Polytechnique à travers la philatélie et les cartes postales

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°597 Septembre 2004Par : Bulletin n° 36 de la SabixRédacteur : Jean-Paul DEVILLIERS (57)

Col­lec­tion­neur pas­sion­né, Fab­rice Mat­ta­tia (90) présente dans le Bul­letin n° 36 de la Sabix un ensem­ble de tim­bres-poste en rela­tion avec l’École poly­tech­nique et ses anciens élèves. Il s’agit de por­traits d’hommes émi­nents ayant ren­du des ser­vices à la col­lec­tiv­ité ou d’images représen­tant de grands pro­jets aux­quels ils ont con­cou­ru (bar­rages, avions, trains…). Bien organ­isées, accom­pa­g­nées de brèves notices, ces repro­duc­tions com­posent un com­plé­ment orig­i­nal et agréable aux ouvrages trai­tant de l’histoire de l’École et des biogra­phies des anciens élèves qui se sont sig­nalés dans les sci­ences, l’industrie ou la vie publique.

Mais l’intérêt de ce bul­letin dépasse de beau­coup celui d’un cat­a­logue, si réus­si soit-il. En effet les com­men­taires de Fab­rice Mat­ta­tia et de Chris­t­ian Mar­bach, prési­dent de la Sabix et lui aus­si col­lec­tion­neur méthodique, abor­dent des ques­tions qui touchent à la nature même de notre société. Que sig­ni­fient les tim­bres ? Quels sont les critères qui con­duisent une entre­prise postale, le plus sou­vent dépen­dante de l’État, à choisir le sujet de la gravure d’un tim­bre ? Ce choix est-il un acte d’autorité ou répond-il à une men­tal­ité collective ?

Les pre­miers tim­bres français por­taient l’effigie de Cérès, déesse des moissons. Plus tard, après le por­trait de Napoléon III, vin­rent la Semeuse et des fig­ures allé­goriques se référant à la mytholo­gie gré­co-romaine. Le tim­bre de Pas­teur fut le pre­mier des­tiné à hon­or­er un savant. Il a été depuis suivi de beau­coup d’autres, inven­teurs, philosophes, savants, hommes poli­tiques… Et aus­si de nom­breuses images de réal­i­sa­tions col­lec­tives (bar­rages, via­ducs, avions…). Quelle trace ces illus­tra­tions lais­sent-elles dans la pen­sée des mil­liers d’expéditeurs et de des­ti­nataires qui ne les voient que d’un regard fugi­tif et distrait ?

Sans doute la mul­ti­pli­ca­tion des sujets et la qual­ité des gravures réjouis­sent les phi­latélistes. Cepen­dant le nom­bre de tim­bres émis dans le monde chaque année sur­passe de beau­coup les pos­si­bil­ités d’achat des ama­teurs. Il faut donc savoir choisir un domaine d’intérêt et s’y lim­iter. Pour­tant il serait regret­table que les enfants d’aujourd’hui aban­don­nent la pas­sion des col­lec­tions de tim­bres car les por­traits des grands hommes, et les belles gravures représen­tant les paysages loin­tains, leur faune, leur flo­re, peu­vent con­tribuer au développe­ment de leur culture.

Con­traire­ment aux tim­bres “ émis­sions offi­cielles de l’État qui reflè­tent ses choix poli­tiques nationaux, voire sa pro­pa­gande ”, les cartes postales procè­dent d’une démarche com­mer­ciale de l’éditeur qui doit répon­dre à une attente de l’acheteur. Elles par­ticipent aus­si à la con­sti­tu­tion d’une mémoire col­lec­tive. Le champ des sujets illus­trés est très vaste, Fab­rice Mat­ta­tia rend hom­mage à Gérard Neudin (63) qui édi­ta des cat­a­logues de cartes anci­ennes classées de façon méthodique. Ces cat­a­logues font aujourd’hui autorité.

Les cartes de la col­lec­tion Mat­ta­tia présen­tées dans le bul­letin Sabix intro­duisent le lecteur dans la vie quo­ti­di­enne de l’École poly­tech­nique, “ du temps jadis ”. Elles expri­ment une atmo­sphère et por­tent un témoignage chargé d’une cer­taine émotion.

En résumé le Bul­letin n° 36, de fort belle fac­ture, est un doc­u­ment à con­serv­er par ceux que l’histoire de l’École intéresse. En out­re un bref post-scrip­tum du prési­dent répon­dant à un mes­sage de Jean Duchêne, adhérent de la Sabix, pour­ra les ini­ti­er à la tyrosémio­philie, une pas­sion encore peu répan­due mais peut-être appelée à un bel avenir dans le milieu des polytechniciens.

Poster un commentaire