Réinventer l’industrie à la lumière de la décarbonation

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Nicolas MIEGEVILLE

Acteur his­to­rique et lea­der mon­dial recon­nu, le groupe Saint-Gobain s’engage depuis plu­sieurs années pour un monde meilleur en capi­ta­li­sant sur la R&D et les inno­va­tions de pointe. Cela se tra­duit notam­ment dans sa rai­son d’être « Making the world a bet­ter home ». Entre­tien avec Nico­las Miè­ge­ville, direc­teur géné­ral de Saint-Gobain Céra­miques, qui nous en dit plus sur le groupe et sur l’entité Céra­miques et son enga­ge­ment pour la décar­bo­na­tion de l’industrie.

Reconnu pour son histoire riche et admirable depuis sa création en 1665, Saint-Gobain est aujourd’hui un leader sur le marché. Quel est votre positionnement ?

Saint-Gobain est un groupe his­to­rique né autour de la pro­duc­tion de verre en France et deve­nu aujourd’hui un lea­der mon­dial de la construc­tion légère et durable. En termes de chiffres, le groupe repré­sente 44 mil­liards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, plus de 167 000 col­la­bo­ra­teurs dans 72 pays. C’est un groupe en pleine dyna­mique de crois­sance et en bonne san­té finan­cière avec un bilan extrê­me­ment solide. Aujourd’hui, 80 % de notre acti­vi­té est concen­trée sur le mar­ché de la construc­tion et 20 % sur la décar­bo­na­tion de l’industrie, d’où notre rai­son d’être : « Making the word a bet­ter home. ». Pour aller plus loin et por­ter cette ambi­tion, nous avons un plan de recru­te­ment de plus de 35 000 per­sonnes en 2022. 

La décarbonation du bâtiment est un enjeu qui mobilise tous les acteurs du secteur. Qu’en est-il et comment le groupe Saint-Gobain appréhende-t-il cette dimension ? 

Le déve­lop­pe­ment durable est un axe fort de la stra­té­gie de Saint-Gobain et qui nous mobi­lise depuis déjà une dizaine d’années. Cela se tra­duit notam­ment à tra­vers notre enga­ge­ment fort et his­to­rique dans la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique et la réduc­tion des émis­sions de CO2. Cela est d’autant plus vrai dans le bâti­ment, qui repré­sente 40 % des émis­sions de CO2 d’un pays. Dans ce cadre, nous pro­po­sons des solu­tions qui per­mettent d’aller vers des bâti­ments net zéro car­bone en impli­quant l’ensemble de l’enveloppe du bâti­ment. 75 % de nos ventes sont d’ailleurs aujourd’hui orien­tées sur la four­ni­ture de maté­riaux légers et qui per­mettent de réduire la consom­ma­tion éner­gé­tique des bâti­ments. Il est à noter que l’impact des pro­duits Saint-Gobain est 40 fois supé­rieur lors de leur usage en termes d’économie de CO2 par rap­port à leur propre coût de pro­duc­tion en CO2.

En paral­lèle, dès 2017, le groupe a aus­si pris l’engagement d’être net zéro car­bone en scope 1 et 2 en 2050, et ce en sui­vant les 4 KPIs : réduire nos émis­sions de CO2 soit scope 1 ou scope 2 ; mettre en place l’économie cir­cu­laire ; mini­mi­ser le recours aux matières pre­mières vierges, et réduire notre uti­li­sa­tion de l’eau de manière à avoir des usines de plus en plus en boucle fermée.

Sur ces 4 KPIs, les objec­tifs ont été défi­nis et com­mu­ni­qués à l’ensemble de nos par­ties pre­nantes : sala­riés, clients, four­nis­seurs et action­naires. Nous nous sommes par ailleurs enga­gés à réduire d’ici à 2030 d’un tiers en valeur abso­lue, nos émis­sions de CO2. Nous ambi­tion­nons aus­si de réduire de 50 % en valeur abso­lue notre consom­ma­tion d’eau dans les usines, en 2030, par rap­port à 2017. 

Plus particulièrement, qu’en est-il de Saint-Gobain Céramiques ? Pourriez-vous également nous rappeler son périmètre d’action et ses principaux métiers ? 

Saint-Gobain Céra­miques ras­semble envi­ron 6 000 sala­riés et plus d’une cin­quan­taine d’usines dans le monde, avec une très forte pré­sence indus­trielle dans quatre zones géo­gra­phiques : les États-Unis, l’Europe (notam­ment la France), l’Inde et la Chine. Nous sommes lea­der mon­dial dans les métiers de céra­miques tech­niques et à très forte valeur ajou­tée. Notre stra­té­gie consiste à codé­ve­lop­per avec les lea­ders indus­triels dans les dif­fé­rents métiers ou avec les inno­va­teurs qui viennent dis­rup­ter les nou­veaux mar­chés, des solu­tions tech­niques qui leur per­mettent d’atteindre leurs objec­tifs de décar­bo­na­tion de leurs pro­cé­dés ou de leur mar­ché. Nous les aidons ain­si à réus­sir leur révo­lu­tion indus­trielle verte. D’ailleurs, l’ensemble des pro­cé­dés indus­triels sont en train d’être réin­ven­tés et rede­si­gnés à la lumière de la décar­bo­na­tion. Cela pose en effet un ensemble de défis tech­niques et scien­ti­fiques pour les­quels nous nous posi­tion­nons en tant que par­te­naires de choix pour codé­ve­lop­per et créer de nou­veaux pro­duits céra­miques spé­ci­fiques à l’application de nos clients. Nous les accom­pa­gnons ain­si à atteindre leurs objec­tifs de décarbonation.

