L'équipe d'Ovrsea

OVRSEA Une alternative numérique pour le transport international

Dossier : TrajectoiresMagazine N°746 Juin 2019
Par Hervé KABLA (84)

Antoine Sauvage (2012) est cofon­da­teur et directeur tech­nique d’Ovrsea, un com­mis­sion­naire de trans­port qui pro­pose une alter­na­tive numérique pour le trans­port inter­na­tion­al. Ovrsea apporte sim­plic­ité, fia­bil­ité et trans­parence dans la ges­tion des trans­ports mar­itimes grâce à la technologie.

Antoine Sauvage (2012) cofon­da­teur et directeur tech­nique d’Ovrsea

Quelle est l’activité d’Ovrsea ?

Nous organ­isons le trans­port de marchan­dis­es de nos clients qui sont des entre­pris­es expor­ta­tri­ces ou impor­ta­tri­ces. Cela s’apparente à une agence de voy­ages pour marchan­dis­es : camion au départ, pas­sage des douanes, réser­va­tion du bateau ou de l’avion, douanes à l’arrivée, assur­ances, posta­chem­ine­ment, c’est une presta­tion tout en un pour les clients. Notre spé­ci­ficité est de pro­pos­er en plus un ser­vice numérique qui donne de la vis­i­bil­ité, sim­pli­fie les process et fait gag­n­er énor­mé­ment de temps à nos clients. Suivi, report­ing, inter­ac­tiv­ité…, nous avons fait ren­tr­er la tech­nolo­gie dans un secteur vieux comme le commerce.

Comment t’est venue l’idée ?

C’est celle de trois des fon­da­teurs issus d’HEC qui ont analysé le marché et maturé l’idée pen­dant leur dernière année de mas­ter. Nous nous sommes ren­con­trés alors que je cher­chais un pro­jet pen­dant ma qua­trième année. Ils avaient déjà mod­i­fié leur pro­jet une pre­mière fois, leur vision était déjà très claire à ce moment-là.

Quel est le parcours des fondateurs ?

3 HEC, un Supélec, un X, tous fraîche­ment sor­tis d’école. Des stages assez var­iés : banque, con­seil, audit, indus­trie, start-up…, pas vrai­ment de pro­fil type qui se dégage, à part l’envie de fuir les gross­es struc­tures, la volon­té d’innover sur un marché majeur et une grande com­plé­men­tar­ité. Notre spé­ci­ficité, c’est peut-être que nous sommes jeunes et nous sommes cinq. On ne le regrette pas une minute, vu l’ambition du projet !

Qui sont les concurrents ?

En France, ce seraient les opéra­teurs tra­di­tion­nels (Bol­loré, Geo­dis…). Mais notre ser­vice est telle­ment dif­féren­cié que nous ne sommes pas vrai­ment en con­cur­rence. Étant seuls à pro­pos­er ce que nous faisons, nous nous bat­tons con­tre les habi­tudes. À l’international, le marché est telle­ment gigan­tesque que l’on ne s’est encore jamais retrou­vé face à des con­cur­rents comme Flex­port – qui vient de lever 1 mil­liard de dollars.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?

Le pro­jet a débuté à plein temps pour les cinq fon­da­teurs en juin 2017 et trois mois plus tard, nous avons obtenu les pre­mières autori­sa­tions, réal­isé un pre­mier micro­tour de finance­ment en BSA AIR (bon de souscrip­tion d’actions avec accord d’investissement rapi­de). En octo­bre 2017, nous avons rejoint l’incubateur HEC à Sta­tion F et recruté un pre­mier stagiaire.

En jan­vi­er 2018, la pre­mière expédi­tion (ship­ment), suiv­ie du pre­mier CDI en mai 2018. Un pre­mier tour de finance­ment en mode seed, à hau­teur d’1,9 mil­lion d’euros. Aujourd’hui, nous sommes 15 et prévoyons de dou­bler la taille de l’équipe d’ici fin 2019.

Peux-tu nous raconter l’histoire du Cabinet start-up à l’X ?

