finance à impact

Naturellement engagés en faveur de la finance à impact

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°786 Juin 2023
Par Cesare VITALI
Par Alix ROY

Entre­prise à mis­sion, Ecofi place la finance à impact au cœur de sa stratégie et de ses actions. En 2023, la société de ges­tion a fait le choix de s’engager de manière encore plus con­crète en matière de bio­di­ver­sité, ren­forçant ain­si sa poli­tique ISR. Cesare Vitali, Respon­s­able de l’ISR et Alix Roy, ana­lyste ESG chez Ecofi, nous en dis­ent plus.

En matière de finance durable, Ecofi a toujours été pionnier et précurseur. Qu’en est-il ?

Cesare Vitali : Ecofi est la société de ges­tion du Groupe Crédit Coopératif, la banque de l’économie sociale et sol­idaire depuis 130 ans. Elle fait égale­ment par­tie du Groupe BPCE. Aujourd’hui, sur le marché, nous sommes un acteur pio­nnier et leader sur la finance à impact, que ce soit en ter­mes d’investissement sociale­ment respon­s­able (ISR), de poli­tique d’engagement, de finance­ment des entre­pris­es sol­idaires ou de fonds thé­ma­tiques de développe­ment durable. Une vision trans­ver­sale de l’impact !

En juin 2020, Ecofi est dev­enue la pre­mière entre­prise à mis­sion française du monde de la ges­tion. C’est une manière con­crète d’affirmer nos con­vic­tions et nos engage­ments, et aus­si de les péren­nis­er. Pour nous, c’est essen­tiel que les investisse­ments allient per­for­mance finan­cière et respect de l’Homme et de la Planète. C’est notre rai­son d’être.

Comment cela se traduit-il en matière d’investissement ?

C.V : Nous appliquons à la total­ité de notre gamme de fonds ouverts* et sur une très large majorité de notre gamme de fonds fer­més un fil­tre ISR exigeant. Nous exclu­ons ain­si de nos porte­feuilles les sociétés qui opèrent dans les éner­gies fos­siles non-con­ven­tion­nelles, le char­bon, les jeux d’argent, le tabac, les pes­ti­cides ou qui sont implan­tées dans des par­adis fis­caux.… On exclue aus­si les sociétés qui sont mal notées d’un point de vue envi­ron­nemen­tal, social et de gou­ver­nance (ESG), ain­si que celles qui sont impliquées dans des con­tro­ver­s­es, soit des évène­ments majeurs à impact négatif.

“Nous avons aussi la particularité d’avoir une politique d’engagement actionnarial. ”

Plus par­ti­c­ulière­ment, sur les fonds avec l’intensité la plus forte, nous pou­vons exclure jusqu’à 60 % de l’univers. Ces fil­tres sont bien évidem­ment respec­tés par nos gérants, en amont de l’analyse finan­cière, et nous avons mis en place des con­trôles internes à trois niveaux.

Dans le monde de la ges­tion, nous avons aus­si la par­tic­u­lar­ité d’avoir une poli­tique d’engagement action­nar­i­al – vote et dia­logue – très active. L’objectif est d’influencer les poli­tiques RSE des sociétés dans lesquelles nous investis­sons et de chal­lenger leur man­age­ment sur les enjeux envi­ron­nemen­taux, soci­aux et de gou­ver­nance comme la respon­s­abil­ité fis­cale, le change­ment cli­ma­tique, les droits de l’Homme…

Par exem­ple, nous avons une moyenne de votes d’opposition aux réso­lu­tions pro­posées par les sociétés de 42 %, con­tre une moyenne de nos con­cur­rents de 20 %**. Nous avons égale­ment une démarche de sou­tien sys­té­ma­tique aux réso­lu­tions des action­naires minori­taires por­tant sur des sujets liés à l’ESG, en lien avec plusieurs asso­ci­a­tions et ini­tia­tives d’investisseurs, comme les Principes pour l’Investissement Respon­s­able des Nations-Unies, ou encore le Car­bon Dis­clo­sure Project (CDP). En par­al­lèle, nous deman­dons aux sociétés dans lesquelles nous investis­sons de pub­li­er des poli­tiques cli­mat ambitieuses, mais aus­si des rap­ports sur la par­ité dans leur organ­i­sa­tion, ain­si que de met­tre en pra­tique des poli­tiques sociales tou­jours plus poussées.

