Paul Lascombes

Paul Lascombes (X13), Construire des choses

Dossier : TrajectoiresMagazine N°779 Novembre 2022
Par Pierre LASZLO

Paul Las­combes a été nom­mé dans la caté­gorie 30 Under 30 – Europe par Forbes. La start-up qu’il a cofondée se nomme Exo­trail. Elle développe et com­mer­cialise des moteurs pour satel­lite de petite taille. Ses petits propulseurs à effet Hall per­me­t­tent aux satel­lites de chang­er d’altitude en fonc­tion des mis­sions attribuées, voire de revenir dans l’atmosphère pour ne pas pol­luer l’espace.

Paul Las­combes illus­tre ce qu’est l’imagination créa­trice : un moteur élec­trique à propul­sion ion­ique, primé par l’École en 2015, le mène à fonder en 2017 une start-up avec actuelle­ment une petite cen­taine de salariés fab­ri­quant et opérant des satel­lites. M’ont impres­sion­né chez ce sage de moins de 30 ans la lucid­ité, la hau­teur de vue et sa réal­i­sa­tion du rêve de bien des élèves de l’École : créer une entre­prise. Lui et moi avons les mêmes ini­tiales, peut-être fut-ce l’origine d’une immé­di­ate sym­pa­thie réciproque ! J’ai pu ren­con­tr­er Paul Las­combes juste avant son départ pour une réu­nion sci­en­tifique et tech­nique (500 par­tic­i­pants) à Boston, sur la propul­sion élec­trique. Il y était invité à par­ticiper à un pan­el (table ronde, en français !).

Volley et gendarmerie à l’École

Il est orig­i­naire de Tarbes, a des par­ents ingénieur et phar­ma­ci­enne, un frère aîné, qui le précé­da de deux ans à l’X, à présent ingénieur chez Air­bus. Néan­moins, Bap­tiste et Paul ne sont pas si proches. Les par­ents, en revanche, eurent un rôle majeur d’initiateurs du cul­turel. Il fit sa pré­pa à Toulouse, dans ce grand lycée réputé : Pierre-de-Fer­mat. Ils furent vingt de sa pré­pa à inté­gr­er l’X ; dans son cas, la seule des meilleures grandes écoles dont il réus­sit le con­cours. Sur le Platâl, ce brun de grande taille (1 m 92) choisit le vol­ley comme sec­tion sportive. Son com­man­dant de com­pag­nie lors de l’incorporation venait de la gen­darmerie. Coïn­ci­dence non for­tu­ite, Paul fit son ser­vice nation­al dans la gen­darmerie, à Pau. Comme il est ran­don­neur et skieur, la gen­darmerie de haute mon­tagne lui plut inten­sé­ment. Plus générale­ment, la gen­darmerie – cette arme très anci­enne mais éton­nam­ment mod­erne – exerça une séduc­tion majeure sur la pro­mo. D’ailleurs une cama­rade de pro­mo­tion, Sarah Pétroff (X13), décli­na le corps des Mines pour devenir offici­er de gen­darmerie (on peut lire sa con­tri­bu­tion au dossier du récent numéro 778 de notre revue). Pour con­clure cet aspect de sa biogra­phie, Paul, ten­té un temps par le corps de l’Armement, encadra une sec­tion d’X15 à La Courtine.

La découverte des USA

Après l’École, en com­pag­nie de deux autres X, Paul fut sta­giaire à Pay­erne, au bord du lac de Neuchâ­tel, chez Swiss Space Sys­tems. Cette start-up vau­doise (2012–2017) fai­sait fail­lite. Mais ce stage fut extrême­ment for­ma­teur pour lui. Autre stage for­ma­teur, cinq mois durant, à Cal­tech, à Pasade­na au-dessus de Los Ange­les, « intense, mais pas forcené ». Paul appré­cia beau­coup l’ambiance du lab­o­ra­toire où il se trou­vait sous la super­vi­sion d’un X99. Il prof­i­ta de ce séjour pour décou­vrir les USA. Il en aime les parcs nationaux. Ain­si de Yel­low­stone, qu’il estime à juste titre une splen­deur. Il goû­ta aus­si énor­mé­ment ceux proches de Salt Lake City : Canyon­lands, Arch­es, Bryce, Zion.

Lecture, théâtre et vins dans la vie

Paul est mar­ié ; il épousa une juriste, qui tra­vaille à la Banque de France. Ils se con­nais­sent depuis une bonne décen­nie, c’est une amie d’adolescence. Grand lecteur, Paul me cite Jules Verne – la lec­ture de cet auteur fut aus­si ma pas­sion toute mon enfance durant – et deux auteurs con­tem­po­rains de sci­ence-fic­tion, l’Anglais Peter F. Hamil­ton et le Français Alain Dama­sio. Cette prédilec­tion est le signe d’une intense famil­iar­ité avec ce champ lit­téraire. Il affec­tionne aus­si le théâtre. À cet égard, lors de sa sco­lar­ité à Palaiseau, il fut un fidèle du binet théâtre d’improvisation, lieu où se nouaient des ami­tiés avec d’autres ama­teurs de théâtre. Il fréquen­ta aus­si le binet œnolo­gie : il affec­tionne les vins tan­niques autres que les bor­deaux, tels que les cahors et les madi­rans. Nous avons évo­qué ensem­ble un grand mar­gaux, le Château-Las­combes (point de lien de parenté !).

Le succès d’Exotrail

La start-up qu’il cofon­da se nomme Exo­trail : « En 2015, j’ai com­mencé à tra­vailler sur un pro­jet étu­di­ant visant à con­cevoir du matériel pour tester un dis­posi­tif de micro­propul­sion. Je ne savais pas à l’époque où cela me mèn­erait. Sept ans plus tard, l’entreprise née de ce pro­jet pré­coce est Exo­trail et, en plus de la propul­sion, nous ouvrons la voie pour fournir des solu­tions de mobil­ité dans le secteur spa­tial. Je ne saurais être suff­isam­ment recon­nais­sant envers David Hen­ri, qui fai­sait par­tie de ma pro­mo­tion à l’École poly­tech­nique, pour le tra­vail incroy­able accom­pli depuis lors en tant que cofon­da­teur d’Exotrail. Et je n’oublie pas Jean-Luc Maria et Nico­las Heitz. Mais aujourd’hui nous célébrons la jeunesse ! Avec David, nous avons été nom­més dans la caté­gorie 30 Under 30 – Europe par Forbes ! Je ne dirai pas qu’il s’agit d’une réal­i­sa­tion per­son­nelle, puisqu’elle provient du tra­vail col­lec­tif réal­isé chez Exo­trail, mais je suis tout de même fier de faire par­tie de cette classe lors de ma vingt-neu­vième année ! » Deux des qua­tre cofon­da­teurs de la start-up venaient de la sec­tion vol­ley ! À présent (été 2022), Exo­trail grandit. Paul veille à sa crois­sance – 70 salariés à ce jour, 200 comme objec­tif 2023 – « mais en main­tenant l’ADN et en con­ser­vant la prise d’autonomie des personnes ».

Pour con­clure, une phrase de Paul Las­combes qui exprime bien son car­ac­tère : « Ce que j’aime, c’est con­stru­ire des choses. »


Lire aus­si : Un nou­v­el espace pour les start-up


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