Le pionnier de la télésurveillance ophtalmologique en France

En France, Tilak Heal­th­care se posi­tionne aujourd’hui comme le pion­nier de la télé­sur­veillance de la vision grâce à sa pla­te­forme inno­vante, Ody­Sight®, qui trans­forme le par­cours de soin des per­sonnes atteintes de patho­lo­gies ocu­laires chro­niques. Édouard Gas­ser, cofon­da­teur de la start-up, nous en dit plus. 

Tilak Healthcare développe une thérapie numérique pour suivre les maladies chroniques des yeux à domicile. Quelle est l’origine de cette idée ?  

J’ai cofon­dé Tilak Heal­th­care en 2016 après 8 ans chez Game­loft, en m’associant au pro­fes­seur José-Alain Sahel, fon­da­teur de l’Institut de la Vision et direc­teur du dépar­te­ment d’ophtalmologie de la Facul­té de Méde­cine de Pitts­burgh aux États-Unis. Il est le pion­nier dans la recherche sur les rétines arti­fi­cielles et mon­dia­le­ment recon­nu par la com­mu­nau­té scien­ti­fique pour son exper­tise sur la vision cen­trale res­pon­sable de la vision pré­cise, et donc néces­saire à la lec­ture ou à l’identification des visages par exemple. A l’époque, il sou­hai­tait déve­lop­per une solu­tion digi­tale per­met­tant de suivre à dis­tance les patients atteints de mala­dies chro­niques des yeux liées à l’âge en met­tant à pro­fit le temps que les patients pou­vaient pas­ser à jouer à des jeux comme « can­dy crush ».

Le gaming semble faire partie de votre ADN. Pouvez-vous nous préciser votre positionnement ?  

Mon expé­rience dans le monde du jeu vidéo com­bi­née à l’expertise médi­cale du Pr Sahel a per­mis de déve­lop­per l’application mobile Ody­Sight^®. Concrè­te­ment, la solu­tion capi­ta­lise sur la dimen­sion ludique du jeu vidéo pour aug­men­ter l’engagement des patients, c’est-à-dire la régu­la­ri­té de leur sui­vi médi­cal et leur fidé­li­sa­tion sur le long terme. C’est essen­tiel dans le sui­vi de mala­dies chro­niques dégé­né­res­centes comme la DMLA puisqu’on peut vivre avec toute sa vie. Le patient a des rap­pels quo­ti­diens dans l’application pour tes­ter sa vue, et il est récom­pen­sé après chaque test grâce à des cré­dits qui lui ouvrent l’accès à des puzzles.

Tou­te­fois, Ody­Sight^® est bien plus qu’un outil digi­tal pour les patients : c’est une pla­te­forme de ser­vices à part entière qui per­met aux méde­cins de digi­ta­li­ser leurs pra­tiques et de mieux suivre leurs patients à dis­tance. En pro­po­sant aux patients des tests médi­caux fiables inté­grés dans une expé­rience glo­ba­le­ment agréable et en ren­for­çant le lien avec les méde­cins, Tilak Heal­th­care se posi­tionne ain­si comme l’acteur Fran­çais pion­nier sur la scène inter­na­tio­nale de l’ophtalmologie digi­tale et contri­bue à l’optimisation des prises en charge.

À quelles technologies vos solutions et thérapies numériques sont-elles adossées ? 

Le mobile et les don­nées : Les pla­te­formes mobiles ont contri­bué à démo­cra­ti­ser les jeux vidéo. À par­tir de là, et parce que nous avons tous un smart­phone, il était évident qu’une pla­te­forme telle qu’OdySight^® per­met­trait de tou­cher un plus grand nombre de malades, d’optimiser leurs par­cours de soins et de sécu­ri­ser l’adhésion des utilisateurs/patients. Au-delà, la pla­te­forme a aus­si voca­tion à cap­ter les don­nées qui per­met­tront aux méde­cins de faire le sui­vi de la vision à dis­tance. Concrè­te­ment, nous avons déve­lop­pé une appli­ca­tion que les patients télé­chargent et uti­lisent sur leur smart­phone et une pla­te­forme qui per­met aux méde­cins, depuis leurs ordi­na­teurs, de suivre l’évolution de la vision de leurs patients.

