RATP Dev : des métiers passionnants et un impact concret sur notre environnement !

RATP Dev : des métiers passionnants et un impact concret sur notre environnement !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Henri POTTIER (X05)

La décar­bon­a­tion de la mobil­ité n’est pas seule­ment une ques­tion de tech­nolo­gies et d’innovation, c’est avant tout une ques­tion d’usages. Telle est la con­vic­tion du groupe RATP et de sa fil­iale RATP Dev qui accom­pa­g­nent la décar­bon­a­tion de la mobil­ité de plusieurs grandes villes dans le monde. Métro et tram, bus élec­trique ou à hydrogène sont autant de pistes que le groupe explore pour attein­dre une neu­tral­ité car­bone aujourd’hui néces­saire. Le point avec Hen­ri Pot­ti­er (X05), Directeur Asie-Paci­fique de RATP Dev depuis 4 ans.

Alors que la transition énergétique et la décarbonation des usages s’accélèrent, la mobilité représente un enjeu stratégique pour nos sociétés. Quel regard un acteur comme RATP porte sur le contexte actuel ? 

Il y a, tout d’abord, une cer­taine urgence. Il nous faut accélér­er la décar­bon­a­tion et la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Opéra­teur de trans­port depuis 120 ans présent dans 15 pays, nous sommes un parte­naire mon­di­al et un con­seiller de pre­mier plan sur toutes les ques­tions liées à la mobil­ité durable. Notre objec­tif est d’offrir des solu­tions de trans­port durables qui répon­dent aux défis du change­ment cli­ma­tique et aux besoins des villes intel­li­gentes. La den­si­fi­ca­tion est l’unique moyen de ren­dre notre mobil­ité plus fru­gale et le trans­port pub­lic est une solu­tion incon­testée. Cepen­dant, nous devons pren­dre le prob­lème par le bon bout et con­stituer les réseaux de trans­port en com­mençant par les axes les plus capac­i­tifs. Nous évolu­ons dans des marchés extrême­ment dif­férents. Dans la zone Asie-Paci­fique par exem­ple, cer­taines villes ouvrent leur pre­mier métro tan­dis que d’autres ont quelques décen­nies d’avance et nous sol­lici­tent pour des enjeux de renou­velle­ment d’actifs ou de péné­tra­tion plus pro­fonde du réseau avec des solu­tions « dernier kilo­mètre ». Notre vision d’exploitant long terme nous per­met de pro­pos­er des solu­tions pérennes tech­nologique­ment et fonc­tion­nelle­ment égale­ment plébisc­itées par la fréquen­ta­tion des voyageurs.

Vous avez réalisé une importante partie de votre parcours professionnel dans ce secteur de la mobilité notamment au sein de RATP Dev. Pourquoi ce choix ?

Dès l’École, via l’organisation de la Semaine du Développe­ment Durable et les binets asso­ciés, j’ai souhaité con­tribuer de manière con­crète à la décar­bon­a­tion de notre société et à la pro­mo­tion de com­porte­ments plus durables. Je me suis tourné vers la mobil­ité, car elle présente l’avantage d’être évi­dente, quo­ti­di­enne et qu’elle offre un gise­ment con­stant d’amélioration.

Et dans le cadre de ma car­rière, j’ai pu en décou­vrir toute la trans­ver­sal­ité et l’universalité : une pro­fonde tech­nic­ité via la maîtrise des out­ils indus­triels comme le métro sans con­duc­teur et leur péren­nité fonc­tion­nelle à tra­vers plusieurs décen­nies mal­gré des obso­les­cences de plus en plus rapi­des ; un volet social impor­tant via la ges­tion et l’accompagnement des 600 employés de ma région ; un enjeu économique via le finance­ment de l’infrastructure et du ser­vice de trans­port pub­lic comme nous avons pu le réalis­er à Syd­ney récem­ment avec le finance­ment de 4.5Mds d’AUD pour une nou­velle ligne de métro ; une dimen­sion socié­tale et poli­tique via l’importance de cer­tains grands pro­jets struc­turants comme l’extension de la ligne 9 du métro de Séoul ou la célébra­tion des 120 ans du tramway de Hong Kong l’an prochain et enfin une expo­si­tion géopoli­tique imposant la néces­sité de maîtris­er nos chaînes d’approvisionnement com­plex­es et la dura­bil­ité de choix de tech­nolo­gies sensibles.

