Sur une étude de Goldmann Sachs

Dossier : ExpressionsMagazine N°595 Mai 2004Par Jean-François de LAUZUN (70)

Étude économique globale n° 99 : rêver avec les BRICs, le chemin vers 2050.

  • Sur les cinquante prochaines années, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, les économies du BRIC pour­raient devenir des acteurs majeurs de l’é­conomie mon­di­ale. Nous faisons ici une pro­jec­tion de crois­sance de leur PNB, de leur revenu par habi­tant et de leurs mou­ve­ments monétaires.. 
     
  • Étude économique globale n° 99 : rêver avec les BRICs, le chemin vers 2050.

    • Sur les cinquante prochaines années, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, les économies du BRIC pour­raient devenir des acteurs majeurs de l’é­conomie mon­di­ale. Nous faisons ici une pro­jec­tion de crois­sance de leur PNB, de leur revenu par habi­tant et de leurs mou­ve­ments monétaires.. 
       
    • Les résul­tats sont effrayants. Si les choses vont bien, dans moins de quar­ante ans, les économies du BRIC ensem­ble pour­raient dépass­er celles du G6 en dol­lars améri­cains. Déjà en 2025 les BRIC pour­raient val­oir la moitié du G6. Des 6 PAYS DU G6, seuls les États-Unis et le Japon pour­raient se main­tenir par­mi les 6 plus grandes économies mon­di­ales en 2050.. 
       
    • La liste des 10 plus gross­es économies mon­di­ales pour­rait être très dif­férente en 2050. Les plus grandes économies mon­di­ales (en ter­mes de PNB) pour­raient ne plus être les plus rich­es (en ter­mes de revenu par habi­tant), ren­dant les choix stratégiques des entre­pris­es plus complexes.


    Le but appar­ent de cette étude sem­ble donc généreux et ne con­cern­er que les 4 pays actuelle­ment sous-dévelop­pés du BRIC. En fait, l’é­tude fait claire­ment une com­para­i­son avec les 4 pays européens du G6. Un graphe mon­tre, sous forme d’une course pour­suite, quand cha­cun des BRIC va dépass­er suc­ces­sive­ment l’I­tal­ie, la France, le Roy­aume-Uni puis l’Alle­magne et le Japon. La con­séquence insi­dieuse du rap­port est donc de con­firmer, chiffres à l’ap­pui, que l’Eu­rope est effec­tive­ment faiblissante.

    Or une analyse cri­tique de cette étude met immé­di­ate­ment en évi­dence des erreurs grossières et des pro­jec­tions plus que douteuses..

    • Par exem­ple, le PNB de la France pour 2002 y fig­ure pour 1 346 mil­liards de dol­lars améri­cains alors que le chiffre avancé par l’In­see pour la même année est de 1 521 mil­liards d’eu­ros ! Cela fait ressor­tir une val­ori­sa­tion de l’eu­ro à 0,88 $. Certes l’é­tude démarre en 2000, mais elle a été pub­liée en octo­bre 2003. À cette époque la remon­tée de l’eu­ro était une cer­ti­tude. La ques­tion est pro­pre­ment ignorée dans l’étude..
       
    • On sait de plus qu’une telle étude est aléa­toire car la moin­dre erreur sur une expo­nen­tielle diverge con­sid­érable­ment. Dans une de ses analy­ses pour recouper ses résul­tats, elle fait une rétro­spec­tive sur les vingt-cinq dernières années et met en évi­dence une erreur poten­tielle sur la crois­sance de l’Inde de 3 % par an ! En d’autres ter­mes, l’ar­ti­cle prévoit une erreur inhérente à la méthode con­duisant à une sures­ti­ma­tion du PNB de ce pays d’un fac­teur supérieur à 4. Mais le lecteur moyen non aver­ti en est-il conscient ?. 
       
    • La crois­sance de l’Eu­rope prévue est anor­male­ment basse. Sans aucune jus­ti­fi­ca­tion, la crois­sance de l’Eu­rope est annon­cée à des niveaux inférieurs à 2 % par an. Dans le même temps, l’é­tude prévoit des taux de crois­sance pour les BRIC de 4 %, 5 %, 7 % et même 8 % dans le cas de l’Inde.


