La douane se doit d’être exemplaire en matière d’écoresponsabilité

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Isabelle BRAUN LEMAIRE (90)

Isabelle Braun-Lemaire (90), direc­trice générale des douanes et droits indi­rects (DGDDI), nous explique com­ment ce ser­vice de l’État agit et se mobilise, à son niveau, en faveur de la décar­bon­a­tion. Entretien.

Comment votre établissement appréhende la question de la décarbonation et de la neutralité carbone ? 

Au même titre que l’ensemble des ser­vices de l’État, la douane se doit d’être exem­plaire en matière d’écoresponsabilité et de réduc­tion des gaz à effet de serre, tant dans son fonc­tion­nement courant que dans la réal­i­sa­tion même de ses missions. 

Par ailleurs, les agents de la douane sont forte­ment sen­si­bil­isés à l’écoresponsabilité : pour 84 % d’entre eux, il est impor­tant que la douane développe et encour­age les bonnes pra­tiques envi­ron­nemen­tales, et 90 % se dis­ent prêts à adopter de nou­veaux com­porte­ments plus respectueux de l’environnement dans le cadre de leur tra­vail. Une telle adhé­sion à la tran­si­tion écologique donne une respon­s­abil­ité à l’administration, pour fournir aux agents les moyens de met­tre en œuvre ces nou­veaux comportements. 

Enfin, la ques­tion de la décar­bon­a­tion est insé­para­ble de la ques­tion économique, en par­ti­c­uli­er dans le con­texte actuel. Pour une admin­is­tra­tion très motorisée comme la douane, avec ses véhicules ter­restres (voitures, motos), aériens (avions, héli­cop­tères) et navals, la sobriété énergé­tique est une évi­dence opéra­tionnelle et financière ! 

Dans ce cadre, quelles actions et initiatives mettez-vous en place ?

La douane s’inscrit pleine­ment dans les 20 engage­ments de l’État pour des ser­vices publics écore­spon­s­ables fixés en 2020. Elle a décliné ces engage­ments dans un plan d’action « Douane verte » qui cou­vre l’ensemble du champ de l’écoresponsabilité : les mobil­ités et le bâti, mais aus­si le numérique, l’alimentation bio et de qual­ité, la sup­pres­sion du plas­tique à usage unique… 

Cela s’est traduit d’ores et déjà par des actions pour cer­taines de long terme, pour d’autres très con­crètes et pra­tiques : l’acquisition de véhicules pro­pres, élec­triques et hybrides, de préférence aux véhicules ther­miques ; le rem­place­ment des bouteilles d’eau par des carafes ; l’inclusion autant que pos­si­ble de claus­es écore­spon­s­ables dans nos appels d’offre ; la réal­i­sa­tion de travaux à gains rapi­des d’énergie comme la mod­erni­sa­tion de l’éclairage ou de la VMC ; l’optimisation de la con­som­ma­tion d’énergie de notre futur dat­a­cen­tre, qui sera mis en ser­vice en 2025… 

Vous êtes-vous fixé des objectifs ? 

J’en cit­erais trois par­mi les plus ambitieux : sup­primer totale­ment l’utilisation des pro­duits phy­tosan­i­taires d’ici fin 2022, avoir plus de 20 % de véhicules pro­pres à hori­zon 2023 (con­tre moins de 2 % en 2020), rem­plac­er l’ensemble des chaudières fioul par des chaudières employ­ant d’autres éner­gies à hori­zon 2029.

Par ailleurs, le bilan des émis­sions de gaz à effet de serre de la douane, en cours et qui sera achevé fin 2022, per­me­t­tra de fix­er de nou­veaux objec­tifs ambitieux pour réduire nos émis­sions de gaz à effet de serre.

Dans cette démarche, quels sont les principaux enjeux auxquels vous êtes confrontés et comment y faites-vous face ?

La douane a la chance de pou­voir s’appuyer sur des agents très sen­si­bil­isés à la tran­si­tion écologique et moteurs pour la met­tre en œuvre. Un des enjeux prin­ci­paux est de sus­citer et appuy­er leurs ini­tia­tives écore­spon­s­ables. À ce titre, l’appel à pro­jets d’innovation par­tic­i­pa­tive en matière de tran­si­tion écologique du min­istère de l’Économie, des Finances et de la Relance, auquel la douane par­ticipe, est une véri­ta­ble chance ! Doté de 500 000 €, il per­me­t­tra de financer des pro­jets locaux dès l’été 2022. 

Un autre enjeu est celui des four­nisseurs, qui pour cer­tains n’ont pas encore dévelop­pé d’offre répon­dant aux critères d’écoresponsabilité de l’État. C’est notam­ment un sujet en matière de numérique : j’appelle de mes vœux le développe­ment d’une fil­ière du recy­clage et de recon­di­tion­nement des matériels informatiques ! 

Enfin, les délais de livrai­son sont un défi de tous les jours, dans un con­texte de forte ten­sion sur les appro­vi­sion­nements : nos com­man­des de véhicules pro­pres peu­vent met­tre de longs mois à nous par­venir, ce qui impose mal­heureuse­ment de main­tenir en ser­vice, dans l’intervalle, des véhicules anciens et polluants ».


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