Les ports en France, ports et innovations

Ports et innovations

Dossier : Les ports en FranceMagazine N°764 Avril 2021
Par Jean-Marcel PIÉTRI (71)
Par Georges DEBIESSE (68)

La mytholo­gie nous enseigne que le pre­mier arse­nal fut con­stru­it, du côté de Nau­pacte, par les fils (et petits-fils) d’Hercule, pour y bâtir les navires qui allaient leur per­me­t­tre la recon­quête du Pélo­pon­nèse. Et l’histoire nous rap­pelle que les pre­miers ports de com­merce furent phéni­ciens, au deux­ième mil­lé­naire avant Jésus-Christ.

Innovations techniques

Les tech­niques de travaux mar­itimes sont les mêmes pour les deux fonc­tions et n’ont guère var­ié : on con­tin­ue, mal­gré l’invention du béton, de dévers­er des mass­es d’enrochements pour pro­téger les digues… Et pour­tant le présent dossier a pour ambi­tion de mon­tr­er que la con­struc­tion des ports et l’exécution des divers­es activ­ités por­tu­aires n’ont guère cessé de sus­citer des inno­va­tions de tous ordres. Inno­va­tions tech­niques : la sol­lic­i­tude atten­tive des sou­verains pour les ports a ten­du à y con­cen­tr­er quelques prouess­es – quelques échecs aus­si – des ingénieurs. 

« Oser de tels travaux, c’est braver Nep­tune lui-même », selon Paul Valéry dans Eupali­nos ou l’architecte. Napoléon, qui avait résolu de « renou­vel­er à Cher­bourg les mer­veilles de l’Égypte » aurait sans doute appré­cié que l’on y ait con­stru­it, à la fin du vingtième siè­cle, un ouvrage fondé sur le principe d’Archimède – certes large­ment postérieur aux pyra­mides, mais vénérable – tout en étant par cer­tains aspects unique au monde. Ce proces­sus d’innovation, stim­ulé par l’évolution des navires et de leurs modes de fab­ri­ca­tion et de sou­tien, le développe­ment du traf­ic mar­itime et les exi­gences de la con­cur­rence, se pour­suit de nos jours et débor­de large­ment du domaine du génie civil.

Investissements de grande ampleur

Les ports de com­merce ont con­nu, dans la sec­onde moitié du XXe siè­cle, des investisse­ments de grande ampleur, liés notam­ment au traf­ic pétroli­er et à la créa­tion d’industries lour­des (Dunkerque, Antifer, Fos…) ou à la con­teneuri­sa­tion. Depuis lors, les inno­va­tions de tous ordres con­cer­nent surtout leur fonc­tion­nement et les ser­vices apportés aux navires, à la marchan­dise et aux pas­sagers (amélio­ra­tion des dessertes ter­restre ou flu­viale, ges­tion des grands out­il­lages, numéri­sa­tion des ser­vices), leur gou­ver­nance ain­si que leur mod­èle économique (baisse du rôle de l’État, inter­na­tion­al­i­sa­tion des opéra­teurs) ou leur impact sur l’environnement.

Des évo­lu­tions récentes telles que la baisse, aujourd’hui cer­taine et néces­saire, des trafics d’hydrocarbures, et plus générale­ment des vracs énergé­tiques, et donc des recettes naguère pérennes qu’ils appor­taient, ou l’urgence de la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique, ne peu­vent que ren­forcer l’ardente oblig­a­tion de ces inno­va­tions et de leur pro­mo­tion dans le cadre de la stratégie nationale por­tu­aire que le gou­verne­ment vient de publier.

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