Père et fils en même temps à Polytechnique

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°788 Octobre 2023
Par Cécile CHAMARET (D12)

Pour la pre­mière fois dans l’histoire de l’École poly­tech­nique, un père et son fils font leur ren­trée à l’X à quelques semaines d’intervalle. Jolan Guil­ley a inté­gré la pro­mo­tion X22 et s’est instal­lé sur le plateau en avril 2023, tan­dis que son père Fabi­en Guil­ley a inté­gré la pro­mo­tion 7 de l’Executive Mas­ter qui a fait sa ren­trée en mars 2023. Voici les regards croisés sur leurs ren­trées respectives.

Quel a été votre parcours académique et professionnel ?

Jolan : Après avoir passé un bac sci­en­tifique en 2020, j’ai inté­gré une classe pré­para­toire aux grandes écoles (CPGE) au lycée Pierre-de-Fer­mat à Toulouse. Après deux ans de pré­pa, j’ai passé le con­cours de l’X, école que j’ai inté­grée en août 2022.

Fabi­en : Après une classe pré­para­toire à Lyon, j’ai inté­gré l’École nationale de l’aviation civile à Toulouse. J’ai com­mencé une car­rière dans l’aéronautique en 2001 comme ingénieur sys­tème. En 2007, j’ai rejoint Thales, et j’ai conçu le sys­tème d’alarme de l’ATR 42/72–600 lors de la réno­va­tion du cock­pit. En 2015, j’ai pris un poste de respon­s­able mar­ket­ing pour la région Europe Moyen-Ori­ent pour le sou­tien des pro­duits avion­iques. Depuis 2017, je suis respon­s­able mar­ket­ing au niveau mon­di­al. Déjà avant la Covid, je souhaitais faire une for­ma­tion de type MBA. En sep­tem­bre 2022, j’ai décou­vert l’Executive Mas­ter de Polytechnique.

Pour quelles raisons avez-vous choisi l’École polytechnique ?

J. : J’ai choisi l’École poly­tech­nique d’abord pour son excel­lence sci­en­tifique et son ray­on­nement notam­ment à l’international. Elle est renom­mée en France et partout dans le monde, les débouchés pro­fes­sion­nels sont extrême­ment divers à la sor­tie de l’X. J’ai aus­si choisi l’X pour sa pluridis­ci­pli­nar­ité ; comme je ne savais pas exacte­ment où m’orienter après la pré­pa, c’est un point fort que de pou­voir choisir une école général­iste et pluridis­ci­plinaire. J’ai bien évidem­ment choisi l’X égale­ment pour sa vie de cam­pus stim­u­lante et ses asso­ci­a­tions nom­breuses et diversifiées.

“Les piliers innovation et technologie de l’Executive Master de l’X m’ont particulièrement séduit, ainsi que la renommée de l’École !”
Fabien

F. : J’avais regardé les dif­férents Exec­u­tive Mas­ters pro­posés par les grandes écoles de com­merce ou de man­age­ment. Ils étaient trop ori­en­tés « com­merce » ou trop spé­cial­isés dans un domaine. Les piliers inno­va­tion et tech­nolo­gie de l’Executive Mas­ter de l’X m’ont par­ti­c­ulière­ment séduit, ain­si que la renom­mée de l’École !

Comment s’est passée la rentrée ? Quelle a été votre première impression de l’X ?

J. : La ren­trée à l’X pour les élèves ingénieurs français est une incor­po­ra­tion mil­i­taire, qui nous apprend les fon­da­men­taux des ques­tions de défense pour l’armée française. La ren­trée académique a eu lieu en avril. La ren­trée mil­i­taire m’a per­mis de vrai­ment décou­vrir les valeurs et les tra­di­tions de l’École, tan­dis que la ren­trée académique nous a plongés dans l’univers sci­en­tifique et pro­fes­sion­nel de l’École, ain­si que dans l’univers asso­ci­atif et dans la vie étu­di­ante à l’X. C’est à ce moment-là que j’ai pu ren­con­tr­er la majorité de la pro­mo, grâce à tout un tas d’activités, au WEI (week-end d’intégration) notam­ment. J’ai aus­si appris à con­naître ma sec­tion sportive (bas­ket), et plein d’autres choses. Le cam­pus est très agréable, mal­gré le bruit des travaux en face de mon casert. 

F. : La ren­trée s’est très bien passée avec la pro­mo­tion 7 de l’Executive Mas­ter. La pre­mière semaine a été dense en enseigne­ments et en ren­con­tres. Ma pre­mière impres­sion de l’X et plus glob­ale­ment du plateau est que c’est un lieu avec une recherche très active, une liai­son avec les entre­pris­es inno­vantes et un vivi­er de chercheurs et de pro­fesseurs de très haut niveau.

Selon vous, qu’est-ce que l’École peut-elle offrir à deux générations différentes en âge et expérience ?

