ten­due au Tibet ceux de l’enseignement des lamas Bka’brgyud-pa de Mar-Pa.

Que le lecteur, peut-être attiré par le titre annonçant une « affaire » Pavel Stein, ne cherche pas ici un thriller politi­co-polici­er : il devrait dans ce cas patien­ter jusqu’au mitan du roman pour voir sur­venir au chapitre 11 un com­mence­ment d’intrigue, vite démen­ti d’ailleurs, il n’y aura pas de som­bre com­plot our­di dans les hau­teurs de l’Himalaya. C’est le lent enlace­ment de deux vies que nous narre l’auteur : celle de Paula, bien sûr, et celle de Pavel Stein, énig­ma­tique « cinéaste de l’absence et du creux », scru­tant la numérolo­gie tibé­taine en quête de son éventuelle survie à un mal innom­mé. C’est aus­si une grande parabole sur le creux, le plein et le flux, et la vie que leur dia­logue engen­dre. L’auteur nous livre in fine un dernier nom­bre vital : 18, le nom­bre de l’hébreu khaï, la vie, comme le nom­bre de chapitres du roman. Et celui des lignes de cette recen­sion sur mon écran. Et aus­si celui de… (lisez le roman pour savoir !).

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