Sorel méconnu

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°708 Octobre 2015Rédacteur : Jean NETTER (65)Editeur : Société d’études soréliennes – 2015 – 5, rue Las Cases, 75007 Paris

Qui se sou­vient du Sorel poly­tech­ni­cien (X 1865), ingénieur des Ponts et Chaussées, en poste pen­dant plus de vingt ans ?

Pour ceux qui le con­nais­sent un peu, Georges Sorel ce sont les Réflex­ions sur la vio­lence, le syn­di­cal­isme révo­lu­tion­naire et le mythe de la grève générale. C’est aus­si une pen­sée du social­isme, inspirée du marx­isme mais attachée à la tra­di­tion proud­honi­enne, si peu con­ven­tion­nelle, qu’il fut accusé plus tard d’avoir flirté avec les extrêmes.

C’est sur la vie de Sorel ingénieur que s’est con­stru­it ce numéro de la revue Mil neuf cent : la pra­tique de cette pro­fes­sion fut une expéri­ence déci­sive dans la for­ma­tion de son œuvre.

Sorel, tour à tour et par­fois simul­tané­ment con­ser­va­teur, social­iste, anar­chiste, syn­di­cal­iste tou­jours, mais jamais dûment affil­ié, fut un fonc­tion­naire à l’esprit indépen­dant, allant jusqu’à cri­ti­quer les ingérences de l’État dans des domaines qui n’étaient pas de sa com­pé­tence, comme celui de la dis­tri­b­u­tion de l’eau préférant l’antique expéri­ence du droit coutumier.

De même met-il en avant le savoir de l’ouvrier ou du chef d’atelier, face au pou­voir de l’ingénieur trop sou­vent imbu de sa com­pé­tence théorique. L’autogestion n’est pas loin.

C’est cette atti­tude vis­cérale­ment indépen­dante, attachée à la réal­ité des choses, qui a fait de Sorel ce penseur inclass­able, fon­da­men­tale­ment prag­ma­tique, et pour­tant remar­quable théoricien de la classe ouvrière, avec une vraie vision de l’organisation de la société, inclu­ant passé et avenir.

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