Jacques Biot arrivait, il n’y avait alors aucune cul­ture start-up chez les élèves, mais on en sen­tait les prémices. Le but était d’avoir un pen­dant start-up aux autres binets « pro » : X‑forum et Duo Con­seil par exem­ple. Et nous voulions créer un accélérateur.

Nous avons com­mencé par un start-up week­end, un énorme pro­jet à notre échelle. 150 par­tic­i­pants, un week-end com­plet, à par­tir d’une feuille blanche, à Palaiseau…, une aven­ture entre­pre­neuri­ale en soi. Ça a per­mis de réelle­ment lancer le CSU (Cab­i­net start-up), et nous en sommes assez fiers. Depuis, de nom­breux mem­bres du binet et par­tic­i­pants à ce pre­mier week-end baig­nent dans le milieu des start-up.

Par la suite, l’administration a décidé de créer elle-même un incu­ba­teur. Le CSU a de son côté mon­té un salon, en plus des start-up week­ends. Entre-temps, comme tous les binets, nous avons passé la main.

La culture start-up est-elle en train de se diffuser dans les grandes écoles ?

Oui, mas­sive­ment et l’ampleur du mou­ve­ment est incroy­able. Asso­ci­a­tions, mas­ters, stages, la fron­tière entre les start-up et les écoles n’existe plus. Et c’est nor­mal, les start-up sont les seules entre­pris­es à pou­voir accueil­lir des étu­di­ants dans leurs rangs avant même la fin de leurs études, à leur faire con­fi­ance et à prof­iter vrai­ment de leur dynamisme. Il n’y a que dans une start-up qu’un stage peut avoir un réel impact.

Le transport international était-il jusque-là le parent pauvre du numérique ?

Le seul par­ent pau­vre, peut-être pas, mais avec vingt ans de retard, oui ! Que de temps per­du en coups de télé­phone, e‑mails, fax, en recopie per­ma­nente d’informations d’un for­mu­laire à l’autre, d’un e‑mail à un for­mu­laire, etc. Notre tech­nolo­gie nous per­met donc de nous con­cen­tr­er sur ce qui fait la valeur du com­mis­sion­naire : con­seiller, gér­er les prob­lèmes et négoci­er au nom de nos clients, plutôt que de se per­dre dans des tâch­es admin­is­tra­tives sans fin.

Verra-t-on l’avènement du transport maritime autonome ?

Il faut deman­der à nos col­lègues de chez Shone ! Comme dans la plu­part des secteurs, on peut penser que ce sera pro­gres­sif : les tâch­es à faible valeur ajoutée les pre­mières, etc. Mais per­son­ne à bord, pas pour tout de suite !

En revanche, dans les ports, c’est une autre his­toire : le port de Shang­hai est qua­si tout automa­tique par exem­ple. C’est une excel­lente nou­velle pour la qual­ité des don­nées et la vis­i­bil­ité qui en découle.

Quels conseils donnerais-tu aux X qui voudraient lancer une start-up ?

Même dans l’entrepreneuriat, le diplôme de l’X a une valeur. L’exemple de Mark Zucker­berg, qui a aban­don­né ses études, n’est pas bon : mieux vaut un très beau par­cours académique et des bonnes expéri­ences quand on lève des fonds.

Il faut s’efforcer de dis­tinguer l’entêtement de la vision : quand on lance une start-up, la plu­part des retours sont mit­igés, beau­coup insis­tent sur le risque, ce qui ne fonc­tion­nera pas, etc. Il faut en tenir compte et garder le cap en même temps. En tant qu’X, lorsque c’est pos­si­ble, il faut essay­er d’arbitrer grâce à nos capac­ités analytiques.

Et enfin, faire preuve d’humilité : il y a plein de qual­ités que nous n’avons pas en tant qu’X. S’associer c’est faire (vrai­ment) con­fi­ance aux autres : penser sincère­ment qu’ils fer­ont mieux et pren­dront de meilleures déci­sions dans leurs domaines de com­pé­tence. Je ne compte plus le nom­bre de (très) mau­vais­es déci­sions que j’aurais pris­es si je n’avais pas fait con­fi­ance à mes cofondateurs.

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