Saint-Gobain Céra­miques compte huit métiers dif­fé­rents posi­tion­nés sur des mar­chés dis­tincts comme par exemple SEFPRO, lea­der mon­dial de la pro­duc­tion de maté­riaux réfrac­taires pour les fours ver­riers, ou PCR (Per­for­mance Cera­mics and Refrac­to­ries) et ZIRPRO, spé­cia­li­sés dans la pro­duc­tion de céra­miques de pointes per­met­tant notam­ment la pro­duc­tion de com­po­sants actifs des bat­te­ries élec­triques. Notre hui­tième métier, VALOREF, a une mis­sion dif­fé­rente mais com­plé­men­taire des sept autres, car elle s’inscrit au cœur de notre ambi­tion : déve­lop­per l’économie cir­cu­laire. Nous vou­lons mini­mi­ser l’impact de notre acti­vi­té indus­trielle sur la pla­nète en dimi­nuant notre usage de matières pre­mières pri­maires. VALOREF a donc pour mis­sion de récol­ter les déchets de maté­riaux céra­miques et réfrac­taires de nos clients et de l’industrie, et de les reva­lo­ri­ser en les trans­for­mant en matières pre­mières secon­daires pour nos usines.

Notre BU VALOREF déjà très bien éta­blie en Europe connaît actuel­le­ment une expan­sion mon­diale accélérée !

Dans cette continuité, autour de quels axes travaillez-vous afin de contribuer à un monde de la construction plus durable et responsable ? 

Dans ce contexte, nous nous foca­li­sons sur plu­sieurs grands chal­lenges, notamment :

La créa­tion de pro­cé­dés indus­triels pour pro­duire de nou­veaux maté­riaux décar­bo­nés pour l’industrie et la construction ;

L’électrification de l’ensemble des pro­cé­dés indus­triels. Dans notre BU Céra­miques notre fac­ture éner­gé­tique est à 85 % élec­trique et nous sommes d’ailleurs bran­chés à 85 % à un réseau d’électricité décar­bo­née. Nous accom­pa­gnons d’ailleurs nos clients pour qu’ils puissent, à leur tour, s’électrifier au maximum ;

L’économie cir­cu­laire avec une ambi­tion forte autour de l’usage de matières pre­mières secon­daires (recy­clées) au tra­vers de la reva­lo­ri­sa­tion des déchets de nos clients et des indus­tries céramiques. 

Et en termes d’innovation et de R&D ?

Cela implique un effort d’innovation majeur et constant. Dans la BU Céra­miques, nous inves­tis­sons mas­si­ve­ment en R&D. Une part impor­tante de nos ventes sert à finan­cer le codé­ve­lop­pe­ment de nou­velles solu­tions inno­vantes avec nos clients. 

Nous nous appuyons notam­ment sur les huit grands centres de recherche mon­diaux du groupe, dont deux d’entre eux sont spé­cia­li­sés en Céra­miques : SG Research Pro­vence à Cavaillon (France) et SG Research North Ame­ri­ca à Nor­th­bo­rough près de Bos­ton (États-Unis).

Nous nous appuyons aus­si sur une stra­té­gie d’innovation qui repose sur trois notions clés : l’innovation de proxi­mi­té, l’innovation adja­cente, et l’innovation de rupture.

Nous avons d’ailleurs mis en place une équipe dédiée « Nou­veaux hori­zons » pour codé­ve­lop­per des solu­tions com­plè­te­ment inno­vantes et qui n’existent pas dans le por­te­feuille de solu­tions actuelles de nos BU existantes.

Le groupe Saint-Gobain est aus­si au cœur des consor­tiums à la fois euro­péens et amé­ri­cains encou­ra­gés par les Green Deals, pour déve­lop­per des solu­tions com­plé­te­ment inno­vantes. Cela nous per­met d’accélérer encore plus notre effort d’innovation, « Making the world a bet­ter home ».

Dans cette démarche, quels sont vos enjeux notamment sur le plan humain ? Quels sont les talents et les compétences que vous recherchez dans ce cadre ?

Nous recher­chons les meilleurs talents qui se sentent par­fai­te­ment ali­gnés avec nos valeurs et notre rai­son d’être : des femmes et des hommes de tous hori­zons et ori­gines qui soient avant tout pas­sion­nés par le sujet de la décar­bo­na­tion de l’industrie et l’économie cir­cu­laire. Tous ceux qui ont l’envie d’avoir un impact maxi­mal par leur tra­vail et leur enga­ge­ment, en équipe et en codé­ve­lop­pe­ment avec nos clients. Rejoindre nos équipes leur per­met­tra d’être au cœur de la réso­lu­tion des grands chal­lenges scien­ti­fiques et tech­niques des pro­chaines décennies.

Pour conclure, quelles sont vos perspectives sur le marché ?

L’accélération du monde vers la décar­bo­na­tion dans l’industrie est une for­mi­dable oppor­tu­ni­té. Nous avons des pers­pec­tives de crois­sance impor­tantes et capi­ta­li­sons sur notre force d’innovation et sur l’amplitude de nos com­pé­tences techniques.

Nos valeurs et notre tra­jec­toire his­to­rique font de nous un par­te­naire de confiance pour enga­ger des par­te­na­riats long terme.

Nous sommes aus­si très heu­reux de voir que le cadre régle­men­taire évo­lue pour mettre en place des méca­nismes qui per­mettent de valo­ri­ser l’impact très néga­tif en termes de pol­lu­tion de la com­bus­tion des éner­gies fos­siles. Cela contri­bue à rendre toutes les solu­tions élec­tri­fiées ou à bas car­bone éco­no­mi­que­ment viables. 

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