    Le véritable but de l’étude

    Le véri­ta­ble but de l’é­tude est-il de prévoir généreuse­ment une crois­sance forte de ces pays actuelle­ment sous-dévelop­pés ou bien de con­solid­er la pro­pa­gande lancée par Mon­sieur Don­ald Rums­feld sur la déchéance de la vieille Europe ? En effet, en con­statant ces impré­ci­sions graves, on ne peut pas s’empêcher de soupçons sérieux quant aux inten­tions réelles de cette étude. On arrive au résul­tat suiv­ant : l’Eu­rope est en déclin, les BRIC sont l’avenir mais encore à con­firmer, les États-Unis sont le seul réser­voir sûr d’in­vestisse­ment à long terme, main­tenant et pour cinquante ans encore.

    Mon but est de met­tre en évi­dence les erreurs du rap­port, analyser et dis­cuter les crois­sances passées sur les vingt-cinq dernières années, pro­pos­er une alter­na­tive qui se veut tout aus­si généreuse pour les BRIC mais qui rel­a­tivise les résul­tats sur des hypothès­es plus réalistes.

    Incertitude d’une telle étude

    Pro­jec­tion sur cinquante ans
    Taux Multiplicateur
    1% 1,65
    3% 4,38
    5% 11,5

    Il faut avant tout se rap­pel­er l’im­pré­ci­sion d’une telle étude et les risques de diver­gence grave dès que l’on mod­i­fie le taux choisi.

    On voit que l’er­reur prévue par Gold­mann Sachs de 3 % sur le taux moyen par excès mul­ti­plie le PNB réel atten­du de l’Inde d’un coef­fi­cient 4,38 !

    L’euro

    La pre­mière erreur, on l’a vu, con­cerne le taux de con­ver­sion de l’eu­ro en US $. L’é­tude com­mence en 2000, c’est-à-dire au plus bas de l’eu­ro face au dol­lar. Les cours récents de l’eu­ro sont très aléa­toires, une rétro­spec­tive sur les années antérieures est néces­saire. Comme les cours piv­ots qui ont servi à sa créa­tion n’ont pas bougé de 1990 à 1998, on peut créer une table du proto-euro.

    Le pro­to-euro se main­tient entre 1,12 $ et 1,32 $ de 1990 à 1997. On voit immé­di­ate­ment que ce sont les cours de 2000 à début 2003 qui sont aber­rants. Quel taux allons-nous choisir ? En toute logique, le bon taux serait celui où les bal­ances des paiements améri­caines et européennes seraient équilibrées.

    Mais les États-Unis béné­fi­cient d’une rente de sit­u­a­tion du fait que le dol­lar est la mon­naie de référence mon­di­ale. La con­sti­tu­tion de réserves de dol­lars crois­santes dans les autres pays absorbe les déficits améri­cains. Vouloir ignor­er ce fait serait absurde.J’ai retenu une solu­tion pru­dente de 1,12 $ par euro, qui est le cours le plus bas observé ici sur les huit ans de 1990 à 1997.

    La réé­val­u­a­tion de l’eu­ro à 1,12 $ qui s’im­pose va cor­riger à la hausse de 25 % les chiffres de base de la vieille Europe.

    Croissance BRIC

    Voici un tableau résumé des chiffres de Gold­mann Sachs. On y a ajouté des valeurs cal­culées à par­tir de ces tableaux (taux de crois­sance implicite moyen).

    PNB PNB Taux moyen
    2000 2050 Calculé
    Brésil 762 6074 4,15 %
    Chine 1 078 44 453 7,44 %
    Inde 469 27 803 8,16 %
    Russie 391 5 870 5,42 %
    France 1311 3 148 1,75 %
    Allemagne 1 825 3 603 1,36 %
    Italie 1 078 2 061 1,30 %
    Japon 4 176 6 673 0,94 %
    R‑Uni 1 437 3 782 1,94 %
    États-Unis 9 825 35 165 2,55%

    On attribue un taux de crois­sance de 7,44 % à la Chine, de 8,16 % à l’Inde, de 4,15 % au Brésil et de 5,42 % à la Russie. On a vu déjà que l’é­tude même, dans ses recoupe­ments, observe que la méthode util­isée appliquée au passé donne une erreur par excès de 3 % pour l’Inde, elle est de 1 % pour le Brésil (voir graphique page 14 du rap­port). La méthode sous-estime, au con­traire, légère­ment (0,5 %) la crois­sance du Japon, de la Corée et de Hong-Kong. Dans le passé, les pays à cul­ture chi­noise ou avoisi­nante ont effec­tive­ment main­tenu des taux de crois­sance forts et se sont effec­tive­ment hissé à un niveau de développe­ment plus élevé. Ce n’est le cas ni du Brésil ni de l’Inde.

