Couverture du livre Science et prudence

Science et prudence
 Du réductionnisme et autres erreurs par gros temps écologique

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°777 Septembre 2022Par : Nicolas Bouleau (X65), Dominique BourgRédacteur : Pierre LaszloEditeur : Presses universitaires de France, juin 2022

Sci­ence et pru­dence est un petit livre, qui se lit d’une traite, déli­cieux et troublant.

Déli­cieux ? Par la richesse de la per­son­nal­ité des inter­venants en ce dia­logue. Avec des aperçus fasci­nants sur la math­é­ma­tique, tels que le théorème des deux car­rés ou la minibi­ogra­phie de Jacques Her­brand (1908–1931), bien trop tôt dis­paru. Je fus char­mé aus­si par les cita­tions de grands savants d’hier, qu’il s’agisse d’Alexandre Grothen­dieck, de cet ami trop tôt dis­paru, Albert Jacquard (X45) ou d’un proche, comme Paul Malli­avin ou Ernest Schof­fe­niels. Ou encore par la lucid­ité du juge­ment, qui fait de Bruno Latour et de ses émules post­mod­ernes d’involontaires four­ri­ers du con­sumérisme et des tech­nolo­gies que ce con­sumérisme véhicule. L’ouvrage est d’une grande justesse dans son résumé des épisté­molo­gies en devant de vit­rine durant le vingtième siè­cle. Il pro­pose cette typolo­gie des sci­ences : nomologiques, comme la physique ; inter­pré­ta­tives, comme la math­é­ma­tique de Cauchy ; com­bi­na­toires, chimie et surtout biolo­gie contemporaines.

Trou­blant ? Par son pes­simisme. Plongés dans l’Anthropocène, nous mécon­nais­sons rad­i­cale­ment la com­plex­ité de la nature que, par ailleurs, nous détru­isons. Ce livre béné­fi­cie de l’expérience et de la maîtrise de ses auteurs. Nico­las Bouleau en a déjà 22 autres à son crédit, en français ou en anglais (lire : En temps de crise, quelle parole sci­en­tifique ?). Dominique Bourg, pro­fesseur hon­o­raire à l’université de Lau­sanne, de son côté en pub­lia 33 ! Bref, un livre cap­ti­vant, presque angoissant.

Poster un commentaire