Pourquoi je ne suis pas altermondialiste, Éloge de l’antimondialisation

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°605 Mai 2005Par : André Bellon (63)Rédacteur : François TARD (58)

“ Je ne suis pas alter­mon­di­al­iste ; et pour­tant, je suis sol­idaire des cen­taines de mil­liers de man­i­fes­tants qui s’expriment pour un autre monde dans les rues des mégapoles où survit une humani­té de plus en plus paupérisée, soumise, méprisée. […] Je suis anti­mon­di­al­iste. Non par un goût ou une atti­rance par­ti­c­ulière pour le passé. Mais je sais que la mon­di­al­i­sa­tion est un con­cept déjà dépassé, que les grandes luttes qu’elle a sus­citées con­tre elle ne sont que les prémices de sa remise en cause. Je suis anti­mon­di­al­iste parce que je crois que la péri­ode qui s’ouvre demande aux hommes de retrou­ver une iden­tité poli­tique, loin de ces mag­mas idéologiques sans sig­ni­fi­ca­tion con­crète qui leur sont imposés pour mieux per­ver­tir leur pen­sée ; parce que je crois que la revi­tal­i­sa­tion de la poli­tique, attrib­ut essen­tiel de l’homme libre et donc du citoyen, et le retour de l’humanisme passent par le com­bat con­tre le con­cept même de mon­di­al­i­sa­tion.

Député des Alpes-de-Haute-Provence pen­dant trois lég­is­la­tures, prési­dent de la Com­mis­sion des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pen­dant deux ans, André Bel­lon s’inscrit en rup­ture avec une gauche occi­den­tale dans l’impasse, dont il est le témoin sans com­plai­sance des défaites poli­tiques, des renon­ce­ments philosophiques, des capit­u­la­tions sociales, des trahisons économiques.

Déjà en col­lab­o­ra­tion avec Anne-Cécile Robert, jour­nal­iste au Monde diplo­ma­tique, notre cama­rade appor­tait en 2003, dans Le Peu­ple inat­ten­du (les édi­tions Syllepse, Paris), un éclairage orig­i­nal sur la vie poli­tique de notre époque, et sur la coupure entre le peu­ple, seul déten­teur légitime du pou­voir, et le monde politicien.

Son Éloge de l’antimondialisation est un ouvrage dense, qui apporte un ton pam­phlé­taire stim­u­lant et une force d’analyse qui n’est pas sans évo­quer la pen­sée ful­gu­rante d’un Jean Jau­rès. Quelles que soient nos opin­ions poli­tiques, cet ouvrage est à lire absol­u­ment pour mieux com­pren­dre et mieux peser l’alternative à laque­lle notre monde est con­fron­té : ou bien l’abandon des indi­vidus à la fatal­ité d’un mon­di­al­isme qui ignore les peu­ples et les nations, corps poli­tiques à la base de toute démoc­ra­tie, au prof­it d’organismes non représen­tat­ifs, ou bien le sur­saut par lequel l’homme libre, le citoyen, lut­tera pour restau­r­er une véri­ta­ble démoc­ra­tie et con­tribuer à forg­er son pro­pre destin.

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