Quelques causes de l’illettrisme

Dossier : ExpressionsMagazine N°657 Septembre 2010Par Bernard DUCONGÉ (59)

L’il­let­trisme est ici l’é­tat des per­son­nes qui, ayant appris à lire et à écrire, en ont com­plète­ment per­du la pra­tique. C’est plus restric­tif que la déf­i­ni­tion que j’en avais intu­itive­ment, à savoir les per­son­nes qui ne savent ni lire ni écrire, et on peut penser que l’au­teur et ses sta­tis­tiques sont plutôt sur cette accep­tion. Sa pop­u­la­tion d’il­let­trés inclut très prob­a­ble­ment ceux qui n’ont pas su (ou plutôt à qui on n’a pas su) appren­dre à lire et écrire, alors qu’ils ont suivi ou qu’ils suiv­ent encore le cur­sus de l’é­cole pri­maire et du collège.

On ne devrait pas pou­voir par­ler sur l’il­let­trisme aujour­d’hui sans stig­ma­tis­er les deux erreurs de base de l’É­d­u­ca­tion nationale française qui a fab­riqué ces illet­trés et per­siste dans ce proces­sus dément, à savoir : l’emploi de la méth­ode glob­ale pour appren­dre à lire aux enfants ; dès les années cinquante, ma mère, insti­tutrice de cours pré­para­toire, cri­ti­quait vigoureuse­ment cette méth­ode qui est un défi à la logique de l’e­sprit ; le principe du non-redou­ble­ment, même pour ceux qui sor­tent du cours pré­para­toire en n’ayant pas acquis les bases de la lec­ture et de l’écri­t­ure. Com­ment peut-on imag­in­er qu’ils ne soient pas noyés défini­tive­ment ? Ils vont traîn­er huit ans pour rien.

Cela paraît pour­tant sim­ple et logique de véri­fi­er dès l’en­trée en CE1, puis à la fin de l’é­cole pri­maire si ces bases sont acquis­es. Sinon, le redou­ble­ment est le seul ser­vice à ren­dre à ces enfants.

J’ai donc bien regret­té que l’ar­ti­cle n’en fasse pas état, d’au­tant plus que j’ai la con­vic­tion que la per­sis­tance de ces erreurs pen­dant un demi-siè­cle ne peut être le fruit d’une incon­science permanente. 

Commentaire

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Claude Thiébautrépondre
7 février 2011 à 0 h 18 min

Illétrisme
Bon­jour,

La méth­ode glob­ale est sans doute l’un des caus­es de cet échec l’é­d­u­ca­tion sco­laire actuelle. Néan­moins, le taux d’il­létrisme ayant atteint un pour­cent­age jamais atteint depuis la créa­tion de l’é­cole gra­tu­ite par Jules Fer­ry, il faut peut-être pren­dre en compte égale­ment la dif­fi­culté qu’ont les enfrants d’im­mi­grés à par­ler et appren­dre l’écri­t­ure du Français alors que leurs par­ents sont eux-mêmes le plus sou­vents illétrés. 

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