Madame Monge

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°623 Mars 2007Par : François PairaultRédacteur : Jean Langlet, président de l’Association Les Amis de l’Ardenne

La vie de cette Arden­naise, née Marie-Cathe­rine Huart, n’avait jamais été évo­quée. En deve­nant l’épouse de Gas­pard Monge, le fon­da­teur de l’École poly­tech­nique, elle connut un des­tin excep­tion­nel grâce à la fabu­leuse car­rière par­cou­rue par son mari sous la Révo­lu­tion et plus encore sous l’Empire.

Cette épouse exem­plaire, mère et grand-mère remar­quable, ne se conten­ta pas de vivre dans l’ombre de son époux ; elle se révé­la une femme d’affaires éton­nante, sachant gérer les biens et assu­rer la for­tune de sa famille. Adepte fer­vente et pas­sion­née des idées nou­velles et des grandes liber­tés adop­tées par la Révo­lu­tion, cette fémi­niste avant la lettre fut véri­ta­ble­ment la conscience poli­tique du ménage.

À la Res­tau­ra­tion et après la mort de Monge, en 1818, la com­tesse de Péluse affron­ta avec fer­me­té et cou­rage son des­tin et elle se fit la gar­dienne des idéaux révo­lu­tion­naires, entre­te­nant le flam­beau de l’Empire dans la socié­té pari­sienne, à l’instar des vieux gro­gnards de Napo­léon. Per­sua­dée que la Révo­lu­tion revien­drait un jour, que le souffle de 1789 empor­te­rait de nou­veau la France parce que le pou­voir monar­chique ne pou­vait s’opposer au mécon­ten­te­ment gran­dis­sant de l’opinion et à l’évolution de la socié­té fran­çaise, elle entre­tint cet espoir autour d’elle jusqu’à sa mort, en février 1846, à l’âge de 99 ans.

Deux ans presque jour pour jour après son décès, la révo­lu­tion de 1848 fit dis­pa­raître à jamais les familles régnantes de France et assu­ra le triomphe des idées démo­cra­tiques ; quelques mois plus tard, le retour d’un Bona­parte à la tête de l’État lui serait appa­ru comme l’heureuse conclu­sion du com­bat mené par son mari durant toute sa vie.

F. Pai­rault est éga­le­ment l’auteur d’une bio­gra­phie : Gas­pard Monge, le fon­da­teur de l’École poly­tech­nique, édi­tions Tal­lan­dier, 2000. Quelques exem­plaires res­tent dis­po­nibles à l’adresse ci-dessus.

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