Pascale Sourisse (1981)

Dossier : Femmes de polytechniqueMagazine N°000 Janvier 1900Par Solveig GODELUCK

De l’importance d’être con­stant. Depuis ce jour où Pas­cale Sourisse a décou­vert l’armée, en faisant son ser­vice mil­i­taire à l’X, elle n’a pour ain­si dire pas dévié de sa route. Trente et un ans plus tard, elle dirige Thales Ser­vices (sous-trai­tance infor­ma­tique) et Thales Com­mu­ni­ca­tions & Secu­ri­ty, une entre­prise qui pro­pose des sys­tèmes de com­mu­ni­ca­tions sécurisés pour les mil­i­taires et des solu­tions infor­ma­tisées pour pro­téger les civils dans les trans­ports en com­mun (entre autres). Les trans­mis­sions, tou­jours les trans­mis­sions. « En 1981, j’ai choisi cette arme parce que je voulais un vrai poste opéra­tionnel, en rég­i­ment. Les femmes n’avaient pas encore le droit d’accéder à toutes les armes, et le risque était de rester enfer­mée dans un bureau », souligne la dirigeante au regard volontaire.

Être à l’écoute

C’est sûr, la Nan­taise d’origine aurait aimé aller dans la marine. Ayant appris dès l’enfance à nav­iguer sur le bateau famil­ial, elle peut être le cap­i­taine d’un 15 mètres. Mais à l’époque, dans l’armée, les femmes n’embarquaient pas. Les trans­mis­sions lui ont au con­traire per­mis de voy­ager puisqu’elle a été affec­tée dans le Paci­fique, en Polynésie française, non loin des essais nucléaires. À dix-neuf ans, la jeunette a égale­ment fait une autre expéri­ence fon­da­trice : elle s’est décou­vert une pas­sion pour la ges­tion des hommes. « Mon année de ser­vice mil­i­taire a été un enseigne­ment con­sid­érable en ter­mes de man­age­ment », souligne Pas­cale Sourisse. « Il y avait sous mes ordres des per­son­nes très expéri­men­tées. J’ai com­pris qu’il faut être à l’écoute, et non dire aux gens ce qu’ils doivent faire quand ils le savent à l’évidence. Je leur ai égale­ment apporté des choses, car mes études étaient encore toutes fraîches. »

Elle ter­mine son ser­vice avec une con­vic­tion. Une femme peut par­faite­ment diriger une organ­i­sa­tion, au même titre qu’un homme. C’est un pli à pren­dre, une habi­tude à insuf­fler au col­lec­tif – en com­mençant bien sûr par démon­tr­er ses com­pé­tences. Pas­cale Sourisse con­fie n’avoir jamais ren­con­tré de dif­fi­cultés à s’imposer, dès son pre­mier emploi, chez France Tele­com, avec qua­tre cents per­son­nes à gér­er. De la même façon, elle se fait une place au sein des activ­ités spa­tiales d’Alcatel, qu’elle a dirigées depuis 2001 au gré des trans­for­ma­tions et fusions suc­ces­sives. La fil­iale ayant été rachetée par Thales, elle passe en 2008 du spa­tial aux sys­tèmes de com­mu­ni­ca­tions. Mais c’est tou­jours elle qui tient le manche. Et elle emmène avec elle près de onze mille salariés aujourd’hui, pour 1,8 mil­liard d’euros de chiffre d’affaires en 2010.

Une touche de diversité

Même si elle s’est habituée à être envi­ron­née de dirigeants mas­culins, Pas­cale Sourisse aimerait que plus de femmes soient can­di­dates à des postes haut placés dans son groupe, car cela « apporte une touche de diver­sité impor­tante ». Atten­tion, cela ne va pas chang­er rad­i­cale­ment la vie des entre­pris­es ou leur stratégie : « Je ne crois pas au mythe des hommes qui ont tel style de man­age­ment, alors que les femmes adoptent tel autre style », rel­a­tivise-t-elle. De même, c’est un leurre de penser qu’il suf­fit d’aménager les horaires pour que les femmes accè­dent à ces postes. En effet, cela ne résoud pas le prob­lème des nom­breux déplace­ments à l’étranger, par exemple.

Sa solu­tion à elle pour ne pas pass­er à côté de la vie de famille ? « Il faut vivre à deux cents à l’heure. Rechercher l’efficacité en per­ma­nence. » Le week-end, la maman rat­trape le temps volé en super­visant les devoirs de son fils de dix ans pour toute la semaine à venir. Quand on est soi-même la fille de deux médecins réputés, Bernard et Simone Dixneuf, on sait quels efforts il en coûte pour men­er de front ces deux vies. Quand la pres­sion est trop forte, Pas­cale Sourisse s’assied à son piano, et joue. On n’imagine pas tout ce que la musique peut transmettre.

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