Traitement d'une prise de sang

Novagray : un test sanguin permettant de personnaliser la radiothérapie

Dossier : Dossier FFEMagazine N°726 Juin/Juillet 2017

Anci­enne élève de l’ESTP (Paris) et d’HEC Entre­pre­neurs, Clé­mence Franc a tou­jours voué une pas­sion au secteur médical.

UNE ENTREPRISE SOUS LES FEUX DE LA RAMPE !

Start-up fondée fin 2015, après plus de 10 années de recherche à l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM), NovaGray développe et commercialise les premiers tests permettant d’identifier, avant la radiothérapie et via une simple prise de sang, les patients à risque de développer des effets secondaires lourds.
La société développe des tests pour les cancers du sein, de la prostate et du poumon. Son premier test pour le cancer du sein, NovaGray Breast®, a été validé fin 2015 sur plus de 500 patientes, a obtenu le marquage CE en 2016 et est en cours de commercialisation en Europe.

« En par­al­lèle de mes études, j’ai dévelop­pé un pro­jet de start-up avec des chercheurs de l’Institut Gus­tave Roussy (IGR), un des pre­miers cen­tres de lutte con­tre le can­cer en Europe », con­fie-t-elle. « J’étais déjà dans le domaine de la radiothérapie ».

Après cette pre­mière expéri­ence, Clé­mence Franc ren­con­tre en août 2014 le Pro­fesseur Azria, onco­logue radio­thérapeute et respon­s­able du pôle de radio­thérapie oncologique de l’Institut du can­cer de Mont­pel­li­er (ICM).

« Il tra­vail­lait sur le développe­ment d‘un test pré­dic­tif de sen­si­bil­ité à la radio­thérapie basé sur une prise de sang. Une tech­nolo­gie très inno­vante puisqu’il n’existait aucun test équiv­a­lent disponible », confie-t-elle.

DIX ANS DE RECHERCHES ET DE VALIDATION

Entre le chercheur et la jeune ingénieure le courant passe vite. « J’ai analysé son pro­jet pen­dant plusieurs mois », se sou­vient-elle. « Nous avons com­mencé à tra­vailler ensem­ble en févri­er 2015 puis avons créé la société en octo­bre 2015. »

UNE ANALYSE DE SANG PERMET DÉSORMAIS DE PRÉDIRE LE RISQUE DE SÉQUELLES DES PATIENTS TRAITÉS PAR RADIOTHÉRAPIE.

La val­i­da­tion du test pour le can­cer du sein est obtenue fin 2015, au terme d’un essai clin­ique mené dans 10 cen­tres français et financé par l’Institut Nation­al du Can­cer (INCa). Puis suiv­ent l’obtention du mar­quage CE, le dépôt d’un nou­veau brevet et les pre­miers tests réal­isés pour des patientes en 2016.

Les recherch­es mont­pel­liéraines ont mon­tré un lien entre le risque d’apparition d’effets sec­ondaires à long terme et le taux de mor­tal­ité de cer­taines cel­lules san­guines après irra­di­a­tion. Le taux obtenu à par­tir du prélève­ment est ensuite analysé via un mod­èle pré­dic­tif breveté inté­grant d’autres paramètres liés au traite­ment et à l’environnement du patient.

Des tests pour le can­cer de la prostate et du poumon sont actuelle­ment en cours de val­i­da­tion clinique.

POUR UN TEST FACILE À UTILISER

« Le test néces­site une sim­ple prise de sang, ce qui est non invasif pour les patients et facile à implé­menter en rou­tine clin­ique pour les cen­tres de traite­ment. Les résul­tats sont envoyés sous une semaine au médecin, ce qui ne retarde pas le début du traitement ».

Les tests per­me­t­tent au médecin et à sa patiente de dis­pos­er d’éléments rationnels pour décider ensem­ble des options thérapeu­tiques les plus appro­priées. Les tests répon­dent à un besoin majeur des médecins et non cou­vert à ce jour.

« En fonc­tion du risque de récidive et du risque de com­pli­ca­tions, le vol­ume et la tech­nique d’irradiation ou encore le nom­bre de séances pour­ront être adap­tés à la sen­si­bil­ité des patients.

NovaGray ouvre pour la pre­mière fois des pos­si­bil­ités de radio­thérapie per­son­nal­isée, “à la carte”. L’objectif est d’optimiser le traite­ment de 100 % des patients en évi­tant l’apparition d’effet sec­ondaire chez les patients les plus sen­si­bles et à l’inverse d’adopter des traite­ments plus agres­sifs ou rac­cour­cis chez les moins sensibles ».

LES RISQUES DES EFFETS SECONDAIRES

La radiothérapie est un traitement majeur du cancer. Plus d’un patient sur deux atteint d’un cancer en bénéficiera au cours de sa maladie, ce qui représente près de 7M de patients chaque année dans le monde. L’objectif de la radiothérapie est de détruire les cellules cancéreuses en les irradiant.
Bien que ciblant les cellules cancéreuses, les rayonnements touchent également les tissus sains autour du volume tumoral. Or, pour 10% des patients, cette irradiation non souhaitée des tissus sains est à l’origine d’effets secondaires lourds et irréversibles.
« A ce jour, les oncologues radiothérapeutes n’ont aucun moyen de savoir si un patient est à risque avant de commencer un traitement, ce qui est un problème majeur pour eux. Ils délivrent donc des traitements standardisés à l’ensemble de leurs patients, sans prendre en compte leur sensibilité individuelle », convient Clémence Franc.

ACTUELLEMENT EN COURS DE COMMERCIALISATION

Depuis sa créa­tion en octo­bre 2015, NovaGray a obtenu près de 350 k€ de finance­ments non-dilu­tifs via des con­cours d’innovation, notam­ment ceux du Min­istère de l’Éducation Nationale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (i‑Lab 2015, i‑Lab 2016).

« Nous lev­ons actuelle­ment 3 M€ afin d’amorcer la com­mer­cial­i­sa­tion du test pour le can­cer du sein en Europe et pour­suiv­re les développe­ments R&D sur les autres indi­ca­tions. Le test pour le can­cer de la prostate devrait être prêt d’ici mars 2018 ».

La société tra­vaille aujourd’hui main dans la main avec les sociétés savantes française et inter­na­tionale de radio­thérapie afin de dif­fuser son inno­va­tion. « Il faut que les médecins pren­nent l’habitude de pre­scrire le test avant le début de chaque radio­thérapie », note Clé­mence Franc.

« La ques­tion de la prise en charge, du rem­bourse­ment, sera cru­ciale afin de per­me­t­tre une adop­tion large et rapi­de du test », indique la Prési­dente. « Pour la France, indique-t-elle, nous avons déposé en octo­bre 2016 une demande de prise en charge déroga­toire du test pour le sein dont nous atten­dons les résul­tats d’ici l’été ».

POUR EN SAVOIR PLUS

La technologie développée par NovaGray est issue de 15 années de recherche menées à l’ICM (l’Institut du Cancer de Montpellier).
Les essais cliniques ont été financés par l’INCa (l’Institut National du Cancer) et labellisés par la SFRO (Société Française de Radiothérapie Oncologique).
NovaGray bénéficie d’un fort soutien de la région Occitanie, mais également d’un soutien national.

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