    On remar­quera au pas­sage l’ab­sence dans ce graphique cor­rec­tif de la Russie et de la Chine. En effet, toute étude rétro­spec­tive se heurte à la sor­tie du com­mu­nisme. L’URSS et les pays de l’Eu­rope de l’Est se sont effon­drés d’une posi­tion appré­cia­ble (supérieure à 10 % du PNB mon­di­al) en 1977 au tiers en sor­tie du tun­nel : en 2002 ils ne représen­tent plus qu’à peine 4 % du PNB mon­di­al ! Ce phénomène touche aus­si l’Alle­magne de l’Est à tra­vers l’Alle­magne unifiée.

    En ten­ant compte du tableau cri­tique de Gold­mann Sachs, on est en droit déjà de dimin­uer la crois­sance de l’Inde de 3 % et celle du Brésil de 1 %.

    On n’a aucune référence per­ti­nente pour la Russie.

    On serait porté à con­firmer la crois­sance de la Chine d’une part parce que la méthode employée, à cause de ce graphique de con­trôle, sous-estime légère­ment la crois­sance pour les pays de cul­ture chi­noise. De plus, des pays de ce groupe, à com­mencer par le Japon, ont effec­tive­ment atteint des niveaux de développe­ment très élevés. Un point risque de lim­iter la crois­sance chi­noise, c’est l’im­pact de sa taille.

    La crois­sance des drag­ons chi­nois (Hong-Kong, Sin­gapour et Tai­wan) a été tirée par les expor­ta­tions. Mais ces pays sont petits, leurs expor­ta­tions ont pu être mul­ti­pliées par des fac­teurs con­sid­érables sans que cela pose de prob­lème d’ab­sorp­tion pour les États-Unis ou l’Eu­rope. Même le Japon n’a posé de prob­lème de déficit exces­sif à la bal­ance com­mer­ciale améri­caine que rel­a­tive­ment tard. La Chine est 10 fois plus peu­plée que le Japon. Les dif­fi­cultés ne peu­vent appa­raître que 10 fois plus tôt dans son cycle de développe­ment. Les États-Unis et l’Eu­rope ne pour­ront jamais absorber un excé­dent com­mer­cial chi­nois 10 fois supérieur à celui du Japon.

    Croissance européenne

    Un autre point appelle à cor­rec­tion ; c’est le taux moyen résul­tant pour les économies européennes. L’é­tude s’appe­san­tit forte­ment sur les qua­tre pays du BRIC, objet appar­ent de l’é­tude. Mais il com­pare ces pays, en fait, à l’Eu­rope, dont il ne dis­cute pas du tout les hypothès­es exces­sive­ment basses

    Les taux de crois­sance à long terme attribués à la vieille Europe sont même franche­ment dérisoires : 1,3 % à 1,75 % pour les 3 pays de la zone euro et 1,95 % pour le Royaume-Uni.

    Comme on l’a dit, l’é­tude met elle-même en évi­dence que la méthode util­isée est appliquée aux vingt-cinq dernières années. Faisons, nous aus­si, une analyse des taux com­parés de crois­sance sur les vingt-cinq dernières années. Les chiffres util­isés repren­nent les pub­li­ca­tions du Monde, réca­pit­u­lat­ifs annuels.

    En 1977, la France a un PNB de 381 Mds de $ proche de celui de l’Amérique latine à 395 Mds de $. Vingt-cinq ans plus tard, l’é­cart s’est réduit. La France a un PNB réé­val­ué (1 &euro ; = 1,12 $) de 1 709 Mds de $ pour 1 727 Mds de $ pour l’Amérique latine.

    De même, on con­state une évo­lu­tion sim­i­laire des PNB améri­cains et européens. L’Eu­rope des 15 a un PNB 4 % supérieur à celui des États-Unis en 1977 et ne mène plus que de 1 % en 2002. Cette dif­férence est inférieure à l’in­cer­ti­tude sur les monnaies.

    Au con­traire, l’Inde rat­trape les Pays-Bas. En 1977 L’Inde a un PNB de 97 Mds de $ pour 106 aux Pays-Bas. Vingt-cinq ans plus tard, l’é­cart s’est inver­sé : l’Inde avec 502 Mds de $ devance les Pays-Bas avec 493 Mds de $, soit un dif­féren­tiel de taux de crois­sance par an inférieur à 0,4 % ! On est loin des près de 7 % de dif­féren­tiel de crois­sance pris en compte dans l’é­tude Gold­mann Sachs.

