Sarah Pétroff (X13)

Sarah Pétroff (X13), fière d’avoir choisi la gendarmerie

Dossier : TrajectoiresMagazine N°781 Janvier 2023
Par Pierre LASZLO

Sarah Pétroff a choi­si la gen­dar­me­rie à la sor­tie de l’X, mal­gré l’attrait d’autres corps aux­quels elle aurait pu avoir accès. Voi­là quelqu’un qui a une vraie voca­tion ! Son por­trait com­plète bien notre dos­sier d’octobre 2022, qui mon­trait la place que les X trouvent au sein de la « maréchaussée ».

Cette grande (1,80 m) brune est calme, réflé­chie et enjouée. Ses parents, un père ingé­nieur et une mère méde­cin, l’orientèrent vers des études d’ingénieur (sa petite sœur, quant à elle, devint juriste). Enfant, elle était effrayée par tout ce qui sor­tait de l’ordinaire – ain­si des pre­mières chutes de neige qu’elle subit. Plus tard, avant son entrée à l’École, elle avait une appré­hen­sion ini­tiale de la chose mili­taire. C’est une per­sonne au regard d’enfant, confiant, et au sou­rire assez timide, quoique vain­queur. Elle eut un ensei­gnant mémo­rable, M. Lecocq, son pro­fes­seur de fran­çais en sixième. Du secon­daire date son attrait pour les sciences, « des matières que j’aimais bien ». À pré­sent, lorsqu’elle étu­die l’histoire en pré­pa­rant des concours internes à la gen­dar­me­rie, elle y éprouve une vraie fascination.


Lire aus­si : La police judi­ciaire à l’épreuve de la don­née massive


Une parmi vingt 

Pour­quoi son choix de la gen­dar­me­rie ? Pré­ci­ser d’abord qu’il fut réflé­chi et qu’elle l’a fait sien, entiè­re­ment. Au nombre des rai­sons dont elle est consciente et fait état, le cou­rage phy­sique et moral, l’importance de la valeur tra­vail, la varié­té des pro­blèmes posés et des solu­tions à leur trou­ver, la proxi­mi­té avec la popu­la­tion que le gen­darme pro­tège. L’esprit de corps jus­te­ment, le sen­ti­ment d’appartenir à une com­mu­nau­té, la cama­ra­de­rie avec les col­lègues. Elle est fière de son appar­te­nance à la gen­dar­me­rie fran­çaise, avec son sta­tut mili­taire et sa voca­tion au res­pect des lois dans des contextes com­pli­qués et difficiles.

Une ving­taine d’X font actuel­le­ment car­rière dans la gen­dar­me­rie. Quelques-uns, Sarah Pétroff en par­ti­cu­lier, ont contri­bué au dos­sier sur la gen­dar­me­rie et le numé­rique que La Jaune et la Rouge publia en octobre 2022. Elle adore la capa­ci­té d’observation de la socié­té en géné­ral que per­met le sta­tut de gen­darme. Et puis, ce fut l’une des rai­sons déter­mi­nantes, elle vou­lut contri­buer à ce corps avec des com­pé­tences aujourd’hui assez rares et pro­pre­ment poly­tech­ni­ciennes : ana­lyse d’un ensemble com­plexe de don­nées aux­quelles on applique des pro­ba­bi­li­tés et sta­tis­tiques ; esprit d’analyse ; éla­bo­ra­tion d’hypothèses expli­ca­trices. Cette enthou­siaste a « du mal à par­ler de choses autres que la gendarmerie ».

“La proximité avec la population que le gendarme protège.”

Origami et tir à l’arc

L’un des binets qu’elle fré­quen­ta à l’École lui apprit à maî­tri­ser l’origami. Comme on sait, il s’agit de don­ner à une feuille de papier des plis suc­ces­sifs jusqu’à abou­tir à une figure repré­sen­ta­tive : « Une pas­sion amu­sante, créa­tive, fas­ci­nante, enri­chis­sante et, comme toutes les formes d’art, source de grande satis­fac­tion. Un hob­by que j’apprécie pour son aspect très car­té­sien. » Un autre binet, sans doute consé­quence d’une frac­ture ouverte à la che­ville qu’elle se fit en jouant au bas­ket (la sec­tion spor­tive qu’elle avait élue), fut le tir à l’arc : une acti­vi­té spor­tive alliant la vigueur – qu’exige de ban­der l’arc – et l’exactitude, la pré­ci­sion du tir et la persévérance.

Une vraie vocation

Cette tra­vailleuse, une sur­douée sans aucun doute, tra­vailla beau­coup lors de ses années d’École. Sans du tout jouer le clas­se­ment, Sarah Pétroff ter­mi­na sa sco­la­ri­té à l’X dans le pelo­ton de tête et aurait eu sa place dans le corps des Mines. Le contexte était mal­ai­sé ; l’ensemble de la pro­mo­tion était inti­mi­dé, pour ne pas dire assom­bri, par les choix de car­rière à prendre. Néan­moins, lors de l’amphi de botte, elle opta, à la sur­prise de cer­tains, pour une car­rière mili­taire dans la gen­dar­me­rie : « For­cé­ment un dilemme, mais je n’ai pas de regrets.

Le par­cours que nous sui­vons au sein de la gen­dar­me­rie n’est au final pas si dif­fé­rent du par­cours dans la fonc­tion publique civile que peuvent suivre ceux qui choi­sissent les corps civils de l’État. De plus j’ai tou­jours trou­vé que les qua­li­tés atten­dues en police judi­ciaire – ma domi­nante ini­tiale – étaient des qua­li­tés fon­da­men­ta­le­ment scien­ti­fiques. On note d’ailleurs un cer­tain regain de popu­la­ri­té pour la gen­dar­me­rie chez les jeunes géné­ra­tions d’X, avec une dizaine de gen­darmes sur les pro­mos ayant sui­vi la mienne. »


En illus­tra­tion : por­trait de Sarah Pétroff par Laurent Simon

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