Tournée vers la vie et la foi Céline Guillerey (88)

Dossier : ExpressionsMagazine N°664 Avril 2011Par : Soeur Cécile de Jésus-Alliance, o.c.d. (Cécile Rastoin, 88), Catherine Back (88) et François Guillerey

Née le 29 novem­bre 1967 à Melun (Seine-et-Marne), Céline Krup­pa grandit au coeur du quarti­er pop­u­laire des ZUP de l’Al­mont puis des Méz­ereaux, tou­jours à Melun, orig­ine dont elle était fière. Bril­lante élève, elle rejoint le lycée Hen­ri-IV en pré­pa, où elle ren­con­tre François Guillerey, son futur mari.

Un sens de la provocation

En 1988, elle intè­gre l’É­cole poly­tech­nique. Déjà, lors de l’an­née de ser­vice mil­i­taire, elle attire l’at­ten­tion de la pro­mo­tion par son style inim­itable, un sens de la provo­ca­tion venant sim­ple­ment d’une lib­erté sou­veraine : Céline ne fai­sait que ce qu’elle con­sid­érait comme juste de faire et ne s’en lais­sait pas compter.

Elle se marie le 24 févri­er 1990 avec François Guillerey, et en uni­forme. Non pour cho­quer, mais pour cor­re­spon­dre à ce qu’elle est. Elle con­tin­ue son chemin d’ap­pro­fondisse­ment de la foi.

Un terroir pour les enfants

Céline, très attirée par la nature, rêve de devenir direc­trice d’un parc nation­al. Elle choisit donc d’in­té­gr­er le corps des ingénieurs du Génie rur­al, des Eaux et des Forêts.

Elle aimait par­ti­c­ulière­ment œuvr­er au ser­vice des petites communes

Elle opte pour un poste à Belfort en adéqua­tion avec la car­rière de son mari, ingénieur élec­tron­i­cien chez Peu­geot à Sochaux. Le cou­ple s’in­stalle à Bav­il­liers, en périphérie de Belfort, et n’en par­ti­ra plus. C’est un choix assumé du cou­ple : don­ner à leurs enfants des racines, un “ter­roir”, d’où ils pour­ront s’en­v­ol­er plus tard, tout en se sou­venant d’où ils viennent.

À son poste, Céline Guillerey gère des dossiers majeurs, comme la mise en appli­ca­tion d’une nou­velle loi sur l’eau ou la régle­men­ta­tion du Parc naturel région­al des Bal­lons des Vos­ges. Mais elle aimait par­ti­c­ulière­ment œuvr­er au ser­vice des petites com­munes et imag­in­er les solu­tions tech­niques qui répon­dent au mieux à leurs besoins.

Justice et solidarité

Par­al­lèle­ment, elle rejoint la Con­fédéra­tion syn­di­cale des tra­vailleurs chré­tiens (CFTC), dont elle devient rapi­de­ment secré­taire générale du syn­di­cat du min­istère de l’Agriculture.

Soutien et gaieté

“L’en­gage­ment syn­di­cal de Céline au min­istère de l’A­gri­cul­ture mon­tre qu’elle avait le cœur sur la main et la force de ses con­vic­tions humanistes.
Peu cor­po­ratiste, elle avait fait le choix de défendre les intérêts de l’ensem­ble des fonc­tion­naires, con­tractuels et vacataires, et plus par­ti­c­ulière­ment ceux des plus mod­estes ou précaires.”

Elle décou­vre jeune la joie d’être mère et ses nom­breuses activ­ités ne l’empêchent pas de veiller atten­tive­ment sur ses fils élevés dans le respect des valeurs de lib­erté et de jus­tice qui l’ont tou­jours ani­mée. Elle milite au sein d’une asso­ci­a­tion de par­ents d’élèves de la FCPE et, ancrée dans la petite ville de Bav­il­liers, y tisse des ami­tiés fidèles, appor­tant sou­tien et gai­eté à ses proches.

Pen­dant sa cinquième grossesse, Céline décou­vre qu’elle est atteinte d’un can­cer du sein. Marie-Shalom, sa pre­mière fille, naît un peu trop tôt, en sep­tem­bre 2007. Le traite­ment com­mence ; Céline ouvre un blog. Mal­gré les dif­fi­cultés qu’en­gen­dre sa mal­adie, elle reste tournée vers la vie et, jusqu’au dernier moment, pour­suit ses engage­ments per­son­nels et famil­i­aux. Con­va­in­cue de la grav­ité de sa mal­adie, mais ne voulant pas céder au pes­simisme des médecins, elle dit un jour : ” Si je meurs, au moins je mour­rai vivante!” 

Approfondir sa foi

Durant toutes ces années, Céline con­tin­ue à appro­fondir sa foi. Elle par­ticipe à la vie de la paroisse en assur­ant, c’est-à-dire en révo­lu­tion­nant, la catéchèse. Par­al­lèle­ment, elle se met à l’é­tude inten­sive de l’hébreu et s’in­vestit dans le dia­logue judéo-chrétien.

Elle écrit : ” La mal­adie est une péd­a­gogie bru­tale et effi­cace. Il y a des tas de ver­sets de l’É­vangile qui restaient fer­més pour moi et qui sont devenus aus­si con­crets qu’un coup de marteau sur un doigt.”

Un cama­rade a voulu con­fi­er à Céline, par-delà la mort : ” Je voulais te dire qu’en te fichant d’être mod­erne, tu l’é­tais peut-être finale­ment beau­coup plus que nom­bre d’en­tre nous. ”

Soeur Cécile de Jésus-Alliance,
o.c.d. (Cécile Rastoin, 88),
Catherine Back (88)
et François Guillerey

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