Construire aujourd’hui les systèmes de santé plus durables et inclusifs de demain

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°793 Mars 2024
Par Nienke FEENSTRA

Nienke Feens­tra, pré­si­dente de Take­da France, revient sur le posi­tion­ne­ment et la pré­sence de son entre­prise en France. Elle nous en dit éga­le­ment plus sur la vision du groupe : contri­buer à déve­lop­per des sys­tèmes de san­té plus effi­cients, durables et inclu­sifs en com­bi­nant les médi­ca­ments à des inno­va­tions numé­riques au ser­vice des pro­fes­sion­nels de san­té et des patients. Explications.

Dans le monde pharmaceutique, qu’est ce que Takeda ? 

Take­da est une socié­té japo­naise qui a vu le jour il y a 243 ans. C’est ain­si une des plus anciennes socié­tés du monde phar­ma­ceu­tique. En paral­lèle, Take­da est pré­sent en France depuis plus d’une qua­ran­taine d’années.

Take­da est une socié­té bio-phar­ma­ceu­tique et digi­tale qui a un por­te­feuille très riche dans plu­sieurs aires thé­ra­peu­tiques majeures en matière de san­té publique : les mala­dies rares, la gas­tro-enté­ro­lo­gie, les neu­ros­ciences, l’oncologie et l’hématologie, mais aus­si des pro­duits déri­vés du plasma. 

Depuis tou­jours, notre déve­lop­pe­ment est gui­dé par quatre dimen­sions com­plé­men­taires : être au ser­vice des patients, ren­for­cer notre cré­di­bi­li­té et la confiance de notre éco­sys­tème et de nos par­ties pre­nantes, et, bien évi­dem­ment, déve­lop­per notre acti­vi­té. Ces trois condi­tions doivent être toutes réunies pour prendre une déci­sion avec notre sys­tème de valeurs. Cette phi­lo­so­phie nous per­met d’apporter une contri­bu­tion concrète à la san­té durable sur tous les ter­ri­toires où nous opérons. 

Take­da est aus­si for­te­ment tour­né vers l’innovation. Notre lon­gé­vi­té en est d’ailleurs la meilleure illus­tra­tion ! Au-delà de l’innovation thé­ra­peu­tique, nous explo­rons diverses pistes afin de nous assu­rer que le patient ait tou­jours accès à la meilleure prise en charge. Nous nous inté­res­sons ain­si au numé­rique en san­té, aux solu­tions de diag­nos­tic et accor­dons une atten­tion plus mar­quée à l’éducation des pro­fes­sion­nels de san­té et des patients… 

Vous avez pris la direction de la filiale française en octobre dernier. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prise de poste et les grandes lignes de votre feuille de route ?

J’ai rejoint Take­da dès l’été der­nier pour une pre­mière période de tran­si­tion et d’acculturation. Dès mon arri­vée, j’ai pu voir concrè­te­ment à quel point en France Take­da est bien une socié­té qui mise sur l’innovation au ser­vice du sys­tème de san­té, mais aus­si à quel point elle est com­plè­te­ment ouverte sur son éco­sys­tème et en lien fort avec ces dif­fé­rentes par­ties prenantes. 

En col­la­bo­ra­tion avec le Comi­té de direc­tion, nous avons défi­ni les grandes orien­ta­tions stra­té­giques afin d’être en mesure d’offrir des trai­te­ments à forte valeur ajou­tée, mais aus­si des ser­vices com­plé­men­taires pour les pro­fes­sion­nels de san­té et les patients. Notre objec­tif est véri­ta­ble­ment de contri­buer à la valo­ri­sa­tion de l’ensemble de cette chaîne de valeur au ser­vice d’une san­té plus effi­ciente et durable. 

En France, nous vou­lons contri­buer à la mise en place d’un « value-based heal­th­care sys­tem » afin de garan­tir cette créa­tion de valeur. Pour ce faire, nous nous concen­trons sur trois piliers qui sont au cœur de notre feuille de route : la valo­ri­sa­tion de la don­née de san­té, l’amélioration du par­cours de soins dans nos dif­fé­rentes aires thé­ra­peu­tiques, et, enfin, la capa­ci­té à appor­ter le bon pro­duit, au bon moment et au bon patient.

En paral­lèle, nous nous sommes aus­si dotés d’une poli­tique RSE avec de très fortes ambi­tions en matière de décar­bo­na­tion ou encore de réduc­tion de notre empreinte écologique. 

En France, quels sont les chantiers et enjeux qui mobilisent Takeda ?

Nous sommes un acteur his­to­rique dans le domaine de la gas­tro-enté­ro­lo­gie, qui est une aire thé­ra­peu­tique très large. Dans notre por­te­feuille, nous dis­po­sons de plu­sieurs trai­te­ments, dont un inhi­bi­teur d’une pro­téine spé­ci­fique du tube diges­tif pour la mala­die de Crohn, ou encore une thé­ra­pie for­mu­lée à base de cel­lules souches, pour les patients qui souffrent de fis­tule péria­nale, une des com­pli­ca­tions graves et inva­li­dantes de la mala­die de Crohn. Cette thé­ra­pie cel­lu­laire a rem­por­té le Prix Galien de l’innovation phar­ma­ceu­tique en 2021. Nous pro­po­sons éga­le­ment une solu­tion thé­ra­peu­tique qui a trans­for­mé la vie de nom­breuses per­sonnes atteintes du syn­drome de grêle court. Avec l’ensemble de nos trai­te­ments sur ces mala­dies qui ont un impact signi­fi­ca­tif sur la vie quo­ti­dienne des patients, notre objec­tif est de leur per­mettre de vivre le plus nor­ma­le­ment pos­sible mal­gré leur maladie. 

