TRANSMETTRE POUR CONSTRUIRE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°660 Décembre 2010Par : Hervé Mariton (77)Rédacteur : Philippe Journeau (77)

Rompre avec la rup­ture. L’am­bi­tion est neuve, voire rad­i­cale, d’in­suf­fler en poli­tique un « par­a­digme » prenant le con­tre-pied du mythe du change­ment per­pétuel au gré de « l’hy­per­com » pour affirmer la « moder­nité de la trans­mis­sion ». Sous forme d’es­sai et d’en­tre­tiens avec le jour­nal­iste Fab­rice Madouas (Valeurs actuelles), Hervé Mari­ton expose avec une cohérence que cha­cun jugera à son aune un ancrage à droite, un libéral­isme économique, la volon­té de répon­dre aux enjeux actuels, en assumant des valeurs clas­siques par lesquelles « trans­met­tre pour con­stru­ire ». « Rien ne sert d’in­ven­ter des rup­tures qui épuisent et s’épuisent, c’est de trans­met­tre qu’il s’ag­it. Trans­met­tre le mou­ve­ment, partager des valeurs, inven­ter la liberté. »

Couverture du livre : Transmettre pour construireAu risque d’être taxé de con­ser­vatisme — mais seul con­serv­er peut don­ner quelque chose à trans­met­tre et boni­fi­er — Hervé Mari­ton rompt, pour 2012, avec l’idée de la rup­ture sur laque­lle s’est faite l’élec­tion de 2007 et choisit de pro­mou­voir la trans­mis­sion. Qua­si­ment une thèse en poli­tique, ouvrant le bal préprési­den­tiel, dont l’idée est de rompre avec la spi­rale infla­tion­niste des promess­es et la litanie des lende­mains qui ne chantent déjà plus mais où l’on rasera quand même gratis.

Ren­dre sa place à un pou­voir poli­tique sou­vent à la mer­ci, en France, des intérêts par­ti­c­uliers ou de la rue qui peu­vent mobilis­er l’e­space médi­a­tique instan­ta­né con­tre la foule des silen­cieux anonymes con­stru­isant et trans­met­tant dans le temps et là où ils sont. Mobil­isant des exem­ples vécus dans sa ville et dans son expéri­ence nationale, Hervé Mari­ton réfute la ten­ta­tion clien­téliste ou éli­tiste du déluge d’in­no­va­tions socié­tales et de sophis­ti­ca­tion lég­isla­tive qui brouille un édi­fice insti­tu­tion­nel fondé sur des tra­di­tions éprou­vées par une his­toire commune.

Que trans­met­tre à qui, par qui, au milieu de quelle « révo­lu­tion des insti­tu­tions » ? En par­tant du « don de l’i­den­tité » et en pas­sant par la « famille durable » — gageons que la for­mule va dur­er — Hervé Mari­ton développe logique­ment les thèmes de la « con­science de la bioéthique » puis de « l’éthique du numérique » et enfin « l’in­jus­tice de la dette ».

Il aligne une série de propo­si­tions de loi ou d’ac­tions à la fin de chaque chapitre. Au total 95, un peu moins que les 101 d’en face. On aimerait que les douze propo­si­tions du chapitre sur la dette débouchent sur des résul­tats quan­tifiés. Libre alors à chaque lecteur d’y recon­naître ou non ses con­vic­tions et de véri­fi­er la cohérence de chaque action avec le fil con­duc­teur d’un « trans­met­tre pour con­stru­ire » ! On voudrait ajouter une dernière ques­tion à l’en­tre­tien : pro­gramme pour un futur prési­dent ou pro­gramme d’un futur ? Tout à la fin « l’in­ven­tion d’un pro­jet » laisse encore cha­cun libre de choisir sa réponse.

Poster un commentaire