Quand la data et le digital sont au service des problématique complexes de l’industrie

Dossier : Cloud, Data & IAMagazine N°773 Mars 2022
Par Xavier BRUCKER (96)
Par Stéphane GAUTROT (89)
Par Hervé ZWIRN (75)

Xavier Bruck­er (96) et Stéphane Gautrot (89), asso­ciés au sein du cab­i­net Mews Part­ners, nous expliquent com­ment ce cab­i­net spé­cial­iste du con­seil en man­age­ment et posi­tion­né sur le secteur de l’industrie, accom­pa­gne les entre­pris­es dans leur dig­i­tal­i­sa­tion et la val­ori­sa­tion de leurs don­nées au ser­vice d’une per­for­mance opti­misée. Entretien.

Qu’est-ce que la transformation digitale et la data impliquent pour les entreprises industrielles ? 

Dans le secteur de l’industrie, la dig­i­tal­i­sa­tion et la data impactent l’organisation des entre­pris­es, la struc­tura­tion de leurs proces­sus, mais égale­ment leurs com­pé­tences et exper­tis­es. Alors qu’on entend de plus en plus par­ler d’industrie 4.0, les tech­nolo­gies numériques et la val­ori­sa­tion de la data sont des enjeux stratégiques dans un envi­ron­nement très volatile et mou­vant qui néces­site de la part de ces acteurs de l’agilité et de la réac­tiv­ité pour adapter leurs busi­ness mod­els, opti­miser leur sché­ma de pris­es de déci­sion, faire évoluer de nou­velles organ­i­sa­tions et com­pé­tences, mais égale­ment pour dévelop­per de nou­veaux pro­duits ou services.

Face à des entreprises industrielles qui ont un niveau de maturité et une maîtrise très hétérogènes de ces sujets, comment se positionne un acteur comme Mews Partners ? 

Depuis 30 ans, Mews Part­ners se posi­tionne comme un cab­i­net de con­seil en man­age­ment indépen­dant qui inter­vient essen­tielle­ment dans les dif­férents secteurs de l’industrie. Au fil des décen­nies, nous avons dévelop­pé des exper­tis­es avérées et une con­nais­sance fine des divers métiers de l’entreprise indus­trielle : inno­va­tion, R&D, ingénierie, indus­tri­al­i­sa­tion, pro­duc­tion, sup­ply chain… Dans le cadre de nos inter­ven­tions, nous con­seil­lons et aidons ces entre­pris­es à relever les défis que posent le numérique et la data dans le cadre de leur activ­ité glob­ale et au niveau de cha­cun de leurs métiers. Au-delà, il s’agit aus­si de leur per­me­t­tre de saisir les oppor­tu­nités que la dig­i­tal­i­sa­tion peut leur apporter en ter­mes de développe­ment de nou­veaux ser­vices et mod­èles de revenus, de busi­ness et de gains notam­ment en ter­mes de per­for­mance, d’efficacité, d’autonomisation des proces­sus et des méthodologies. 

Dans cette démarche, nous avons égale­ment un rôle de sen­si­bil­i­sa­tion auprès de nos clients pour les aider à mieux iden­ti­fi­er et com­pren­dre leurs enjeux afin juste­ment de pou­voir mieux les adress­er et définir les appli­ca­tions con­crètes dont ils ont besoin sur le ter­rain. En effet, sur ces sujets stratégiques, nous cher­chons avant tout à leur apporter des solu­tions très prag­ma­tiques, aus­si bien en amont, au niveau de leur R&D, qu’en aval, sur des enjeux relat­ifs à la pro­duc­tion, l’industrialisation ou l’optimisation de leur sup­ply chain. 

Pour réussir leur transformation digitale et capitaliser de manière pérenne et efficace sur la data, quels sont les principaux enjeux et prérequis ? 

La trans­for­ma­tion dig­i­tale est une prob­lé­ma­tique glob­ale qui cou­vre un large champ de sujets et de thé­ma­tiques : la stratégie à moyen et long ter­mes, les ressources humaines et les com­pé­tences, l’interaction de l’entreprise avec ses dif­férents écosys­tèmes, l’adoption de nou­velles tech­nolo­gies, l’évolution des proces­sus et des sys­tèmes… Au-delà, cela néces­site égale­ment une ges­tion des don­nées opti­misée et « pro­pre », ce qui n’est pas for­cé­ment le cas des entre­pris­es indus­trielles quelle que soit leur taille. Pour réus­sir leur dig­i­tal­i­sa­tion, elles doivent pou­voir s’appuyer sur une véri­ta­ble poli­tique de gou­ver­nance et de man­age­ment des don­nées avec une data de bonne qual­ité et facile­ment acces­si­ble. En effet, elles doivent pou­voir cap­i­talis­er sur la data pour réalis­er des mod­éli­sa­tions et des sim­u­la­tions, dont les résul­tats vien­dront nour­rir une prise de déci­sion factuelle au ser­vice de la réso­lu­tion de leurs prob­lé­ma­tiques et de leur développement. 

Sur un plan plus opérationnel, autour de quelles problématiques êtes-vous sollicités ? 

Notre rôle est de faire le lien entre les prob­lé­ma­tiques de ces entre­pris­es et les solu­tions que le dig­i­tal et la data peu­vent leur offrir. Nous pou­vons ain­si inter­venir à dif­férents niveaux comme l’optimisation de la main­te­nance, de la plan­i­fi­ca­tion de l’approvisionnement ou des com­man­des avec une meilleure antic­i­pa­tion des besoins logis­tiques et des con­traintes, de la per­for­mance opéra­tionnelle… Autant d’enjeux où une exploita­tion et une val­ori­sa­tion per­ti­nentes de la don­née cou­plées à la mod­éli­sa­tion et à la sim­u­la­tion per­me­t­tent d’obtenir des résul­tats concrets. 