Notre second enga­ge­ment est dans la prise en charge des mala­dies rares avec his­to­ri­que­ment la mala­die de Hun­ter, la mala­die de Gau­cher, la mala­die de Fabry, les défi­cits immu­ni­taires, l’hémophilie… et tou­jours l’ambition d’accélérer, lorsque c’est pos­sible, l’accès des patients à nos inno­va­tions, via le dis­po­si­tif unique en France de l’accès pré­coce. C’est le cas aujourd’hui pour notre pro­duit des­ti­né aux patients ayant contrac­té une infec­tion à CMVà la suite d’une trans­plan­ta­tion de moëlle ou d’organe solide et qui sont donc expo­sés à un risque d’épisode infec­tieux majeur pou­vant mena­cer la vie du gref­fon. Nous avons été pré­cur­seurs aus­si pour un accès rapide au pre­mier trai­te­ment par anti­corps mono­clo­nal de l’angioœdème héré­di­taire (AOH) qui pro­voque des gon­fle­ments de dif­fé­rents organes ou zones du corps. 

L’AOH peut dans cer­tains cas être mor­tel, notam­ment quand c’est le larynx qui gonfle, les patients ne pou­vant plus res­pi­rer cor­rec­te­ment. Ce trai­te­ment trans­forme véri­ta­ble­ment la vie des per­sonnes souf­frant de cette mala­die et dont les symp­tômes et les crises peuvent être déclen­chées par des émo­tions fortes.

Take­da a éga­le­ment un pôle de taille signi­fi­ca­tive dédié à l’oncologie qui s’intéresse notam­ment au can­cer du pou­mon, du clon, les lym­phomes et le myé­lome multiple.

En matière de R&D, quels sont les sujets qui vous mobilisent ?

Au-delà de nos aires thé­ra­peu­tiques de pré­di­lec­tion, nous avons aus­si une forte acti­vi­té de R&D dans les neu­ros­ciences. C’est un pôle très déve­lop­pé à l’échelle mon­diale, mais qui n’est pas encore déployé en France, même si le pays est connu pour son rôle majeur à ce niveau. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, nous avons des pro­duits en déve­lop­pe­ment pour la nar­co­lep­sie. D’ailleurs, le plus grand centre mon­dial dédié à la nar­co­lep­sie est situé dans l’Hexagone. Nous avons aus­si un pro­duit en déve­lop­pe­ment pour trai­ter des formes rares d’épilepsie.

Take­da a éga­le­ment une acti­vi­té en matière de vac­cins. Nous avons récem­ment obte­nu une auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché d’un vac­cin contre la dengue. Ce der­nier, dans l’attente de recom­man­da­tions vac­ci­nales par les auto­ri­tés de san­té, n’est pas encore dis­po­nible en France, et avec le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et les échanges régu­liers qui existent entre la l’Hexagone et ses ter­ri­toires d’Outre-mer, c’est une ques­tion de san­té publique qui peut se poser à court, moyen et long terme. Enfin, Take­da mène aus­si des études épi­dé­mio­lo­giques et déve­lop­pe­ments de nou­veaux pro­duits déri­vés du plasma. 

En paral­lèle de la R&D, nous avons des tra­vaux en cours autour de la notion de « Tar­ge­ted Digi­tal Patient Pro­file ». Aujourd’hui, tout le sec­teur est conscient que, sur le court terme, les tech­no­lo­gies du numé­rique vont com­plè­te­ment révo­lu­tion­ner le diag­nos­tic ou encore le sui­vi des patients. Il s’agit aujourd’hui de déve­lop­per des solu­tions numé­riques qui sont com­plé­men­taires à la dimen­sion thé­ra­peu­tique et de les inté­grer au niveau de la R&D. En effet, pour aller vers une san­té plus durable, le numé­rique a plus que jamais un rôle clé à jouer. 

Dans un secteur fortement disrupté par les nouvelles technologies et le développement de la HealthTech et de la BioTech, quels sont vos enjeux et perspectives ?

Take­da pri­vi­lé­gie une démarche glo­bale et trans­ver­sale qui couvre la R&D et la recherche tra­di­tion­nelle ain­si que l’innovation numé­rique au ser­vice du sys­tème de san­té. Si le médi­ca­ment reste notre cœur de métier, le numé­rique nous donne les moyens d’apporter une valeur ajou­tée nou­velle. Et pour ce faire, la notion de par­te­na­riat est stra­té­gique et notam­ment les par­te­na­riats publics/privés. Nous sommes com­plè­te­ment ouverts sur notre éco­sys­tème et sommes membres des prin­ci­pales orga­ni­sa­tions du sec­teur comme le LEEM, France Bio­tech… Le sys­tème de san­té de demain se construit aujourd’hui et il est impor­tant d’anticiper ces évo­lu­tions et d’identifier d’ores et déjà les bons par­te­naires pour contri­buer à une san­té plus effi­ciente, durable et inclusive.


Tous rares, initiative TakedaFin 2023, Take­da a réuni 80 per­sonnes, dont 30 par­ties pre­nantes externes, pour créer « Tous Rares », un e‑magazine dédié aux mala­dies rares, com­po­sé de plus de 120 conte­nus exclu­sifs et 10 recom­man­da­tions pour faire bou­ger les lignes dans les mala­dies rares.


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