Naval Group

La défense navale, un monde à la croisée de l’innovation et de la passion

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°757 Septembre 2020
Par Alexis BLASSELLE (2004)

Les guer­res du futur seront large­ment influ­encées par ce que pour­ra offrir la tech­nolo­gie, telle est la per­cep­tion de Naval Group, entre­prise mon­di­ale qui mise sur l’innovation et des équipes pas­sion­nées pour anticiper les prochaines ten­dances du monde de la défense navale. Éclairage d’Alexis Blas­selle (2004), Archi­tecte Naval de Bâti­ments de Surface.

Le monde de la défense navale vit une transformation profonde depuis quelques années. Qu’observez-vous à ce niveau ? Quelles sont peut-être les tendances qui se démarquent ?

Le monde de la défense navale con­naît une évo­lu­tion rapi­de. Afin de ne pas subir ces trans­for­ma­tions, nos clients ont besoin de navires beau­coup plus poly­va­lents et adap­tat­ifs. À cela s’ajoute une aug­men­ta­tion des inno­va­tions tech­nologiques de rup­ture. Ce con­texte con­tribue à la dynami­sa­tion du secteur. Nous devons donc nous inscrire dans une veille tech­nologique de tous les instants et une démarche d’adaptation per­pétuelle pour pou­voir anticiper les prochaines ten­dances et les pro­pos­er en amont à nos clients. 

Nous obser­vons par exem­ple une forte aug­men­ta­tion du nom­bre de satel­lites, qui sont par­fois munis de radars. Ces senseurs d’un nou­veau type nous poussent à revoir notre façon de penser la furtiv­ité afin de pass­er à une approche tridimensionnelle.

En par­al­lèle, nous assis­tons à une hausse des nou­velles men­aces qui sont asymétriques, hyper­vélo­ces ou encore d’ordre cyber… et nous avons besoin de plus de résilience, pour réduire la vul­néra­bil­ité des navires. Nous tra­vail­lons ain­si davan­tage en force navale, avec des navires inter­con­nec­tés. L’informatique, l’algorithmique et l’intelligence arti­fi­cielle jouent donc un rôle de plus en plus cru­cial dans notre secteur.

Les nouvelles technologies sont donc amenées à jouer un rôle de plus en plus important dans votre industrie. Comment appréhendez-vous cette dimension au sein de Naval Group ?

En effet, nous leur accor­dons une impor­tance con­sid­érable. Comme dans de nom­breux domaines, nous nous inscrivons dans une dou­ble démarche : bot­tom up et top down, afin de voir ce qu’elles nous appor­tent tout en ques­tion­nant le besoin de per­for­mance. Il nous faut ensuite con­fron­ter ces nou­velles tech­nolo­gies au monde opéra­tionnel, car le domaine naval est un milieu extrême­ment con­traig­nant où le besoin de per­for­mance pure ne suf­fit pas. Il faut donc éval­uer rigoureuse­ment les amélio­ra­tions per­mis­es par un nou­veau sys­tème sur l’exécution des mis­sions. Dans ce cadre, nous échangeons aus­si beau­coup avec nos clients pour mieux appréhen­der et répon­dre à leurs deman­des opéra­tionnelles. Pour plus de per­for­mance, il nous faut vis­er l’excellence et nous remet­tre en ques­tion con­stam­ment. Pour des ingénieurs, c’est un défi pas­sion­nant à relever !

Quelles sont les technologies intéressent plus particulièrement Naval Group et pour quelles applications ?

L’opérationnel est tou­jours au cœur des tech­nolo­gies que nous con­sid­érons. Nous nous intéres­sons prin­ci­pale­ment à celles qui nous aident à répon­dre à la volon­té que peu­vent avoir les marins en opérations. 

Ces derniers ont besoin de pou­voir voir leurs enne­mis avant d’être vus, de détru­ire une men­ace et de dur­er à la mer. Nous nous intéres­sons par exem­ple aux matéri­aux com­pos­ites, qui per­me­t­tent d’améliorer la furtivité.

Par ailleurs, la néces­sité gran­dis­sante d’échanges et de com­mu­ni­ca­tions amenée par le tra­vail en force navale nous pousse à pren­dre davan­tage en con­sid­éra­tion les antennes planes inté­grées, qui ont beau­coup évolué récem­ment grâce à des avancées en physique des par­tic­ules et des ondes électromagnétiques.

Un autre exem­ple est bien enten­du l’intelligence arti­fi­cielle, en par­ti­c­uli­er pour l’aide à la déci­sion afin de décharg­er le marin de cer­taines tâch­es pour qu’il se con­sacre à celles à fortes valeurs ajoutées.

“Se projeter dans le contexte géopolitique, imaginer quels seront les ennemis de demain, les équilibres de pouvoir, les grandes puissances et les menaces… sont des missions que je trouve fascinantes.”

Quels sont les autres projets qui vous mobilisent à l’heure actuelle ?

Il s’agit générale­ment de pro­jets de con­cep­tion et de pro­duc­tion. Nous pou­vons citer par exem­ple, les sous-marins aus­traliens AFS, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins de nou­velle généra­tion, SNLE3G et le pro­gramme de sous-marins Bar­racu­da, les fré­gates de défense et d’intervention pour la marine française FDI ou encore les chas­seurs de mines.

Out­re ces pro­jets, nous inter­venons aus­si beau­coup pour faire du main­tien de flotte et pour y inté­gr­er de nou­veaux sys­tèmes. Ces ser­vices que nous four­nissons après la livrai­son des navires représen­tent une part impor­tante de nos activ­ités. C’est égale­ment l’une des par­tic­u­lar­ités de notre entre­prise. Naval Group inter­vient dès l’amont, depuis le moment où nous imag­i­nons le navire jusqu’au main­tien de la flotte en pas­sant par le chantier en pro­duc­tion pour la con­struc­tion du navire.

Pour ma part, mon rôle en tant qu’architecte naval con­siste à imag­in­er le navire du futur. Il s’agit d’un tra­vail de recherche et de développe­ment, que je trou­ve par­ti­c­ulière­ment pas­sion­nant. Se pro­jeter dans le con­texte géopoli­tique, imag­in­er quels seront les enne­mis de demain, les équili­bres de pou­voir, les grandes puis­sances et les men­aces… sont des mis­sions que je trou­ve fascinantes.

En parallèle, l’attractivité et la fidélisation des talents restent un enjeu de taille. Quelles sont les perspectives de carrière que peut offrir le monde de la défense navale aux polytechniciens ? 

Notre monde offre d’innombrables per­spec­tives de car­rières. D’une part, nous avons au sein du groupe tous les métiers tra­di­tion­nels d’une entreprise. 

D’autre part, nous avons des postes plus tech­niques directe­ment liés aux besoins des marins. 

La défense navale implique des domaines sci­en­tifiques extrême­ment poin­tus qui peu­vent con­venir à celles et ceux qui aiment jon­gler avec les mul­ti­ples facettes d’un pro­jet tout comme aux per­son­nes qui préfèrent se spé­cialis­er. Que ce soit un bâti­ment de sur­face ou un sous-marin, le navire mil­i­taire est un bâti­ment fasci­nant d’une com­plex­ité qui force le respect. Pour s’y aven­tur­er et y réus­sir, il faut avant tout être une per­son­ne pas­sion­née au ser­vice du collectif.


Pour en savoir plus

Site Inter­net de Naval Group

La fab­ri­ca­tion addi­tive dans le domaine naval, La Jaune et la Rouge n° 757, juin-juil­let 2020

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