    On voit que les taux de crois­sance européens sur les vingt-cinq dernières années sont équiv­a­lents à ceux de l’Inde, du Brésil et des États-Unis même si l’on peut don­ner un petit mieux à l’Inde.

    On se demande ce qui autorise à met­tre un dif­féren­tiel de taux de 3 à 7 % supérieur aux pays du BRIC par rap­port à l’Eu­rope. Un dif­féren­tiel de taux de 4 % mul­ti­plie la valeur finale d’un fac­teur supérieur à 6. Ou plutôt réduit et divise le poids de la vieille Europe d’un fac­teur 6 !

    Le taux attribué à l’Alle­magne est anor­male­ment bas. Le taux attribué au Japon (0,9 % sur cinquante ans) est, lui, pro­pre­ment scandaleux.

    Quant au taux attribué au Roy­aume-Uni, il est opti­miste de le sup­pos­er supérieur à celui du reste de l’Eu­rope pour les cinquante prochaines années. On sait main­tenant (une étude parue dans Les Échos l’a mon­tré) que la bonne crois­sance anglaise des vingt dernières années est due exclu­sive­ment aux béné­fices du pét­role, qui ont représen­té un sur­plus de crois­sance entre 1 et 6 % de PNB par an, en fonc­tion des cours du pét­role. On bâtit des théories sur la réus­site de la Grande-Bre­tagne en l’at­tribuant à la doc­trine Thatch­er alors qu’elle a en fait dépen­sé une bonne par­tie de la manne pétrolière à détru­ire l’in­dus­trie d’outre-Manche.

    J’at­tends une théorie attribuant à l’is­lam wahabite la fab­uleuse crois­sance économique de l’Ara­bie Saou­dite. Avec toute­fois ce bémol d’e­spérance, l’is­lam mod­éré du Koweït et de Brunei ont de net­te­ment meilleurs résultats.

    Le pét­role de la mer du Nord ne va pas dur­er cinquante ans.

    Il est raisonnable d’at­tribuer des taux de crois­sance équiv­a­lents à l’Eu­rope et aux États-Unis. Avec peut-être un léger moins pour l’Alle­magne dans les dix prochaines années pour finir l’ab­sorp­tion de l’an­ci­enne RDA et attribuer un taux légère­ment supérieur au Roy­aume-Uni, pen­dant vingt-cinq ans, puis inférieur en sor­tie du pétrole.

    Projection alternative

    Cette pro­jec­tion a été faite sur la base des obser­va­tions ci-dessus et avec les appré­ci­a­tions suivantes :

    • crois­sance des États-Unis de 2,5 % par an comme dans l’é­tude Gold­mann Sachs,
    • crois­sance iden­tique pour la France et l’I­tal­ie à 2,5 %,
    • crois­sance dimin­uée à 1,5 % pour dix ans en Alle­magne et 2,5 % après,
    • crois­sance aug­men­tée à 3,5 % pour le Roy­aume-Uni (pét­role) puis 2 % après,
    • crois­sance de 1 % pour le Japon pen­dant cinq ans puis de 2 % après.


    Pour le BRIC, on devrait pren­dre des taux proches pour le Brésil et l’Inde mais on se veut opti­miste dans l’e­sprit de l’é­tude de Gold­mann Sachs, on a donc adopté :

    • crois­sance de 3 % pour le Brésil,
    • crois­sance de 4 % pour l’Inde et la Russie,
    • crois­sance de 5 % pour la Chine.


    Cette pro­jec­tion n’a aucune pré­ten­tion et l’au­teur est con­scient de l’aspect arbi­traire de tels taux mais ils sont cer­taine­ment plus proches de la réal­ité compte tenu de l’ex­péri­ence des vingt-cinq dernières années et du fait que les ralen­tisse­ments européens et japon­ais récents ne sauraient être retenus comme une norme val­able cinquante ans.

    On voit que le Brésil, l’Inde et la Russie se rap­prochent de l’I­tal­ie en 2050. On voit que la Chine rat­trape l’Alle­magne et le Roy­aume-Uni vers 2025 et le Japon en 2047. Du fait du pét­role de la mer du Nord et de la RDA, le Roy­aume-Uni dépasse l’Alle­magne en 2025 mais se fait dépass­er par l’Alle­magne en 2047. L’Eu­rope des 15 se main­tient au niveau des États-Unis, c’est une de nos hypothèses.

