Sommes-nous seuls dans l’univers ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°586 Juin/Juillet 2003Par : Jean Heidmann, Alfred Vidal-Madjar (61), Nicolas Prantzos et Hubert ReevesRédacteur : Marcel RAMA (41)

Vous vous sou­venez cer­taine­ment de l’ouvrage de notre cama­rade Alfred Vidal-Mad­jar Il pleut des planètes1. En voici en quelque sorte la suite, mais pour laque­lle A. V.-M. a fait équipe avec trois autres émi­nents astrophysiciens.

Il s’agit en fait d’entretiens réal­isés avec cha­cun des qua­tre par Cather­ine David, Frédéric Lenoir et Jean- Philippe de Tonnac. Quel quatuor !

On a main­tenant la cer­ti­tude que d’autres planètes, peut-être sem­blables à la nôtre, cir­cu­lent autour des étoiles. Dans le même temps, la déf­i­ni­tion du phénomène de la vie n’ayant cessé de s’élargir, on envis­age la pos­si­bil­ité que d’autres formes de vie, peut-être rad­i­cale­ment dif­férentes de celle que nous con­nais­sons, aient pu se dévelop­per sur d’autres mondes.

Et si d’autres vivants exis­tent quelque part, sont-ils con­scients ? Sont-ils intelligents ?

Pre­mière par­tie. “ La musique des sphères ”. Jean Hei­d­mann, qui se con­sacre depuis plus d’une quin­zaine d’années à l’écoute d’éventuels sig­naux en prove­nance de civil­i­sa­tions extrater­restres, a ten­dance à estimer, sans en avoir aucune preuve, que nous ne sommes pas seuls dans l’Univers. “ Il est impos­si­ble de ne pas penser à ce jour où nous recevrons le pre­mier signal. ”

Deux­ième par­tie. “La lumière des Soleils”. Alfred Vidal- Mad­jar suit à la trace, dans les téle­scopes du monde entier, les nou­veaux sys­tèmes plané­taires récem­ment découverts.

Mais pour lui, para­doxale­ment, plus nous trou­verons d’indices en faveur de l’éventuelle uni­ver­sal­ité de la vie, plus l’absence d’observation de mes­sages extrater­restres con­duit à penser que nous sommes prob­a­ble­ment seuls dans l’Univers !

Troisième par­tie. “L’odyssée du futur”. Nico­las Prant­zos se préoc­cupe du des­tin spa­tial de l’homme – dans cinquante ans, dans cent ans, dans cinq cents ans et bien au-delà. Trans­formera-t-on la planète Mars pour la ren­dre hab­it­able par l’homme ? Mais pour lui aus­si, même s’il préfér­erait le con­traire, il n’y a pas d’êtres doués d’intelligence ailleurs dans l’Univers.

Qua­trième par­tie. “Le gai savoir”. Avec Hubert Reeves, nous cher­chons d’abord une déf­i­ni­tion “ accept­able ” de la vie. Il est devenu très dif­fi­cile de dress­er une fron­tière pré­cise entre l’inerte et le vivant. La vie pour­rait être définie comme un niveau avancé de l’organisation et de la com­plex­ité de la matière, comme aus­si la capac­ité d’acquérir de l’expérience, la capac­ité d’apprendre. Et nous revenons à notre lanci­nante ques­tion : Sommes-nous seuls dans l’Univers ? L’apparition extrême­ment improb­a­ble de la vie n’a‑t-elle pu effec­tive­ment s’y pro­duire qu’une seule fois ?

Je cit­erai les dernières lignes d’Hubert Reeves :

“ D’une part, un ensem­ble impres­sion­nant d’observations et d’arguments don­nent à penser que la vie est vraisem­blable­ment un phénomène uni­versel et que le ciel foi­sonne de planètes hab­it­a­bles et habitées. D’autre part, l’absence de con­tacts avec des extrater­restres fonde le pes­simisme évo­qué par Alfred Vidal-Mad­jar (…) on pour­rait par­ler, avec Blaise Pas­cal, du silence des espaces infinis.

“ (Et voici posées) les lim­ites des répons­es que nous pou­vons don­ner aujourd’hui à la ques­tion qui nous a rassemblés. ”

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1. La Jaune et la Rouge, août-sep­tem­bre 1999, page 58.

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