Michel Henry

Michel Henry (53) un industriel au service de l’emballage

Dossier : TrajectoiresMagazine N°755 Mai 2020Par Jean-Pierre HENRY (65)

Issu d’une famille d’X, Michel Hen­ry, ingénieur en chef de l’Armement (CR), est décédé le 20 mars dernier. Il a mené une car­rière au ser­vice de l’industrie française et accom­pa­g­né son évo­lu­tion, du famil­ial au multinational.

Né en 1933, il fait ses études sec­ondaires au lycée Pas­teur de Neuil­ly, et pré­pare l’X à Jan­son puis à Ginette. Sor­ti dans le corps de l’Armement, son ser­vice dans l’artillerie le mène à Châlons-sur-Marne, en Sarre et en Algérie. Il est ensuite affec­té de 1958 à 1960 à la Man­u­fac­ture d’armes de Saint-Éti­enne (MAS) où il tra­vaille sur le per­fec­tion­nement des armes légères. Simul­tané­ment, il obtient avec suc­cès sa maîtrise de droit et sci­ences économiques, tout en étant mar­ié et père de famille. Après un pas­sage au Ser­vice cen­tral des com­man­des (« cen­trale d’achat » de l’Armement), il par­ticipe à la créa­tion de la Délé­ga­tion min­istérielle pour l’armement.

De l’armement à l’emballage

En 1962, il quitte le ser­vice de l’État et rejoint les étab­lisse­ments français et famil­i­aux J.J. Car­naud et Forges de Basse-Indre. Il con­tribuera pen­dant 33 ans à leur évo­lu­tion, pas­sant de la cam­pagne nan­taise à Brux­elles, des tôles en fer-blanc au « packaging ».

À la divi­sion métal­lurgie, il tra­vaille à Nantes où il instru­it dès 1969 la déci­sion d’investissement dans un laminoir tan­dem 5 cages. Ses ren­con­tres avec des con­frères européens, améri­cains et japon­ais pro­duc­teurs de fer-blanc, empor­tent sa con­vic­tion. Le laminoir est mis en route en 1972. C’est un réel suc­cès en cette péri­ode dif­fi­cile pour la sidérurgie française. Il grav­it les éch­e­lons de cette forge et en devient l’administrateur directeur général. Entre-temps, il est élu admin­is­tra­teur de l’Uppia (Union inter­pro­fes­sion­nelle pour la pro­mo­tion des indus­tries de la con­serve appertisée).

Il passe en 1982 à l’emballage, au sein de Car­naud Développe­ment Indus­triel. L’arrivée de Jean-Marie Descar­pen­tries à la prési­dence de Car­naud le mobilise dans la trans­for­ma­tion de la société. Il est chargé de réor­gan­is­er deux usines dev­enues redon­dantes, à Béziers et à Tarbes, mis­sion dif­fi­cile dont il gardera un sou­venir éprou­vant. Il con­tribue ensuite au recen­trage de Car­naud sur les métiers de l’emballage et repère notam­ment une PME per­for­mante, Astra Plas­tique, pour lancer Car­naud dans les activ­ités de bouchage, ce qui fut un suc­cès durable.

En 1991, Car­naud fusionne avec le bri­tan­nique Met­al Box, pour for­mer CMB Pack­ag­ing. Le siège démé­nage à Brux­elles, l’anglais devient la langue de la direc­tion. Il est nom­mé directeur délégué à la direc­tion générale du groupe, secré­taire du con­seil d’administration et du comité exé­cu­tif avec des respon­s­abil­ités sur l’environnement, la stratégie et les acqui­si­tions. Michel Hen­ry était fier du car­ac­tère uni­versel de l’emballage et de son rôle comme ultime con­tact avec le con­som­ma­teur. Il était pas­sion­né par son méti­er, féru de prospec­tive et d’innovation. En 1995, il prend sa retraite après le rachat de CMB Pack­ag­ing par l’américain Crown Cork & Seal.

Un engagement associatif fort 

Il se con­sacre alors à de mul­ti­ples activ­ités asso­cia­tives, avec une prédilec­tion pour l’environnement et l’enseignement : au ser­vice de l’École poly­tech­nique (Fon­da­tion de l’X, comité édi­to­r­i­al de La Jaune et la Rouge), au con­seil de l’Université Paris Nan­terre et à celui de l’Institut de l’entreprise, prési­dent de la com­mis­sion envi­ron­nement du Syn­di­cat nation­al des fab­ri­cants de boîtes métalliques, au Rotary Club Paris-Ouest, au développe­ment de l’AUAN (Asso­ci­a­tion uni­ver­si­taire et artis­tique de Neuil­ly). Il y apporte une grande écoute des autres et sa capac­ité à se pas­sion­ner pour un sujet. Il pou­vait aus­si bien écrire un Que sais-je ? de référence sur l’emballage, qu’une biogra­phie de San­tos-Dumont ou un arti­cle sur les sen­tiers de la forêt de Fontainebleau. Per­son­nal­ité rigoureuse et intè­gre, grand lecteur, il était aus­si très atten­tif à sa famille.

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