    Dans ces con­di­tions le BRIC, qui ne représente que 14 % du G6 en 2000 (avec un euro déval­ué), représente déjà 20 % de ce même G6 en 2025 et atteint 32 % en 2050. Il y a pro­gres­sion mais on est loin de la révo­lu­tion annoncée.

    Brésil Russie Inde Chine États-Unis Japon Alle­magne France R‑Uni Ital­ie BRIC G6
    2000 762 391 469 1 078 9 825 4 176 1 825 1 311 1 437 1 078 2 700 19 652
    2025 1 595 1 042 1 250 3 650 18 215 6 522 3 866 3 093 3 994 2 544 7 538 38 234
    2050 3 341 2 279 3 333 12 362 33 770 10 700 7 167 5 735 6 845 4 716 21 814 68 933 ;
    Taux moyen
    2000–2025 3,0 % 4,0 % 4,0 % 5,0 % 2,5 % 1,8 % 1,5 % 2,5 % 3,5 % 2,5 %
    2025–2050 3,0 % 4,0 % 4,0 % 5,0 % 2,5 % 2,0 % 2,5 % 2,5 % 2,2 % 2,5 %

    Conclusion

    En fait, on voit bien que le but unique de cette étude est de la pure pro­pa­gande rums­fel­di­enne. Il s’ag­it de créer l’idée que les États-Unis et le Japon res­teront des parte­naires impor­tants mais que la vieille Europe ne représen­tera plus grand-chose en 2050 et sera totale­ment dépassée par des pays actuelle­ment secondaires.

    On croit enten­dre déjà la pub­lic­ité : ” Investis­seurs, il est trop tôt pour inve­stir dans les pays du BRIC, le Japon est fer­mé, L’Eu­rope est finie, investis­sez aux États-Unis seul pays ouvert, fiable et ayant encore un avenir. ”

    En fait, les pro­jec­tions à cinquante ans sont extrême­ment aléa­toires. Notre pro­jec­tion plus réal­iste et s’ap­puyant sur les remar­ques des vingt-cinq dernières années va conclure :

    le poids de l’Eu­rope des 15 va con­tin­uer à être équiv­a­lent à celui des États-Unis ;

    • le poids de l’Amérique latine va suiv­re dans des pro­por­tions équivalentes ;
    • l’Inde va rat­trap­er l’I­tal­ie à l’hori­zon 2050 ;
    • la Chine va rat­trap­er le Japon à l’hori­zon 2050.

    Le risque dollar

    Le véri­ta­ble risque n’est ni en Europe, ni en Asie. Le véri­ta­ble risque est une éventuelle crise du dol­lar améri­cain. En effet, le déficit améri­cain de la bal­ance des paiements s’éternise depuis plus de trente ans. Avec les dépens­es faramineuses du prési­dent Bush dans les domaines totale­ment impro­duc­tifs de la défense, ce déficit atteint des niveaux records. L’his­toire mon­tre que c’est ce genre de dépense qui fait bas­culer les États. C’est le cas de l’indépen­dance des États-Unis, de la Révo­lu­tion française, de Charles Ier d’Angleterre… !

    Déjà on remar­que que de fac­to les matières pre­mières, si elles sont encore cotées en dol­lars améri­cains, suiv­ent l’eu­ro. Une étude récente pré­ci­sait que l’indice glob­al des matières pre­mières avait pro­gressé de 54 % d’oc­to­bre 2001 à jan­vi­er 2004 : mais c’est juste­ment à peu près la pro­gres­sion de l’eu­ro sur la même péri­ode. Les matières pre­mières suiv­ent l’eu­ro. Con­traire­ment à ce que pré­tend l’é­tude, la sécu­rité est en Europe. Les marchés financiers l’ont bien com­pris depuis quelque temps.

    Épilogue

    Selon la World Bank, le PNB de la France pour 2003 est de 1 732 mil­liards de dol­lars, chiffre atteint selon l’é­tude Gold­mann Sachs en 2014 ! Le Japon a eu une crois­sance de 2 % en 2003, le dou­ble de la prévi­sion Gold­mann Sachs. Cinq mois après sa pub­li­ca­tion, cette pro­jec­tion à cinquante ans est démen­tie par les faits.

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