En par­al­lèle, l’impact de mon méti­er est immé­di­at et quo­ti­di­en. En Asie-Paci­fique, nous con­tribuons à la mobil­ité de 500 000 pas­sagers jour­naliers. Seul un ser­vice irréprochable per­met de main­tenir leur con­fi­ance et de leur faire choisir le trans­port pub­lic. C’est finale­ment de cela que je suis le plus fier et qui jus­ti­fie tout le tra­vail réal­isé par mes équipes.

La RATP est l’une des entre­pris­es les plus inno­vantes du secteur des trans­ports publics, la seule à ce jour à avoir automa­tisé sans inter­rup­tion des lignes de métro comme les lignes 1 et 4 à Paris. Cette répu­ta­tion est à la fois un atout à l’international, mais surtout une exi­gence d’excellence pour moi et mes équipes. 

En 2021, RATP a affirmé de nouveau ses engagements en matière de neutralité carbone. Comment cela se traduit-il ? 

Le groupe RATP s’est engagé à réduire de 20 % sa con­som­ma­tion d’énergie et de 50 % ses émis­sions de gaz à effet de serre par passager/kilomètre entre 2015 et 2025. Pour ce faire, nous explorons plusieurs pistes : nous éten­dons la vie de nos act­ifs, trains et métros ; nous opti­misons leurs sys­tèmes mécaniques (moteurs…) ; nous anticipons les nou­velles ten­dances tech­nologiques qui vont redessin­er les con­tours de la mobil­ité (bus élec­triques, bus à hydrogène…) ; nous util­isons les tech­nolo­gies du dig­i­tal et le Big Data pour mieux pilot­er, suiv­re et opti­miser les con­som­ma­tions énergétiques… 

Sur la ques­tion de l’électrification des flottes, la RATP a véri­ta­ble­ment joué le rôle de « mar­ket mak­er ». Si les pre­mières annonces du groupe dès 2014 sur le bas­cule­ment total de son parc en élec­trique à hori­zon 2025 avaient été accueil­lies avec un cer­tain scep­ti­cisme, c’est aujourd’hui l’objectif que se sont fixés les opéra­teurs du monde entier. À Lon­dres, nous sommes ain­si, depuis 2022, le pre­mier opéra­teur avec zéro émis­sion directe. Il en sera de même à Paris dès 2025 !

Nous menons des expéri­men­ta­tions autour du bus à hydrogène, comme à La Roche-sur-Yon depuis 2021, afin de mieux com­pren­dre cette tech­nolo­gie, d’en dévelop­per une cer­taine maîtrise et de déter­min­er sa per­ti­nence sur le long terme. 

Dans cette course à la mobilité décarbonée, quels sont les enjeux et les freins qui persistent ? 

On retrou­ve bien évidem­ment un enjeu financier. Les grands pro­jets néces­si­tent d’importants investisse­ments pour une ville ou une région. Sur cet enjeu, le Groupe a très tôt cher­ché à innover. Dans cette logique, il a levé un mil­liard d’euros via des oblig­a­tions vertes pour des pro­jets de réno­va­tion de trains et de dépôts, l’achat de bus pro­pres… Nous aidons aus­si nos parte­naires, les villes ou les régions, à obtenir égale­ment des finance­ments pour lever ce frein et déploy­er des pro­jets et de nou­velles infrastructures. 