J. : Déjà, elle offre des for­ma­tions et des rela­tions pro­fes­sion­nelles bien dif­férentes, puisque les ambi­tions pro­fes­sion­nelles de cha­cune des « généra­tions » sont dif­férentes. À cha­cune, elle offre des moyens de décou­vrir de nou­veaux domaines, de ren­con­tr­er de nou­velles per­son­nes et de com­pren­dre un peu mieux le monde qui nous entoure. Elle offre des rela­tions pro­fes­sion­nelles et intel­lectuelles extrême­ment enrichissantes. Je pense que j’ai beau­coup appris en dis­cu­tant avec des alum­ni de l’X, ou avec les autres élèves et les pro­fesseurs. L’X est un point de ren­con­tre et c’est cer­taine­ment une des plus grandes offres qu’elle peut faire à tous ses membres.

F. : L’École four­nit, d’un côté, une for­ma­tion ini­tiale pour entr­er dans le milieu pro­fes­sion­nel avec de solides acquis et, de l’autre, un ensem­ble de for­ma­tions sur le man­age­ment, sur l’innovation et sur l’état de l’art de dif­férentes tech­nolo­gies pour rebondir profes­sionnellement, chang­er d’orientation de car­rière, voire créer sa start-up. 

Comment imaginez-vous le futur après Polytechnique ?

J. : Je ne l’imagine pas encore, je sais sim­ple­ment que je souhaite m’engager pour la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique et la préser­va­tion de la bio­di­ver­sité, quelle qu’en soit la forme. L’X nous offre claire­ment l’occasion d’être au cœur de ces com­bats. Je suis mem­bre d’une asso­ci­a­tion de l’Institut Poly­tech­nique de Paris qui organ­ise des ren­con­tres entre étu­di­ants et entre­pris­es engagés pour la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique ; je suis inscrit au Cer­ti­fi­cat de développe­ment durable pro­posé par l’X qui pour­ra éventuelle­ment, je l’espère, me per­me­t­tre effec­tive­ment d’avoir un réel impact à ce sujet. Pour le moment, je ne sais pas encore quelles portes vont s’ouvrir, mais je sup­pose que nom­breuses seront celles qui s’ouvriront à moi et aux autres à l’avenir. 

“Je sais simplement que je souhaite m’engager pour la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité.”
Jolan

F. : Mon objec­tif est de chang­er de poste dans l’année après la fin de l’Executive Mas­ter. Cette for­ma­tion va m’apporter les con­nais­sances et les méth­odes pour me per­me­t­tre de can­di­dater à des posi­tions exéc­u­tives, y com­pris dans un domaine autre que l’aéronautique.

Est-ce que vous échangez ensemble sur vos formations respectives et sur vos découvertes du platâl ?

J. : Bien sûr, on échange beau­coup de choses à pro­pos ce qui se passe sur le platâl, et il apprend le jar­gon poly­tech­ni­cien ! Il sait main­tenant ce qu’est une tan­gente, un casert, un BE (bar d’étage), la FOMO (fear of miss­ing out, la peur de rater quelque chose, une expres­sion qui n’est pas pro­pre aux X) ou un Styx ! On échange aus­si sur ses for­ma­tions, il a voulu me piquer mon poly d’économie quand je lui ai par­lé de ce qu’on appre­nait en cours. Lui, de son côté, me par­le surtout des per­son­nes qu’il ren­con­tre et des pro­fesseurs qui le mar­quent. En tout cas il m’a l’air très investi et pas­sion­né par la for­ma­tion ! Je n’avais aucune idée de ce que pou­vait être l’Executive Edu­ca­tion avant qu’il m’en par­le, et c’est très intéres­sant puisqu’on voit bien que nos for­ma­tions ont très peu de similarités.

F. : Nous échangeons sur les cours ou les pro­fesseurs. Je lui demande à chaque fois s’il aura un enseigne­ment sur les thèmes des cours de l’Executive Mas­ter. En général, ce sont des cours qu’il aura en 2A ou 3A et, pour cer­tains d’entre eux, nous aurons les mêmes pro­fesseurs ! Côté for­ma­tion de Jolan, j’avoue que je ne regarde pas ses cours de physique quan­tique ou de math­é­ma­tiques appliquées, mais je m’intéresse plus aux cours d’économie et à ce qu’il fait en sport et en bas­ket. Je suis d’ailleurs sur­pris du niveau physique atten­du lors de l’arrivée des pre­mières années sur le platâl. Côté jar­gon, j’arrive de mieux en mieux à le com­pren­dre ain­si que la vie du platâl, comme les binets, la khômiss, le Styx. Mais je n’ai pas encore platâlisé dans le casert de Jolan.

Quel est votre regard sur votre parcours père-fils ?

J. : Ce que je trou­ve impres­sion­nant à son pro­pos, c’est qu’il me donne l’impression de s’être tou­jours don­né les moyens pour pro­gress­er pro­fes­sion­nelle­ment. Il est très investi, c’est quelqu’un de pas­sion­né et désireux d’apprendre.

F. : J’éprouve une très grande fierté pour son par­cours sco­laire depuis les class­es pré­para­toires jusqu’à son inté­gra­tion à l’X. Avec son engage­ment dans la tran­si­tion écologique et la for­ma­tion à l’X, je sais qu’il a tout pour réus­sir et s’épanouir dans sa future vie professionnelle. 

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