“Nous investissons dans plus de 80 entreprises à forte plus-value sociale ou environnementale.”

Côté sol­idaire, nous investis­sons dans plus de 80 entre­pris­es à forte plus-val­ue sociale ou envi­ron­nemen­tale, qui agis­sent pour la planète, pour la sol­i­dar­ité inter­na­tionale, pour une société plus juste ou pour entre­pren­dre autrement.
Au sein d’Ecofi, mon équipe est en charge de déploy­er l’ensemble de ces actions et ini­tia­tives. Elle tra­vaille aus­si sur l’ensemble des sujets liés à l’analyse ESG, ou encore aux labels ISR, Green­Fin… Selon notre proces­sus, 100 % de notre gamme de fonds ouverts est ISR*. Par­mi cette gamme, nous avons présen­té 12 fonds au Label ISR d’État qui l’ont obtenu. De plus, notre fonds Ecofi Agir pour le Cli­mat est actuelle­ment le seul fonds français qui dis­pose d’une triple label­li­sa­tion : ISR, Green­Fin pour la par­tie thé­ma­tique sur la tran­si­tion écologique et énergé­tique et Finan­sol pour l’approche solidaire.

Pour cha­cun de nos porte­feuilles, nous réal­isons un report­ing men­su­el d’impact qui prend en compte dif­férents indi­ca­teurs envi­ron­nemen­taux (inten­sité et empreinte car­bone en inté­grant les émis­sions scope 1, 2, 3), soci­aux (créa­tion d’emplois, par­ité…) et de gou­ver­nance (partage de la valeur créée…). Nous sommes atten­tifs à la trans­parence des infor­ma­tions, avec l’intégration du report­ing extra-financier dans le report­ing financier.

Parmi vos engagements, vous vous mobilisez aussi en faveur de la biodiversité. Qu’en est-il ?

Alix Roy : En matière de bio­di­ver­sité, l’enjeu est d’intégrer cette dimen­sion dans notre démarche ISR. Dans cette logique, nous exclu­ons tous les secteurs qui représen­tent un risque à ce niveau. Il s’agit notam­ment des entre­pris­es qui sont posi­tion­nées dans les éner­gies fos­siles clas­siques et non-con­ven­tion­nelles (sable bitu­mineux, gaz de schiste, for­ages très pro­fonds et/ou en Arc­tique…) ou qui opèrent dans le domaine des pes­ti­cides. Dans le cadre des notes ESG que nous attribuons aux entre­pris­es, nous prenons notam­ment en compte les poli­tiques mis­es en place par les sociétés en matière de bio­di­ver­sité afin de voir com­ment elles intè­grent cet enjeu dans leur stratégie et leur report­ing. Enfin, Ecofi exclut les sociétés qui sont impliquées dans des con­tro­ver­s­es graves – soit des évène­ments ESG à impact négatif – liées à la biodiversité.

“En matière de biodiversité, l’enjeu est d’intégrer cette dimension dans notre démarche ISR. ”

Aujourd’hui, nous fran­chissons un nou­veau cap dans notre engage­ment en faveur de la bio­di­ver­sité en lançant pour la pre­mière fois une cam­pagne spé­ci­fique. Dans ce cadre, nous allons adress­er un ques­tion­naire aux entre­pris­es les plus exposées et les plus touchées par le risque de bio­di­ver­sité en nous bas­ant sur dif­férents critères. Pour cette pre­mière édi­tion, nous visons une ving­taine d’entreprises, mais à plus long terme nous ambi­tion­nons d’étendre notre périmètre et même d’inviter d’autres investis­seurs à con­tribuer à nos analy­ses et réflex­ions en fonc­tion de leurs détentions.
Enfin, à ce stade, nous envis­ageons de pub­li­er les résul­tats de cette cam­pagne et leur analyse dans notre prochain Rap­port d’engagement annuel.

Sur ces enjeux, quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?