Comme précédem­ment men­tion­né, nous pou­vons égale­ment les accom­pa­g­n­er dans le développe­ment de nou­veaux revenus. Prenons l’exemple d’une entre­prise qui conçoit et développe des instru­ments de mesure. La dig­i­tal­i­sa­tion de son activ­ité et de son mod­èle peut être une oppor­tu­nité pour dévelop­per un busi­ness com­plé­men­taire. On peut notam­ment penser à une plate­forme de ser­vices dig­i­taux con­stru­ite autour de l’acquisition et du traite­ment des don­nées mesurées par ses instruments. 

Au-delà du traite­ment d’une prob­lé­ma­tique, de l’optimisation d’un proces­sus, nos mis­sions per­me­t­tent égale­ment de dégager des per­spec­tives d’activité et de revenus addi­tion­nels pour nos clients. 

Quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ? 

Les direc­tions générales des entre­pris­es doivent remet­tre en ques­tion leurs mod­èles de prise de déci­sions. Elles doivent iden­ti­fi­er les déci­sions qui sont aujourd’hui pris­es de manière empirique et pour lesquelles la prise en compte de leurs don­nées per­me­t­trait d’obtenir des déci­sions plus per­ti­nentes et plus objec­tives. Ce change­ment de par­a­digme néces­site la mise en place de nou­velles façons de tra­vailler, plus col­lab­o­ra­tives et trans­vers­es, de nou­velles com­pé­tences, et aus­si une prise de con­science plus forte par les dirigeants de la valeur de la donnée.


Focus sur Eurobios

Trois ques­tions à Hervé Zwirn (75) pour mieux com­pren­dre la per­ti­nence du rap­proche­ment de Mews Part­ners et d’Eurobios.

Quelle a été la genèse d’Eurobios ?

L’activité d’Euro­bios a démar­ré en 2000. A l’origine, Euro­bios est la branche européenne du groupe améri­cain Bios, une éma­na­tion du San­ta Fe Insti­tute créé dans les années 1980. Ce dernier est con­sid­éré comme le lieu de nais­sance des sci­ences de la com­plex­ité, c’est-à-dire les domaines sci­en­tifiques qui étu­di­ent de manière inter­dis­ci­plinaire les sys­tèmes com­plex­es. La créa­tion du groupe Bios, puis d’Eurobios, a été motivée par la néces­sité d’appliquer ces recherch­es sci­en­tifiques et les résul­tats obtenus afin de résoudre des prob­lèmes com­plex­es, notam­ment d’ordre industriel. 

Quel est son cœur de métier ? 

Utilis­er les méth­odes sci­en­tifiques les plus avancées pour résoudre des prob­lé­ma­tiques com­plex­es et lever des ver­rous sur des sujets encore non traités. Con­crète­ment, notre périmètre d’action cou­vre trois dimen­sions com­plé­men­taires : la mod­éli­sa­tion des sys­tèmes com­plex­es afin de pou­voir réalis­er des sim­u­la­tions au ser­vice de l’optimisation de ces mêmes systèmes. 

Nous tra­vail­lons sur des sujets aus­si divers que la mod­éli­sa­tion de pop­u­la­tions pour prédire leur com­porte­ment dans des sit­u­a­tions cri­tiques (cor­rup­tion, ter­ror­isme, crise économique…). Pen­dant vingt ans, nous avons accom­pa­g­né la poste danoise dans l’optimisation des tournées des fac­teurs. Nous nous intéres­sons au cal­cul de la fatigue des équipements et, dans ce cadre, nous tra­vail­lons avec RTE afin de prédire de manière très fine et pré­cise le rem­place­ment les lignes à très haute ten­sion, un équipement cri­tique et qui coûte très cher. Avec la SNCF, dans cette même logique, nous tra­vail­lons sur l’usure des rails pour opti­miser la main­te­nance des voies. 

Parce que l’ensemble de ces prob­lé­ma­tiques néces­site des com­pé­tences sci­en­tifiques pointues, nous avons con­servé un lien très fort avec la recherche. 95 % de nos col­lab­o­ra­teurs sont des doc­teurs en math­é­ma­tiques, en infor­ma­tique, en physique… et depuis douze ans, nous avons un parte­nar­i­at avec le lab­o­ra­toire de math­é­ma­tiques de l’ENS Paris Saclay. 

Et quelles sont les synergies qui découlent de votre rapprochement avec Mews Partners il y a moins d’un an ? 

La très forte com­plé­men­tar­ité qui existe entre notre activ­ité et celle de Mews Part­ners laisse entrevoir de très belles per­spec­tives de développe­ment. Avec notre capac­ité de mod­éli­sa­tion et de sim­u­la­tion, nous allons venir com­pléter le con­seil de haut niveau délivré par Mews Part­ners sur des prob­lé­ma­tiques pointues. À par­tir des recom­man­da­tions et pré­con­i­sa­tions des con­sul­tants, nous allons pou­voir dévelop­per et met­tre au ser­vice des entre­pris­es des solu­tions et out­ils logi­ciels pen­sés et conçus pour adress­er leurs besoins et prob­lé­ma­tiques, mais aus­si attein­dre leurs objec­tifs. 

L’offre com­binée Mews Part­ners et Euro­bios va ain­si cou­vrir l’ensemble de la chaîne de valeur des entre­pris­es industrielles.


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