En par­al­lèle, nous nous intéres­sons de plus en plus aux « derniers kilo­mètres » qui sépar­ent un pas­sager de l’accès au réseau. Ces derniers kilo­mètres vont très sou­vent décider ou non un pas­sager à utilis­er les trans­ports publics. Si nous sommes d’ores et déjà le plus gros opéra­teur mul­ti­modal, nous devons, toute­fois, dévelop­per notre mail­lage afin juste­ment d’intégrer ces derniers kilo­mètres. Cela passe, par exem­ple, par l’intégration des sys­tèmes de mobil­ité douce afin de per­me­t­tre aux pas­sagers de s’affranchir du recours à leur voiture per­son­nelle dans leur quotidien. 

Et enfin, il s’agit aus­si d’attirer toutes les per­son­nes qui n’utilisent pas encore les ser­vices du trans­port pub­lic en max­imisant le réseau existant.

Les ingénieurs de RATP Dev sont aujourd’hui en première ligne pour accompagner ces évolutions technologiques et sociétales. Dans ce cadre, quelles sont les opportunités de carrière et d’évolution que votre entreprise peut leur offrir ? 

Effec­tive­ment, RATP Dev façonne la mobil­ité de demain. Étant à la croisée de tous les con­tribu­teurs du trans­port, nous cher­chons des ingénieurs dans des domaines extrême­ment divers et offrons des car­rières épanouis­santes qui dévelop­pent des com­pé­tences multiples.

Notre méti­er tra­di­tion­nel attire tou­jours autant d’ingénieurs dans les domaines de l’exploitation et de la main­te­nance et cela afin d’assurer le trans­port de nos 14 mil­lions de pas­sagers au quo­ti­di­en. Ces métiers poussent vers l’excellence et requièrent une très grande rigueur afin d’assurer la sécu­rité et le con­fort de nos passagers. 

Plus récem­ment, nos besoins se sont diver­si­fiés avec la dig­i­tal­i­sa­tion. Nous générons une masse phénomé­nale de don­nées via les tra­jets de nos pas­sagers ou la remon­tée fonc­tion­nelle de nos sys­tèmes. Nous accélérons dans l’exploitation de ces don­nées avec des ingénieurs spé­cial­isés en ges­tion de la don­née avec une forte com­posante Big Data. Cette dig­i­tal­i­sa­tion s’accompagne d’une aug­men­ta­tion du risque cyber sur lequel nous sommes soumis aux exi­gences par­mi les plus élevées.

En tant qu’ingénieur, à mon sens, notre défi fon­da­men­tal est d’être le garant de sys­tèmes multi­généra­tionnels dont les tech­nolo­gies sous-jacentes ont des cycles de vie de seule­ment quelques années. La com­plex­i­fi­ca­tion et la dig­i­tal­i­sa­tion sont à la fois une oppor­tu­nité d’amélioration et d’optimisation, mais surtout un défi de long terme pour nos ingénieurs qui anticipent l’obsolescence, la com­pat­i­bil­ité future et la migra­tion tech­nologique de nos act­ifs. Cela requiert finale­ment une maîtrise de la tech­nolo­gie au moins aus­si grande que celle des con­struc­teurs ; cela nous per­met, par exem­ple, d’étendre la durée de vie d’une rame de métro de 30 ans à 60 ans, et ain­si en amoin­drir sig­ni­fica­tive­ment l’impact car­bone sur un cycle de vie.

Finale­ment, nous offrons le meilleur de deux mon­des : l’exigence et le sens du con­cret du ser­vice pub­lic avec l’autonomie et la prise d’initiative du secteur privé. C’est ce qui attire de plus en plus de jeunes ingénieurs dans nos équipes.

Le mot de la fin ? 

Au cours des 15 dernières années, j’ai pu vivre dans des villes extra­or­di­naires comme Hong Kong, Sin­gapour, Séoul, Macao et prof­iter des pro­jets d’infrastructure pour décou­vrir les enjeux de mobil­ité d’autres grandes cap­i­tales comme Syd­ney, Mel­bourne, Manille ou Riyad. Un par­cours riche et humain que je recom­mande à ceux qui souhait­ent com­bin­er un méti­er pas­sion­nant et un impact con­cret sur notre environnement ! 

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