Une intel­li­gence algo­rith­mique : Ody­Sight^® s’appuie sur un algo­rithme puis­sant qui ali­mente un sys­tème d’alerte per­met­tant de pré­ve­nir en temps réel le méde­cin en cas de baisse d’acuité visuelle du patient.  

L’accessibilité est éga­le­ment pri­mor­diale. Aujourd’hui, notre appli­ca­tion est com­pa­tible avec plus de 3 000 télé­phones, ce qui nous per­met de cou­vrir envi­ron 80 % du mar­ché. Quand on adresse un pro­blème de san­té publique de cette enver­gure, les mala­dies chro­niques des yeux liées à l’âge, l’interopérabilité et la com­pa­ti­bi­li­té de notre solu­tion avec le plus grand nombre de télé­phones sont stra­té­giques et indis­pen­sables. Ce volet est tout aus­si impor­tant que l’innovation tech­no­lo­gique, car c’est ce qui garan­tit de pou­voir atteindre le plus de patients, et notam­ment les malades les plus âgés, qui ne dis­posent pas for­cé­ment de smart­phone de der­nière géné­ra­tion.  

Les bre­vets : Enfin, Ody­Sight^® s’appuie sur deux tech­no­lo­gies bre­ve­tées qui assurent la repro­duc­ti­bi­li­té des tests médi­caux. En effet, la solu­tion véri­fie la dis­tance entre le visage du patient et son écran pour garan­tir les 40cm néces­saires à la mesure de l’acuité visuelle de près, et pré­vient le patient si la lumi­no­si­té ambiante est inadaptée.

C’est en ver­tu de tous ces élé­ments que la pro­po­si­tion de valeur d’OdySight^® est unique par rap­port à ce qui se fait dans l’écosystème de l’ophtalmologie digitale.

Revenons à Odysight qui est la première plateforme développée par Tilak Healthcare. Comment contribue-t-elle à améliorer le suivi des patients et le parcours de soin ? 

Les macu­lo­pa­thies chro­niques touchent 215 mil­lions de per­sonnes dans le monde et sont la pre­mière cause de céci­té. Par­mi ces per­sonnes 56 mil­lions sont trai­tées par des injec­tions anti-VEGJ intra-vitréennes per­met­tant de frei­ner la pro­gres­sion de la mala­die. Ces piqures dans l’œil sont d’autant plus effi­caces qu’elles sont faites au plus proche des symp­tômes. Or avant Ody­Sight^®, il n’existait pas de solu­tion per­met­tant aux patients et méde­cins de suivre faci­le­ment et régu­liè­re­ment l’évolution de la mala­die en dehors des consul­ta­tions. Ody­Sight^® s’adresse à toutes les per­sonnes pou­vant béné­fi­cier d’un sui­vi régu­lier comme les patients atteints de DMLA, réti­no­pa­thie dia­bé­tique, œdèmes macu­laires ou myo­pie forte, et per­met d’alerter en temps réel le méde­cin et le patient quand il y a un chan­ge­ment dans l’acuité visuelle. Cela per­met d’intervenir rapi­de­ment avec un trai­te­ment, mais aus­si d’éviter les phé­no­mènes de sur-injec­tion ou de sous-injec­tion qui repré­sentent des coûts impor­tants pour la socié­té. Enfin, pour ces patho­lo­gies chro­niques, le sui­vi de long cours est une étape clef du par­cours de soin qui est encore trop négli­gée. Ody­Sight^® a pour mis­sion de com­bler ce manque en met­tant tout en œuvre pour enga­ger le patient et le fidé­li­ser : rap­pels quo­ti­diens, approche per­son­na­li­sée du trai­te­ment, gami­fi­ca­tion, lien avec le méde­cin entre autres. Côté gaming, les patients sont récom­pen­sés à chaque fois qu’ils font un test médi­cal en déblo­quant l’accès à une cen­taine de puzzles intel­li­gents de dif­fi­cul­té crois­sante et conçus par des experts de jeu vidéo. Bien sûr, les puzzles res­tent facul­ta­tifs mais on constate que les patients qui jouent se testent plus assi­du­ment et res­tent plus long­temps. Ils repré­sentent plus de la moi­tié des patients Ody­Sight^®, soit plu­sieurs mil­liers de per­sonnes en France avec une moyenne d’âge de 72 ans !