C.V : Sur un plan régle­men­taire, fin 2022, nous avons, à l’instar des autres sociétés de ges­tion, mis en place notre déf­i­ni­tion de l’investissement durable afin d’être en con­for­mité avec la régle­men­ta­tion SFDR. Notre déf­i­ni­tion est publique et acces­si­ble sur notre site web. Nous avons ain­si reclassé nos porte­feuilles rel­e­vant des arti­cles 8 et 9. Nous avons aug­men­té le nom­bre de fonds rel­e­vant de l’article 9 par rap­port au précé­dent classe­ment. Ces fonds investis­sent 100 % de leurs act­ifs (hors cou­ver­ture et liq­uid­ités) dans des sociétés qui respectent notre nou­velle déf­i­ni­tion d’investissement durable. Pour les fonds rel­e­vant de l’article 8, nous avons fixé un seuil sup­plé­men­taire, au-delà de la régle­men­ta­tion : un min­i­mum de 25 % de leurs act­ifs doit être investi dans des sociétés qui respectent notre nou­velle définition.

“Fin 2022, nous avons, à l’instar des autres sociétés de gestion, mis en place notre définition de l’investissement durable.”

Nous avons aus­si tra­vail­lé sur l’optimisation de nos report­ings d’impact et avons notam­ment inté­gré des indi­ca­teurs spé­ci­fiques au regard de la tax­onomie des activ­ités vertes de l’Union européenne. Nous venons égale­ment de finalis­er l’alignement de nos porte­feuilles avec les Objec­tifs de Développe­ment Durable (ODD) des Nations-Unies. En effet, en 2022, nous avions mis en place un groupe de tra­vail pour dévelop­per une méthodolo­gie rigoureuse afin de cal­culer l’alignement de nos porte­feuilles avec les 17 ODD.

Nous avons, en par­al­lèle, sélec­tion­né cinq ODD à inté­gr­er dans les report­ings de nos porte­feuilles. Ces infor­ma­tions sont d’ailleurs acces­si­bles dans les derniers report­ings d’impact de nos porte­feuilles. Ces report­ings visent à fournir à nos clients un niveau de trans­parence plus impor­tant sur les impacts extra-financiers de leurs pro­duits financiers. Ils pren­nent la forme de report­ings inté­grés qui com­bi­nent des infor­ma­tions finan­cières clas­siques ain­si que tout un volet con­sacré à la dimen­sion ESG avec un focus sur les indi­ca­teurs d’impact.

Dès cette année, nous avons pour ambi­tion d’y inté­gr­er égale­ment des indi­ca­teurs quan­ti­tat­ifs sur la bio­di­ver­sité. Tou­jours en matière de bio­di­ver­sité, nous avons égale­ment des straté­gies de moyen et long terme en cohérence avec les objec­tifs inter­na­tionaux de préser­va­tion de la bio­di­ver­sité. Comme men­tion­né dans notre Rap­port Arti­cle 29, Ecofi s’engage notam­ment à mesur­er son empreinte bio­di­ver­sité d’ici mars 2025 avec des indi­ca­teurs quan­ti­tat­ifs. Et nous tra­vail­lons d’ores et déjà sur la méthodolo­gie que nous allons utilis­er dans ce cadre.

Vos engagements en termes d’investissement sont-ils appliqués en interne ?

C.V : Oui tout à fait. Nos objec­tifs RSE sont en lien direct avec notre statut d’entreprise à mis­sion. Au-delà de notre gamme de fonds à impact, nous avons aus­si de forts engage­ments RSE en interne. Nous cal­cu­lons notre bilan car­bone, nous veil­lons à l’alignement de nos actes… En par­al­lèle, pour chaque objec­tif, nous avons des indi­ca­teurs con­crets que nous suiv­ons et que nous renou­velons en fonc­tion de nos accom­plisse­ments. En tant qu’entreprise à mis­sion, nos objec­tifs sont inscrits dans nos statuts et sont audités par des tiers externes et indépen­dants. C’est essen­tiel pour une finance durable !


* (*) 100 % ISR selon la méthodolo­gie d’ECOFI (hormis 2 fonds indexés). 12 OPC ont aus­si obtenu le Label ISR d’Etat.
** Source : AFG rap­port 2022

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