En parallèle, votre étude clinique a été validée. Dans cette continuité, quelles sont les prochaines étapes pour Tilak Healthcare ? 

Nous avions réa­li­sé une pre­mière étude d’ensemble (TIL-001) pour démon­trer l’équivalence des résul­tats entre notre solu­tion et les méthodes oph­tal­mo­lo­giques stan­dards. Les résul­tats de notre seconde étude (TIL-002) démontrent, quant à eux, la per­ti­nence d’OdySight^® comme outil de mesure de l’acuité visuelle par les patients en auto­no­mie à domi­cile, puisque les résul­tats sont com­pa­rables à ce qu’on obtient en cabi­net avec des méthodes stan­dards (ETDRS).  

Dans le cadre de notre pro­chaine étude, l’enjeu sera de démon­trer l’impact sur le par­cours de soins ain­si que la fia­bi­li­té des alertes pour les injec­tions. 

Par ailleurs, OdySight® est pris en charge par la Sécurité Sociale dans le cadre d’une expérimentation Article 51. Comment vous positionnez-vous par rapport à la question du remboursement ? 

Notre solu­tion (dis­po­si­tif médi­cal CE depuis 2018) a été pres­crite à plus de 15 000 patients et tous les jours, de nou­veaux oph­tal­mo­logues changent leurs pra­tiques en inté­grant le sui­vi digi­tal de la vision à domi­cile grâce à Ody­Sight^®.

Depuis mai 2022 et jusqu’en mai 2024, nous béné­fi­cions d’un rem­bour­se­ment tem­po­raire dans le cadre d’un dis­po­si­tif expé­ri­men­tal du minis­tère de la san­té qui nous per­met de véri­fier l’impact orga­ni­sa­tion­nel entraî­né par une solu­tion comme Ody­Sight^®. En paral­lèle, nous nous pré­pa­rons à dépo­ser un dos­sier de rem­bour­se­ment dans le cadre de la télé­sur­veillance de droit com­mun pour être les pre­miers à béné­fi­cier d’un rem­bour­se­ment dans le domaine de l’ophtalmologie en Europe (la France étant le pre­mier pays à rem­bour­ser la télé­sur­veillance). Nous sommes d’ores et déjà en dis­cus­sion avec les auto­ri­tés publiques avec pour objec­tif un dépôt de dos­sier été 2024. 

Grâce à l’Article 51, nous avons pu appré­cier le très fort poten­tiel d’adoption de notre solu­tion avec 1 oph­tal­mo­lo­giste sur 7 en France déjà conquis, et nous avons hâte de fran­chir un nou­veau cap avec la prise en charge pérenne par la sécu­ri­té sociale au deuxième semestre 2024.

Vous êtes également mobilisés par votre déploiement à l’international, notamment aux États-Unis. Qu’en est-il ? Quels sont les autres chantiers qui vous mobilisent ? 

Nous avons levé 22 mil­lions d’euros à date, dont 10 mil­lions lors de notre der­nier tour été 2023, afin d’avancer sur trois axes : ren­for­cer notre posi­tion­ne­ment de lea­der du sui­vi de la vision à domi­cile en France ; déployer Ody­Sight^® à l’international avec un focus sur l’Allemagne et les États-Unis, où les modèles de rem­bour­se­ment sont rela­ti­ve­ment avan­cés et où il y a une volon­té poli­tique de ren­for­cer la place du digi­tal dans les par­cours de soins ; posi­tion­ner Ody­Sight^® comme une pla­te­forme de sui­vi pour toutes les mala­dies ocu­laires. Au-delà de la DMLA et des mala­dies chro­niques des yeux liées à l’âge, nous sou­hai­tons cou­vrir de nou­velles patho­lo­gies oph­tal­mo­lo­giques, comme la myo­pie ou le glau­come d’ici 2025, en capi­ta­li­sant sur le socle tech­no­lo­gique et tech­nique de notre pla­te­forme de sui­vi. 

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